Les années 1980 résonnent en France comme un tournant à la fois artistique, social
et politique, de l’élection de François Mitterrand en 1981 à la chute du mur de Berlin
en 1989.
La décennie est marquée par une hétérogénéité dans le domaine de la création : styles,
références et démarches se côtoient et se superposent en un grand kaléidoscope aux
images hétéroclites.
Ces années protéiformes et ambivalentes voient émerger des designers qui réinventent
leur domaine dans un contexte propice à la liberté d’expression, notamment grâce
à l’ouverture de galeries, peu nombreuses jusque-là, et qui défendent le mobilier d’avant-garde.
Le meuble se libère ; il n’a plus seulement une vocation sociale placée sous
la dualité « forme et fonction », comme l’ont défini les pionniers du modernisme, mais
il devient « sens, forme et fonction ».
La mode de la décennie est, elle, marquée par la diffusion du prêt-à-porter qui touche
l’ensemble de la société et remplace le statut de couturier par celui de créateur. Le look
n’est plus l’apanage de tendances saisonnières mais devient l’expression des langages
personnels que toutes les silhouettes peuvent revendiquer.
Dans le domaine de la publicité et du design graphique, les années 1980 amorcent
le départ de la communication visuelle globale dans lequel, désormais et jusqu’à
aujourd’hui, le monde et notre société ne cessent de se construire et d’évoluer.
La libéralisation des médias et la multiplication des radios et des chaînes de télévision
opérées dès le premier mandat de Mitterrand en constituent le terrain fertile. Le paysage
français de la communication visuelle se partage alors entre le marketing grandissant des
agences de publicité et le graphisme d’utilité publique.
Cette rencontre des Arts Décoratifs s’inscrira dans une perspective très large, ouverte
à toutes les disciplines (histoire de l’art, histoire, sociologie, études visuelles, etc.)
et explorera comme territoires la France mais aussi la scène internationale.
Les grands thèmes de l’exposition « Années 80. Mode, design et graphisme en France »,
reflétant ce grand carambolage des idées et des formes, constitueront des axes
de réflexion pour les propositions d’intervention. Ces dernières pourront être des
analyses de cas d’études (acteurs, projets forts et emblématiques) ou des points de vue
plus globaux, distanciés et critiques envisageant :
• la politique culturelle : reconnaissance patrimoniale de domaines jusque-là peu
considérés (design, mode, graphisme, publicité, architecture, architecture d’intérieur,
spectacles, danse, musique).
• la transdisciplinarité : le développement de ces disciplines par le dialogue et les
échanges mutuels.
• les post-modernismes : rapport à l’histoire et aux nouvelles technologies, à l’identité,
vision internationale, question de définitions.
Les propositions d’intervention d’environ 2500-5000 signes (espaces compris), ainsi
qu’une bio-bibliographie sont à envoyer avant le 27 juin 2022 aux adresses suivantes :
• estelle.thibault@paris-belleville.archi.fr
• jeremie.cerman@sorbonne-universite.fr
• sebastien.quequet@madparis.fr