Deux coupes et un gobelet

Émile Decœur (1876-1953)

Coupe, v. 1930
Grès tourné, émaillé, lignes incisées sous couverte, monogramme en creux sous la base
H. 6, D. 11 cm
Don André Véra, en souvenir de son frère, M. Paul Véra, 1959
Inv. 38282
© MAD

Gobelet, 1932
Grès tourné, émaillé, monogramme en creux sous la base
H. 8,4, D. 7,4 cm
Dépôt du musée national d’Art moderne, 1941
Inv. MNAM AM 1270 OA
© MAD

Coupe, 1938
Grès tourné, émaillé, monogramme en creux sous la base
H. 5,9 ; D. 11,1 cm
Dépôt du musée national d’Art moderne, 1941
Inv. MNAM AM 1267 OA
© MAD

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L’œuvre d’Émile Decœur s’inscrit au centre des changements stylistiques qu’ont connus les arts décoratifs dans les années 1910. Dès 1890 Decœur entra en apprentissage chez Edmond Lachenal (1855-1930) où pendant dix ans il se forma à la technique de la faïence et des émaux avant de devenir son collaborateur. Admirateur du travail de Jean Carriès (1855-1894), il renonça à la faïence vers 1907 pour se consacrer au grès et à la porcelaine flammée. Il délaissa alors l’Art nouveau et adopta un style dépouillé, influencé par les céramiques chinoises de l’époque Song, dont témoignent ces pièces. Perfectionniste, il multiplia les essais de cuisson au grand feu dont il étudia toutes les arcanes pour tirer de sa pâte les effets désirés. Il privilégiait le feu de réduction, utilisant les phénomènes de rétrécissement qui se produisent par superposition de différentes couches d’émail passées successivement à la cuisson ; il obtenait ainsi de délicates marbrures dont il variait à son gré les nuances. À sa maîtrise du feu, il ajouta à partir de 1927 une caractéristique technique qui devint sa signature : il mit au point une pâte à laquelle il mêla du kaolin, ce qui lui permit d’affiner sa texture qui, une fois cuite, devenait satinée. Ses pièces de grès porcelainé, aux parois très fines, sont d’une grande légèreté mais aussi très dures. Dans la lignée des grands céramistes pionniers, comme Ernest Chaplet et Auguste Delaherche pour le grès, Émile Decœur enrobait d’émaux monochromes les formes pures de ses coupes, vases et gobelets, négligeant les effets de transparence des glaçures. Opaques, ses émaux constituent la seule vraie parure de ses œuvres. Légèreté, finesse et aspect lisse des parois, imperméabilité, pureté des lignes, texture veloutée des émaux aux tons délicatement pastel, beige rosé, blond maïs ou paille… tout distingue son travail que les chroniqueurs de l’époque n’auront de cesse de commenter. Il connut en effet la notoriété dès les années 1920 ; ses œuvres étaient diffusées par le marchand Géo Rouard avec celles des artistes en vogue et régulièrement publiées dans la presse spécialisée ; une étude lui fut consacrée en 1923. Ces pièces au galbe parfait témoignent de la recherche inlassable de Decœur pour la perfection technique. Toutefois, son travail était aussi gouverné par la sensualité de la matière : « On vit, on pense, on souffre », aimait-il à dire.

H. A. Guillaume Janneau, Émile Decœur, céramiste, Paris, La Connaissance, 1923
René Chavance, « Œuvres récentes d’Émile Decœur », Art et Décoration, t. LXII, 1933, p. 39-344
Ernest Tisserand, « Émile Decœur », L’Art et les Artistes, n°135, mars 1933, p. 202-206
René Moutard-Uldry, « Hommage à un grand artiste : Decœur », Art et Décoration, n°37, 1953, p. 14-15
Céramique française contemporaine, sources et courants, catalogue d’exposition, Paris, Musée des Arts Décoratifs, Paris, Union centrale des arts décoratifs, 1982

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