« Squelette dans un linceul assis sur un tombeau », France, 1547

« Squelette dans un linceul assis sur un tombeau », France, 1547

Ivoire sculpté en ronde bosse
Inscription sur le phylactère : 1547
H. 9 ; l. 8,8 ; pr. 3 cm
Legs baronne Henri de Rothschild, 1927
Inv. 25660
© Les Arts Décoratifs

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La Mort, enveloppée dans un linceul, est assise sur le bord de son tombeau. Le squelette appuie son coude sur un sablier et sa main droite est posée sur un phylactère à demi déroulé où apparaît l’inscription suivante : « P [illisible] tu es tu deviendras comme je suis ». Ce type d’inscription est très fréquent sur les tombeaux ou sur la représentation des Trois Morts et des Trois Vifs, qui orne fréquemment les chapelles, comme au campo santo de Pise, où la Mort fauche de jeunes débauchés sur son passage. Cette inscription rappelle, en effet, la tradition italienne des Memento mori (« J’étais ce que vous êtes, vous serez ce que je suis »). Deux attributs sont généralement associés au squelette pour évoquer la mort : le sablier, qui symbolise la fuite irrémédiable du temps, et la faux, attribut de Saturne. Cette association du temps et de la mort était omniprésente à cette époque troublée par les guerres de Religion et par les guerres d’Italie. Les représentations de la mort, des danses macabres, des ossuaires, s’inscrivent dans une longue tradition médiévale. Elles étaient largement diffusées par les gravures, les sculptures ou les peintures, et illustraient l’idée de l’égalité de tous devant la mort (mors aequat omnia). L’inscription figurant sur le phylactère du squelette du Musée des Arts Décoratifs est française et ne peut être postérieure à l’œuvre. Nous sommes donc en présence d’une œuvre de dévotion privée, réalisée par un Français dont le nom reste à découvrir. La production de squelettes ou de têtes de mort en ivoire est assez abondante en France au XVIe siècle, mais aussi en Allemagne et dans les pays septentrionaux. Un ivoire attribué à l’Allemagne du Sud, également daté du XVIe siècle, représente un squelette sur son tombeau (ancienne collection Kenneth Jay Lane, New York) ; il est si proche de celui de Paris que l’on serait tenté de le rendre à la France. Ici, le sculpteur n’a omis aucun détail anatomique et le réalisme cru avec lequel il évoque le squelette, tout en lui donnant une pose presque désinvolte au bord du tombeau, est là pour augmenter l’horreur que suscite la mort pour chacun.

M. B.

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