Paul Poiret, autant par ses robes que par le faste de ses fêtes et de toutes ses entreprises, a contribué à donner à Paris le lustre des années 1910. Installé d’abord rue Pasquier puis Faubourg Saint Honoré, il a réintroduit en couture, mais aussi dans toute la décoration, le goût des dernières années du XVIIIe siècle et de la Perse. En 1911, après un voyage à Vienne, il fonde l’Ecole Martine, dont les élèves travaillèrent ensuite à la maison de décoration Martine dans un style naïf très particulier. Sa dernière grande réalisation fut les péniches Amours, Délices et Orgues, décorées par Raoul Dufy au moment de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925. Ses mémoires En habillant l’époque (1930) offrent un témoignage intéressant sur le milieu de la haute couture de la fin de la Belle Epoque au début des Années folles.
Les meubles réalisés par l’Atelier Martine sont rares et ne portent pas d’estampille. Le fauteuil Cambodgien est l’un des modèles les plus célèbres de la production des ateliers de Paul Poiret et son origine familiale permet une attribution certaine. La production des ateliers Martine tient une place particulière dans l’histoire des arts décoratifs des années 1910 par son recours à des modèles naïfs et à la simplicité des formes relevant parfois du mobilier de jardin comme la petite table d’appoint et le motif de treillage du fauteuil. Ces deux modèles furent utilisés dans le théâtre en plein air de l’hôtel particulier de la rue d’Antin.
Evelyne Possémé, conservatrice au Musée des Arts Décoratifs - département Art nouveau/Art déco