De novembre 2014 à novembre 2015, l’artiste Michel Paysant est accueilli en résidence au Musée des Arts Décoratifs. Cette résidence qui s’inscrit dans un cadre large, ouvert, pluriel et pluridisciplinaire en terme de pratiques, de mediums et de genres, a pour but de redonner à voir la collection, d’amplifier le regard et l’écoute, les sens et les sensations du visiteur devant les œuvres.

Dans ce cadre, l’artiste se définit comme un passeur dont la mission est d’imaginer et de mettre en place, à travers des univers différents, une série d’événements au sein du musée : installations, ateliers, laboratoires, … Ces événements ont pour objectif commun de renvoyer le visiteur devant les œuvres originales et de développer ainsi chez lui une vision nouvelle (le regard augmenté).

Qu’ils soient classiques, expérimentaux ou innovants, il s’agira de questionner les modes de perception des œuvres et de les comprendre au sens étymologique – c’est à dire, de saisir leur sens mais aussi de les intégrer dans un ensemble (la collection, le monde).

Résidence menée grâce au mécénat de la Fondation Bettencourt Schueller

Biographie

Spécialisé dans les projets de recherche entre art et science, Michel Paysant est un artiste polyvalent qui s’intéresse tout particulièrement aux pratiques collaboratives ou plutôt coopératives dans l’art. Il crée depuis de nombreuses années des installations conçues comme des dispositifs polymorphes dans lesquelles il établit des passerelles entre art, artisanat, science, techniques, nouvelles et très hautes technologies (la série des Inventariums, Nusquam…).

Passionné de dessin classique et expérimental, Michel Paysant développe des projets de recherche avec des équipes de scientifiques (le projet DALY / Dessiner avec les yeux en sciences cognitives, le projet OnLAB en nanotechnologies…) mais aussi des projets de recherche liés aux techniques traditionnelles (la technique du verre dans le projet PTPM / Pensée Technique, Pensée Magique, le tressage dans le projet Basket Case…).

Dans le projet DALY, l’artiste expérimente depuis plus d’une dizaine d’années à l’aide d’un eyetracker - un oculomètre en français - toutes les possibilités de l’œil-outil : pour dessiner, peindre, écrire, sculpter ou encore, écrire et composer de la musique avec le mouvement des yeux.

Au confluent de tous ces territoires, OnLAB (le laboratoire d’œuvres nouvelles) est un projet de recherche qui a permis la création très innovante d’œuvres d’art à l’échelle nanoscopique (quelques millionièmes de millimètre) et microscopique. Les œuvres réalisées en collaboration avec des chercheurs du Laboratoire de Photonique et de Nanostructures du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) sont de véritables premières artistiques et scientifiques.

En relation depuis plusieurs années avec le Centre International d’Art Verrier de Meisenthal, le projet PTPM / Pensée technique, pensée magique a pour but, dans une dimension à la fois créative et conservatoire, la transmission des savoirs et le développement de nouvelles méthodologies de travail en liant les techniques du verre au numérique (création d’une moulothèque virtuelle, établissement d’une ‘mémoire prospective’ entre patrimoine et territoire…).

Démarré au printemps de cette année, le projet Basket Case (localisé à Harare au Zimbabwe) est une réflexion qui a pour ambition de présenter de nouvelles formes de créations issues de la rencontre entre les approches et processus créatifs des artistes et designers, et les savoir-faire traditionnels des tisserandes. En plus de sa dimension artistique, Basket Case a pour but militant de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des artisans locaux.

Ouvertes, poétiques, polyphoniques et polysémiques, l’objectif de ses installations est d’organiser un dialogue croisé entre le monde de l’art et les mondes environnants - en réfléchissant à l’organisation de dispositifs techno-esthétiques.

Michel Paysant expose depuis 30 ans dans des musées (Centre Pompidou, Musée du Louvre, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, Centraal Museum d’Utrecht, Zentrum Paul Klee de Berne, MUDAM de Luxembourg, Galleria d’Arte Moderna de Bologne, Museo Nacional de Artes Visuales de Montevideo, Dadu Museum de Pékin, National Gallery of Zimbabwe de Harare…), des centres d’art (Brooklyn Bridge Space/Creative Time / New York, Mercer Union / Toronto, Bétonsalon / Paris, la Synagogue de Delme…) et des galeries.

Portrait Factory
Du 20 au 25 octobre 2015

À l’occasion de la FIAC 2015, l’artiste Michel Paysant invite les visiteurs du Musée des Arts Décoratifs à découvrir son travail, du 20 au 25 octobre, le temps d’une séance de portraits.

Eyedrawing, 240" Autoportrait
Eyedrawing, 240" Autoportrait
© Michel Paysant

Tous les après-midis, de 13h à 16h30, les visiteurs pourront assister à la réalisation de portraits le temps d’une pose bien particulière. À la croisée entre art et science, le travail de Michel Paysant expérimente un procédé issu de la science : le « Eye Tracking ». Cette technologie de pointe, généralement réservée au cadre médical et à des études de marketing, est ici appliquée à son œuvre pour réinterpréter l’art du portrait.

Depuis plus d’une dizaine d’années, l’artiste explore toutes les possibilités optiques de l’œil, mises en puissance grâce au procédé offert par l’oculomètre [Eye Tracker]. Ce dernier est utilisé pour dessiner, peindre, écrire ou encore sculpter. Grâce à cette technique, Paysant retranscrit le mouvement de ses yeux sur un écran. Dans ce dispositif, le regard de l’artiste, matérialisé en une ligne continue, va dessiner les particularités du visage puis apparaître sur le papier.

L’Œil diapason (Revoir Giraud) / Table à dessein (Revoir Mallet-Stevens)

Ces projets sont réalisés en collaboration avec l’architecte Olivier Herbez et la société Tobii.

L’ŒIL DIAPASON (REVOIR GIRAUD)

L’Œil diapason (Revoir Giraud)

L’Œil Diapason est un film conçu à partir de captations oculaires réalisées sur une œuvre de la collection du musée : La véranda de la Princesse Mathilde dans l’hôtel de la rue de Courcelles du peintre Sébastien-Charles Giraud (1864).

« La Véranda de la princesse Mathilde dans l'hôtel de la rue de Courcelles », Sébastien Charles Giraud (1819-1892)
«  La Véranda de la princesse Mathilde dans l’hôtel de la rue de Courcelles  », Sébastien Charles Giraud (1819-1892)
Inv. 36323
© MAD, Paris / photo : Jean Tholance

À l’aide d’un eyetracker (un oculomètre en français), l’artiste a enregistré le parcours de son œil sur la toile, puis a demandé au compositeur Siegfried Canto de sonoriser ce parcours oculaire. Comme si l’œil, en regardant cette peinture, la redessinait musicalement. Comme si son mouvement était comparable à celui d’un chef d’orchestre. L’œil se pose ainsi sur les objets constituants de la toile et vient les faire résonner, les faire tinter. Un mélange de sons intérieurs (le ressenti du regardeur) et extérieurs (le musée, le laboratoire), de touches concrètes et de résonances électroacoustiques.

Une totale redécouverte de l’œuvre par le son. Une manière de la redonner à voir.

Ce film ‘manifeste’ composé de 3 parties où l’œil est tour à tour un crayon, un diapason et un instrument de musique, est une œuvre tournée vers le futur proche. Un futur où l’œil supplantera le tactile.

TABLE À DESSEIN (REVOIR MALLET-STEVENS)

Pour cette série de dessins expérimentaux, Michel Paysant a réalisé des captures oculométriques (eyetracking) en phase de « rêve éveillé » sur une œuvre de la collection du musée : le plateau de la table à dessin du bureau de Robert Mallet-Stevens (1886-1945).

Table à dessin de Robert Mallet-Stevens (1886-1945)
Table à dessin de Robert Mallet-Stevens (1886-1945)

Le plateau de la table à dessin (en bois) apparaît ici comme un objet de mémoire. Un espace de projection d’idées. Elle devient par là devient table à dess(e)in.

Le processus de contemplation peut être comparable à celui des pierres de rêve (ou pierres à image). Le processus interroge la manière dont nous nous oublions en images mentales, en méditation, en cinéma intérieur lorsque nous dessinons, écrivons, conceptualisons, formalisons un projet devant notre table de travail.

Les dessins font apparaître des constellations de points qui correspondent à autant de points de fixation des yeux sur le support. Des constellations qui renvoient à une cartographie d’idées.

Le traitement de l’œuvre (minimaliste dans l’esprit de son créateur) est censé renforcer la dimension narrative et fictionnelle de cette « œuvre de rêve ».

Rêver le verre (Revoir Gallé)
Un projet de Michel Paysant avec Richard Loesel et Nocto

Projet réalisé le 16 mai 2015 dans le cadre de la Nuit européenne des musées 2015.

Rêver le verre (Revoir Gallé)

Fondé sur la langue des signes française, Handsign est un alphabet constitué de mains en verre sculptées et modelées une à une au chalumeau.

Mode d’expression noble et convivial, fonctionnel et ludique, cet « alphabet de lumière » conçu par l’artiste Michel Paysant, permet à tout un chacun de composer et de matérialiser en silence, mots et phrases pour les offrir à ses interlocuteurs. La présence, dans les collections du Musée des Arts Décoratifs, d’œuvres majeures d’Émile Gallé, le génial créateur, fondateur de l’École de Nancy, a donné l’idée à l’artiste de les « redonner » à voir au travers de cet « atelier performatif » intitulé « Rêver le verre ».

Il a ainsi demandé au verrier Richard Loesel, avec qui il collabore régulièrement, de réaliser en langage des signes ces mains en verre qui composent deux citations que Gallé a inscrites sur deux de ses « verreries parlantes » :
L’amour chasse les papillons noirs
Vitam impendere vero

Conçue spécialement pour la Nuit européenne des musées dans le cadre de l’exposition « Trésors de sable et de feu », « Rêver le verre » est une installation où l’artiste a voulu emmener le visiteur là où Gallé a imaginé et créé ses œuvres pendant des décennies : Meisenthal et sa nature environnante.

Nocto a fabriqué sa musique électronique à la manière d’un artisan, en utilisant les sons prélevés dans les ateliers du CIAV pour tenter de relier la nature inspirante au musée, lieu d’accueil et écrin final de l’œuvre.

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