Coucou Bazar, sous-titré Bal de L’Hourloupe ou Bal des Leurres, est composé de praticables (découpes peintes mobiles) et de costumes portés par des danseurs. Le tout est fait pour évoluer de façon quasi imperceptible, frontalement, afin de créer une suite infinie de combinaisons dont les différents plans se mettent en mouvement, disparaissent ou apparaissent, comme si toutes les parties de l’ensemble d’un tableau étaient dotées d’une vie propre.
Coucou Bazar a été présenté pour la première fois de mai à juillet 1973 au Solomon R.Guggenheim Museum à New York, suivi d’une seconde version, à l’automne de la même année, aux Galeries nationales du Grand Palais à Paris. Une troisième et dernière version a été produite par FIAT à Turin en 1978.
En 2013, il s’agit de recréer pour le public la vision extraordinaire et grouillante de l’univers de Coucou Bazar
Pendant 5 semaines la nef des Arts Décoratifs se transformera en une scène spectaculaire pour accueillir un ensemble important des décors et costumes, tous conservés à la Fondation Dubuffet sur son site de Périgny-sur-Yerres.
À cette occasion les costumes aux titres évocateurs (Nini la Minaude, La Simulatrice, Le Grand Malotru, Le Triomphateur…), composés de masques, chapeaux, robes, gants ou bottes réalisés dans les matériaux divers tels que le bristol d’époxy, le coton peint, la résine stratifiée ou la tartalane amidonnée, sont montrés dans leur intégralité pour la première fois depuis quarante ans.
La surprise sera offerte au visiteur d’assister à des séances d’habillage, avec la recréation d’une « cabine d’essayage » telle que Dubuffet l’avait aménagée pour les besoins du spectacle. Ces séances sont suivies de la déambulation des danseurs une fois costumés, dans l’espace de l’exposition, donnant soudainement vie aux personnages.
De part et d’autre de la nef, sont rassemblés les documents et archives visuels et sonores (lettres, photographies, affiches, dessins préparatoires, films…) liés à la création de Coucou Bazar Sont ainsi évoqués les recherches sur la fabrication des éléments, leur réalisation dans le gigantesque atelier de l’artiste à la Cartoucherie de Vincennes, ou encore, les essais musicaux pour le spectacle et notamment les instruments rassemblés par Dubuffet pour produire des sonorités inédites. Un film, réalisé lors des représentations de Coucou Bazar à Turin, en 1978, permet aux visiteurs de saisir la dimension expérimentale du spectacle dont la mise en scène new yorkaise et parisienne avait suscité une polémique entre l’artiste et le producteur.
Créées en relation avec Coucou Bazar, la Robe de Ville, don de Margitt Rowell au MAD en 2006, ainsi que l’effigie métallique Don Coucoubazar conservée au Musée d’Unterlinden à Colmar, sont également exposées.
Cette exposition spectaculaire est l’occasion exceptionnelle de sentir le souffle de liberté avec lequel Jean Dubuffet a créé cette œuvre unique en son genre, d’une force et d’une nouveauté que l’époque contemporaine ne cesse de confirmer.
La donation Dubuffet au Musée des Arts Décoratifs
En présentant de manière tout à fait exceptionnelle cette œuvre particulière de Jean Dubuffet, Les Arts Décoratifs rappellent, par là-même, les liens qui unissent l’institution avec l’artiste et revient sur un moment de son histoire. En effet, fuyant l’Asphyxiante culture des institutions consacrées, Jean Dubuffet fit, en 1967, le choix d’offrir au Musée des Arts Décoratifs sa collection personnelle composée de 21 tableaux, 7 sculptures et 132 dessins.
Constituée à partir de 1942, elle forme un ensemble chronologique et expérimental de ses travaux couvrant les périodes les plus emblématiques de l’artiste précédant le cycle de L’Hourloupe : des fameux portraits d’écrivains (1945-1947) aux vues de la série Paris Circus (1961) en passant par les gouaches du Sahara (1947-1949), les Corps de dames (1950), les Vaches (1954) ou les éléments botaniques (L’âne égaré de 1959).
Cette donation généreuse est le fruit de l’amitié entre l’artiste et François Mathey, conservateur général du Musée des Arts Décoratifs de 1969 à 1986 qui a largement contribué à faire découvrir l’œuvre de Jean Dubuffet.