LE COSTUME DE COUR EN EUROPE VERS 1760
Au milieu du XVIIIe siècle, la mode française est partiellement copiée dans la plupart des cours européennes. Cette diffusion est facilitée par les journaux et les poupées de mode. Les hommes portent l’habit à la française, le plus souvent accompagné d’un tricorne. Les femmes revêtent, quant à elles, la robe à la française. Celle-ci apparaît vers 1730 et se caractérise par des plis plats dans le dos. Elle connaît un très grand succès, si bien qu’elle est portée jusqu’à la fin de l’Ancien Régime et est même acceptée lors des cérémonies officielles. D’une cour à l’autre, on observe des particularismes dans la coupe, les ornements et autres variantes locales.
LA COMPOSITION D’UNE TENUE de cour
La femme est vêtue d’une tenue de cour composée de divers éléments.
Sous la robe, elle porte une chemise, un corps à baleines, un panier et, parfois, un jupon. Le corps à baleines peut être rigidifié à l’avant par un busc et est serré par un système de laçage à l’arrière. D’abord en forme de cloche à la Régence, le panier adopte progressivement une forme ovale, prenant de l’ampleur sur les côtés. Vers 1750, il est courant de porter deux petits paniers attachés de part et d’autre de la taille. La robe est composée d’un manteau, d’une jupe et d’une pièce d’estomac. Ces trois éléments sont séparables et peuvent être coordonnés : on les coud ensemble après les avoir enfilés. Les manches de la robe à la française s’arrêtent toujours au coude et sont généralement en pagode (s’ouvrant en entonnoir) pour laisser dépasser les engageantes, des manchettes de deux ou trois volants de dentelle ou de mousseline.
LA GARDE-ROBE MASCULINE au XVIIIe siècle
L’habit à la française est l’habit masculin par excellence du XVIIIe siècle. Il évolue peu au cours du siècle, si ce n’est qu’il perd progressivement de son ampleur pour se projeter vers l’arrière. Toutes les classes sociales le portent, mais dans des tissus de qualité différente.
Les élégants peuvent posséder plusieurs centaines de gilets dans leur garde-robe. Non visibles, les manches et le dos du gilet sont coupés dans un matériau moins noble que le devant, qui peut être le support d’une véritable peinture à l’aiguille. En ce temps, l’homme porte de plus en plus ses propres cheveux, en bourse ou en catogan, sous un tricorne en castor, demi-castor, feutre ou soie. Les souliers sont toujours à talon rouge pour les nobles, la richesse de la boucle est un marqueur social important. Le matin ou le soir, on aime les tenues d’intérieur avec robe de chambre et bonnet empreints d’exotisme.
ANGLOMANIE ET RéVOLUTION
La simplicité et le confort sont les nouveaux mots d’ordre du vêtement révolutionnaire. On lutte notamment contre le corps à baleines, lui préférant un petit corsage de dessous en coton piqué. On observe aussi un abandon progressif des paniers. Considérées comme bien plus sobres, les modes d’Outre-Manche sont à l’honneur : la robe à l’anglaise est toujours de mise et se porte notamment avec un fichu. La redingote (de l’anglais riding coat) est aussi très appréciée, par les hommes comme par les femmes. L’habit à la française masculin disparaît peu à peu ; on lui préfère le frac qui s’ouvre largement sur le gilet, toujours très brodé. Sous le Directoire, les Incroyables et les Merveilleuses poussent la mode à l’extrême, mais leur excentricité est à relativiser puisque seule une minorité arbore des robes transparentes ou des bicornes gigantesques.