Dans le vêtement, les couleurs se remarquent au premier regard. Au Moyen Âge, les couleurs vives, « trop voyantes », dérangent car elles sont celles du bariolage, de l’écart, de la transgression.
Au XVIe siècle, les réformateurs protestants distinguent les couleurs « honnêtes » (blanc, noir, gris, brun, bleu) des couleurs « déshonnêtes » (rouge, vert, jaune) que tout bon chrétien et même tout bon citoyen doit fuir. Cette distinction a des conséquences dans nos garde-robes : nos costumes sombres, nos chemises blanches, nos blazers bleu marine, etc., ne répondent-ils pas encore à une tradition chrétienne de modestie et de vertu ? Les motifs ont également leur importance.
À la fin du Moyen Âge, les rayures sont jugées inconvenantes ou provocantes. Pour la sensibilité médiévale, la rayure constitue en effet l’archétype du bariolé : elle est indigne de tout honnête chrétien. De fait, l’iconographie réserve la rayure aux traîtres. Mais les choses changent peu à peu.
À la Révolution, la rayure est à la mode. Elle vient de la cocarde tricolore qui est devenue l’emblème et le symbole de la France en révolte. Tout honnête citoyen se doit d’être habillé de rayures patriotiques. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, la couleur de nos vêtements ne fait plus guère scandale ; tout au plus semble-t-elle quelquefois déplacée.