L’importance des écoles

Ce sont les armuriers et les fabricants d’épée, rompus au travail du métal, qui créent les gardes de sabres mais au fur et à mesure des siècles et surtout à partir du XVIe siècle, certains se spécialisent dans la réalisation de tsuba et leurs noms, jusque-là inconnus, commencent à apparaître sur leurs créations. Les artisans se séparent alors plus distinctement en écoles qui se maintiennent pour la plupart jusqu’au XIXe siècle. Les maîtres transmettent donc leur savoir et leur maîtrise à des disciples qui perpétuent les techniques traditionnelles de métallurgie, qu’ils restent dans leur école de formation, qu’ils fondent une nouvelle branche ou leur propre atelier.

C’est aussi grâce au patronage des seigneurs que les forgerons peuvent créer autant de gardes de sabre. En effet, le tsuba devient un élément d’ornementation, puisque les conflits qui ravageaient le pays ont pris fin, et un grand soin leur est accordé. Les artisans rivalisent donc d’imagination pour fabriquer des pièces qu’ils souhaitent uniques et les écoles tentent de se distinguer par les formes, les motifs, les alliages utilisés.

La signature, élément distinctif et informatif

La signature est le premier indicateur, le plus évident, sur l’identité de l’artiste qui a fabriqué un objet. Elle n’apparaît pourtant que rarement sur les gardes de sabre d’avant 1700. Par la suite, elle se fait plus fréquente mais pas systématique. La signature est incisée sur la partie centrale de la garde, écrite à la verticale et lue à la japonaise, de droite à gauche, si elle prend plus d’un côté du trou de la lame ; elle peut être gravée sur n’importe quelle face.

La signature la plus simple se compose du prénom de l’artiste et de termes similaires au « fecit » latin : saku (faire), kore wo saku (faire cela), tsukuru (faire), entre autres. Cependant, la signature peut aussi contenir d’autres informations comme le nom de l’artiste (souvent le nom de l’école à laquelle il appartient), le lieu de création (province et, parfois, ville) ou exceptionnellement une date. Plus rare encore, l’âge de l’artisan peut être mentionné. Il arrive également que la signature soit accompagnée ou remplacée par un sceau qui, quand la signature est difficile à lire, peut aider à l’identification.

Ainsi, la signature est un élément-clé de la reconnaissance d’un fabricant. Même peu précise, elle apporte, pour leurs possesseurs, une sorte de prestige et des renseignements essentiels.

Les différentes écoles de la période Edo

À la période Edo (1615 – 1868), il existe une trentaine d’écoles qui ont fabriqué des gardes de sabre. Avant cette date, il existe toutefois quelques écoles. La collection du musée des Arts décoratifs permet d’illustrer les réalisations d’une quinzaine d’entre elles.

L’une des plus anciennes et reconnues est l’école Umetada dont les maîtres et disciples sont considérés comme les meilleurs fabricants d’épées de leur époque. Le style habituel de leurs tsuba est une combinaison ciseler/incruster, tous les métaux et alliages étant utilisés.

L’école Hirata est connue quant à elle pour sa spécialisation dans la technique du cloisonné, les émaux étant généralement entourés de cloisons d’or, elles-mêmes incrustées dans du fer, du shakudô ou autres métaux.

Suite à l’arrivée des Européens au Japon, à partir du XVIe siècle, les gardes de sabre dites nanban, du terme signifiant « barbares du Sud », trouvent leur inspiration dans les techniques et dessins européens. Leurs caractéristiques les plus notables sont un bord « perlé » et l’enchevêtrement d’arabesques ciselées souvent accompagnées de dragons, d’oiseaux ou de fleurs en symétrie.

Les écoles de Chôshû, Nara et Hikone sont elles aussi à l’origine d’une grande partie de la production de gardes de sabre. Ainsi, si toutes les écoles de métallurgie travaillent les mêmes matériaux, beaucoup se distinguent par l’utilisation qu’elles en font mais surtout par un élément particulièrement spécifique et significatif : la signature.

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