Restaurations dans le cadre de l’exposition « La fabuleuse histoire des jouets »

Du 2 décembre 2022 au 12 février 2023, l’Hôtel Départemental des Expositions du Var situé à Draguignan, présente sa quatrième exposition, « La fabuleuse histoire du jouet de la préhistoire à nos jours » qui présente la façon dont le jouet suit les évolutions historiques, sociales, politiques et économiques, tandis qu’il reflète et inscrit la place de l’enfant dans la société.

Principalement constituée d’œuvres du musée des Arts décoratifs, près de 80 objets ou lots d’objets ont été restaurés à l’occasion de cette exposition : une vingtaine par des restaurateurs indépendants payés par l’emprunteur et le reste par les restaurateurs du département des collections des Arts Décoratifs.

Par Catherine DIDELOT, restauration métal, et Cécile HUGUET BROQUET, restauration papier

Restauration du diorama polaire

La fabrique de figurines et soldats de plomb à l’origine de ce diorama polaire (inv. MAD 987.927, date de création vers 1909/1910) est née en 1825. Au fil des associations et successions elle a pris le nom de C.B.G. puis C.B.G.– Mignot (pour Messieurs Augustin Cuperly, Englebert Blondel, Sosthène Gerbeau et enfin en 1912 Henri Mignot). L’entreprise CBG-Mignot existe toujours.

C.B.G.– Mignot a décliné le thème polaire sous plusieurs formes : figurines proposées à l’unité ou en lot ; diorama à un ou plusieurs niveaux (jusqu’à 4), avec des décors de papier et carton, et sous différents titres (par exemple en l’associant à une expédition particulière comme celle de Charcot).

Description matérielle

Le diorama se présente sous forme d’une boite en bois séparée dans sa largeur par une tablette, permettant ainsi deux scénettes superposées. À l’origine un couvercle avec l’étiquette du fabricant fermait l’ensemble.

L’intérieur et l’extérieur de la caisse sont couverts de papier et de carton.

L’extérieur est revêtu d’un papier bleu nuit légèrement grainé que l’on retrouve très souvent sur des boites de jeux de cette époque. Les bords de la caisse et de la tablette de séparation sont gainés d’un galon gaufré à l’aspect doré ou cuivré.

À l’intérieur, le fond et les côtés sont ornés d’un papier à décor de coucher de soleil et de banquise lithographié.

5 éléments de décor en carton sont recouverts de ce même papier lithographié. Les corps des personnages sont moulés séparément des têtes et des accessoires (armes ou outils) ; les figurines sont assemblées par la suite et peintes. Cela permet de créer des personnages variés à partir des mêmes moules. De plus, l’alliage utilisé (à base de plomb, étain et antimoine) peut être déformé avant d’être peint, ce qui permet par exemple de modifier la position des membres.

Les trois chiens qui tirent le traineau sont en fait trois chiens identiques qui ont été assemblés par brasure avant d’être peints.

État de conservation

Le diorama avant restauration
© Les Arts Décoratifs / Cécile Huguet-Broquet

La boîte est très encrassée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Le papier bleu extérieur est usé et abrasé aux arêtes. Le galon cuivré présente des lacunes. À l’intérieur on constate de nombreuses traces de recollage des éléments.

3 éléments de décor en carton, papier et bois et 7 figurines ou éléments de figurines sont libres, tous les autres éléments ont été recollés avec deux types de colles : une colle de type animal, épaisse et jaune, une seconde colle transparente et très dure. Les éléments libres ont des traces de colle indiquant qu’ils avaient également été recollés.

À la vente, les figurines étaient maintenues au diorama par des fils ; on peut voir les perforations dans le carton. Entre la création de ce diorama et son entrée dans le musée en 1987, les figurines ont été détachées, et ont sans doute été utilisées pour jouer avant d’être collées sur le carton. Nous avons même pu identifier plusieurs colles employées pour fixer les éléments au décor.

Le fonds des deux scènes sont recouverts d’un carton qui présente de nombreux trous, cassures et traces de collages et de colle. Ils sont très encrassés et tachés.

Deux éléments de décor libres présentent des réparations anciennes au verso et des amas importants de colles à la base.

Sur les figurines en plomb, on peut, outre l’encrassement important, voir des lacunes de peinture et des déformations mécaniques. Un outil manque, le fil où sèchent les poissons est cassé.  

La restauration du diorama

Un dépoussiérage délicat a été effectué à l’aide de brosses douces de différentes tailles, d’une poire de soufflage et d’un l’aspirateur. L’opération est délicate car il faut intervenir entre les figurines et les éléments de décor tout en essayant d’accéder à toutes les zones du diorama.

Le gommage des éléments en papier est également très délicat pour les mêmes raisons. Durant cette opération, une figurine s’est décollée. Elle ne sera pas refixée. Le gommage ne permet pas de retirer la couche de crasse qui recouvre le décor de papier. Après quelques tests, un mélange eau/éthanol sur un bâtonnet de coton donne un résultat efficace.

C’est également un mélange d’eau et d’un peu d’alcool qui a été utilisé pour nettoyer les figurines, après un premier dépoussiérage effectué avec une brosse douce.

  • Nettoyage en cours du fond lithographié, on perçoit bien la zone nettoyée au centre.
  • Test de nettoyage sur l’épaule de la figurine

Des dépôts de colles anciennes sont retirés à l’aide d’un gel d’agar-agar dans l’alcool benzylique.

  • Dépôt de colle avant
  • Dépôt de colle après

Les cassures et manques des bases en carton sont refermés et renforcées à la colle d’amidon et papier japonais préalablement teinté.

  • Restauration d’une cassure du carton de fonds : avant
  • Restauration d’une cassure du carton de fonds : après

Les éléments de décorations en carton fin avaient subi des réparations rendues instables avec le temps et dont les socles étaient couverts de colle. Des cataplasmes d’agar-agar dans l’alcool benzylique ont permis le retrait des colles, tant sur les éléments de carton que sous les socles des figurines en plomb détachées.

  • Un des éléments de décoration face et revers avant restauration
  • Le même après restauration

Les éléments de décorations sont refixé dans le diorama à l’aide de charnières de papier japonais sur le fond et sur les côtés.

  • Les éléments de décor avec les charnières de papier japonais
  • Les éléments de décor avec les charnières de papier japonais mis en place dans le diorama
Séchoir à poisson avant remise en forme

Les papiers de couverture de la boite ont été stabilisés par le recollage des éléments décollés à la colle d’amidon.

Quelques petites lacunes de peinture sur les figurines ont été retouchées, uniquement quand elles étaient gênantes pour la lecture des éléments du diorama.

Le séchoir à poisson a été remis en forme.

Le diorama après restauration

Conditionnement

Une boite de conditionnement a été réalisée sur mesure. Elle contient une boîte conservant les éléments libres du diorama et une boite réunissant l’ensemble.

Autres restaurations de jouets

Une boîte de Meccano

AVANT RESTAURATION

La boîte du Meccano est très encrassée à l’intérieur comme à l’extérieur. Il manque une partie des montants du couvercle, les angles des deux parties de la boite carton sont cassés totalement ou partiellement. Des agrafes métalliques permettaient de renforcer les angles et raccords de carton de la boite et du couvercle. Elles sont déformées et ont entrainé des arrachements de cartons    Le livret en papier est très encrassé. Il présente des déchirures sur plusieurs feuillets. Les agrafes sont corrodées et ont corrodé le papier. 

Les éléments métalliques de meccano sont corrodés et ont transféré de la corrosion au papier intérieur de la boite. 

APRÈS RESTAURATION

L’ensemble de la boîte et des éléments a été dépoussiéré et nettoyé. 

Le livret a été restauré, les déchirures consolidées, les agrafes corrodées ont été remplacées par du fil de lin.

Les montants de la boîte ont été consolidés et les parties manquantes remplacées par du carton permanent, du papier japonais teinté et de la colle d’amidon.

L’intérieur de la boîte a été gainée de papier permanent pour isoler les éléments métalliques.

Le chapeau en papier mâché du laquais 

Le chapeau en papier mâché était mou et lacunaire. Il a été renforcé à la colle d’amidon et comblé au papier japonais teinté. Les consolidations ont été retouchées à l’aquarelle.

  • Avant restauration
  • Après restauration
  • Après restauration

L’épicerie et ses accessoires

AVANT RESTAURATION

L’épicerie était très empoussiérée.

Les éléments étaient fixés à l’origine par des fils encore présent pour la plupart et fixés sous les plateaux en carton sur les tablettes. Mais certains sont cassés et au vu des fils restant, il manque sans doute quelques éléments.

Les petites boîtes en papier présentent quelques déchirures et petits manques.

Une bouteille en verre s’est détachée et a été recollée avec une colle jaune et cassante.

L’encrassement est important sous les cartons et derrière les éléments.

Le fil de fixation des éléments passe sous un carton qui est cloué sur les tablettes de l’épicerie.

APRÈS RESTAURATION

Un dépoussiérage complet a été effectué par aspiration, à la brosse douce et à la gomme. Les bouteilles de verre ont été nettoyées à sec au chiffon microfibre.

Les éléments détachés ont été refixés avec un fil de lin teinté passant sous les cartons qui ont ensuite été recloués sur les tablettes.

  • Mise à plat des cartons de supports des éléments
  • Les boîtes de biscuits et les bouteilles après re-fixage

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