Pierre Reymond (1513-1584), « Le mois de septembre, les vendanges », Limoges, 1561
Émail peint sur cuivre, grisaille, réhauts d’or
D. 18 cm
Acquis grâce au mécénat de Michel et Hélène David-Weill, 2001
Inv. 2001.33.1
© Les Arts Décoratifs
Si vous souhaitez utiliser ce visuel, veuillez contacter la photothèque
Ce type d’assiette constituait un des éléments d’une vaisselle d’apparat que l’on aimait présenter sur des dressoirs à gradins lors d’un banquet, ou tout simplement conserver dans une chambre ou dans un cabinet de curiosités. Cette assiette présente, à l’avers, l’iconographie traditionnelle du mois de septembre, le mois des vendanges : un homme, les deux bras appuyés sur la cuve, foule le raisin, dont le jus se déverse par un tuyau dans un cuveau en bois. Autour de lui, trois personnages : une femme porte sur la tête un panier rempli de grappes, un enfant brandit une coupe pleine de vin, un homme les rejoint, une hotte en osier sur le dos. Le fond de l’assiette est composé d’une treille en berceau donnant à cet objet une remarquable perspective. Au marli figure un décor circulaire d’entrelacs d’or et sur l’aile de l’assiette, quatre paires de centaures tiennent les anses d’une sorte de chariot rempli de fruits, décrivant un motif de cuir découpé. Quatre cartouches opposés de façon symétrique sur l’aile de l’assiette renferment le signe de la Balance ; sur le bord droit, la date de 1561, sur le bord gauche, le monogramme « P.R. » ; à la partie inférieure, le mot « SETABRE » (septembre en abrégé). Au revers et au centre, un portrait profilé d’homme oriental apparaît au centre d’un médaillon entouré de cuirs agrémentés de fleurs et d’un décor végétal rehaussé d’or ; au marli, des dragons affrontés encadrent quatre cartouches également disposés symétriquement et contenant la date deux fois reproduite en haut et en bas, et, latéralement, le monogramme « P.R. » et le nom de l’émailleur en toutes lettres : « REXMOND ». À cette époque, rares sont les objets de cette nature qui sont à la fois signés et datés. La technique de l’émail peint en grisaille se traduit par un important travail d’enlèvement à la spatule et à l’aiguille de la couche blanche placée sur une couche noire, après séchage mais avant cuisson. Le motif figurant sur cette assiette a été exécuté dans un émail blanc opaque, sur un fond de couleur dense et translucide qui apparaît noir. Le ton des chairs est rendu par un mélange d’oxyde de fer et de blanc de plomb. Un rouge plus foncé, presque marron, a été employé pour les inscriptions, le contenu de la coupe et du cuveau, ainsi que pour certains ornements des vêtements. L’or est utilisé pour les tracés, les arabesques et autres motifs décoratifs. Cette assiette fait partie d’un ensemble incomplet des douze mois de l’année, dont quatre se trouvent au Los Angeles County Museum of Arts et une, le mois de février, au musée municipal de l’Évêché à Limoges. Des variantes sur ce thème sont connues à travers l’œuvre d’émailleurs célèbres tels que Jean de Court et Pierre Courteys.
M. B.
Monique Blanc, « Une nouvelle acquisition du Musée des Arts Décoratifs de Paris, une assiette en émail peint, 1561, de Pierre Reymond », Revue du Louvre, n°5, 2003-5, p. 42-47.