Manufacture de l’Autruche (attrib. à), Plat à ombilic, Nevers, vers 1660

Manufacture de l’Autruche (attrib. à), Plat à ombilic, Nevers, vers 1660

Faïence, émail stannifère, décor de grand feu
H. 6,7 ; L. 50,2 ; l. 41,3 cm
Achat, 1887
Inv. 3952
© Les Arts Décoratifs / photo : Jean Tholance

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Nevers devint le principal centre faïencier français pendant la première moitié du XVIIe siècle, succédant aux ateliers lyonnais et rouennais du siècle précédent. Cette réussite était incontestablement due au mécénat des ducs de Nevers, princes de la famille de Gonzague ayant hérité du duché par le mariage de Louis de Gonzague avec Henriette de Clèves en 1565. Ils favorisèrent la venue à Nevers de nombreux artistes et artisans italiens, parmi lesquels des céramistes originaires de Ligurie comme les Conrade, dont un membre est attesté dans la ville dès 1578, ou de Faenza, comme le peintre faïencier Jules Gambin. Profitant de la proximité de sable de grande qualité et d’un important réseau de voies d’eau, la production faïencière se développa rapidement, si bien qu’à la fin du règne de Louis XIII la ville comptait huit manufactures dont celle de l’Autruche, fondée en 1619. La forme ovale ramassée de ce grand plat est directement inspirée de l’orfèvrerie, comme la moulure de godrons que le peintre a rendue par un jeu de hachures. Le profil de la pièce, présentant une large aile plate, un marli évasé et un ombilic central développé, est souligné par la composition peinte divisée en trois registres, où sont disposés le même répertoire de fleurs et d’oiseaux rapidement brossés. Croisant les influences italiennes, les décorateurs nivernais ont su créer des décors originaux au premier rang desquels ce que l’on a appelé au XIXe siècle le décor persan, qui combine deux idées transalpines : le décor de semis « à la manière de Savone », pratiqué en Ligurie, où plantes et animaux variés sont disposés sans souci d’échelle en une composition tapissant l’ensemble de la pièce ; et le fond bleu a berettino, mis au point à Faenza dès le début du XVIe siècle, sur lequel se détachent des motifs peints en blanc fixe, c’est-à-dire en blanc opaque. Ce très grand plat en est l’une des expressions les plus abouties : le décor de semis s’est assagi en une composition ordonnée de fleurs et d’oiseaux, adaptée aux contours de la pièce. La qualité remarquable de l’émail bleu est alors inégalée en Europe et le succès de cette technique de décor fut durable. Les faïenciers nivernais n’ont pas hésité à rehausser parfois le blanc fixe de touches de jaune opaque, ni, vers la fin du siècle, à substituer aux compositions florales des scènes d’inspiration chinoise en accord avec l’évolution du goût.

B. R. Un temps d’exubérance. Les arts décoratifs sous Louis XIII et Anne d’Autriche, catalogue d’exposition, Grand Palais, Paris, Réunion des musées nationaux, 2002, p. 361, fig. 1.

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