Cabinet «  État rectangle  »

Jacques-Émile Ruhlmann (1879-1933)
Paris, vers 1922-1923
Placage d’amarante, marqueterie d’ivoire et d’ébène, bronze doré, intérieur en satiné rouge
H. 126,7 ; l. 84 ; pr. 31,5 cm
Don de Mmes Albert et Raymond Wattinne, au nom de leurs parents, M. et Mme Édouard Rasson, 1969
Inv. 42786
© MAD

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Ce cabinet à un vantail ouvrant sur trois étagères possède deux pieds postérieurs droits, tandis que ceux de devant, galbés, se rattachent au corps par deux volutes soulignées d’un large filet d’ivoire. L’ivoire est également utilisé pour les quatre sabots des pieds, pour l’encadrement de petites pastilles entourant le vase fleuri, pour le haut des montants verticaux et enfin dans la frise de rectangles qui orne le profil du plateau supérieur. Il est surtout employé avec l’ébène pour réaliser le vase fleuri – symbole du style Art déco –, inscrit dans un médaillon tapissé de fleurs et de feuillages. Le rôle majeur joué par le décor floral ne nuit en rien à l’architecture générale de ce meuble d’appui. Les décorations figuratives sur les meubles de Ruhlmann demeurent exceptionnelles, même au début de sa carrière – ainsi d’un petit cabinet de 1913, en bois doré, avec sur le vantail un décor de personnages en costumes du XVIIIe siècle dans un jardin, réapparu récemment en vente publique ; ou encore du Meuble au char de 1919, conservé au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Pour d’autres modèles, le décor figuratif se réfugie sur les grandes plaques de serrurerie, sculptées par Alfred Janniot ou par Simon Foucault (comme le meuble à fards du musée André-Malraux du Havre ou le bahut à motif de cailloutis du Mobilier national). Ce cabinet provient de l’appartement d’Édouard Rasson, un riche industriel du textile de Roubaix. Il a été donné par ses deux filles en exécution de la volonté de leur père. Rasson possédait plusieurs meubles de Ruhlmann, dont le premier exemplaire du bureau Ambassadeur réalisé en 1923 (également conservé au Musée des Arts Décoratifs). Plusieurs exemplaires de ce cabinet sont connus : deux d’entre eux – dits État d’angle – ont été réalisés en encoignures à trois pieds (New York, Brooklyn Museum, et Richmond, Virginia Museum of Fine Arts) ; trois autres – dits État rectangle –, de forme rectangulaire à fond plat et à quatre pieds, sont actuellement identifiés en plus de l’exemplaire du musée (Paris, Mobilier national, New York, Metropolitan Museum of Art, et Chicago, Art Institute). Le premier État d’angle fut réalisé en 1916 tandis que le premier État rectangle fut exposé pour la première fois au Salon d’automne de 1922 et décrit comme un « meuble précieux en ébène macassar, marqueterie d’ivoire ». À partir d’un modèle, Ruhlmann faisait exécuter par ses deux ateliers d’ébénisterie de nombreux exemplaires, en variant les essences de bois. Ainsi le cabinet du Musée des Arts Décoratifs a-t-il été réalisé en placage de bois d’amarante, de palissandre ou d’ébène macassar. Il est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de Ruhlmann.

É. P.

Florence Camard, Ruhlmann, Paris, Éditions du Regard, 1983.
Ruhlmann, un génie de l’art déco, catalogue d’exposition, Boulogne-Billancourt, musée des Années 30, Montréal, musée des Beaux-Arts, Paris, Somogy, 2001.

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