Paul Vredeman de Vries (1567-apr. 1630) et Adriaen van Nieulandt (1587-1658), «  Salomon et la reine de Saba  », Amsterdam, vers 1610

Paul Vredeman de Vries (1567-apr. 1630) et Adriaen van Nieulandt (1587-1658), «  Salomon et la reine de Saba  », Amsterdam, vers 1610

Huile sur toile
H. 158 ; l. 198 cm
Don Michel-Victor Cruchet, 1896
Inv. 8516 A
© Les Arts Décoratifs

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Formé dans l’atelier de son père, architecte, ingénieur et peintre, Paul Vredeman de Vries s’est imposé, au tournant des XVIe et XVIIe siècles, dans le genre très particulier de la peinture de paysages urbains. Dans le milieu maniériste de la cour de Prague, où il accomplit une partie de sa carrière au service de l’empereur Rodolphe II (1552-1612) avant de s’installer à Amsterdam, il développa une vision poétique originale. Des façades de palais richement ouvragées, dont les colonnades ouvrent sur des cours fleuries agrémentées de fontaines et de sculptures, servent de cadre à des scènes tirées de l’histoire antique ou de l’histoire sainte. La rigueur de la composition géométrique, qui reprend les principes des traités de perspective contemporains, est tempérée par un rendu atmosphérique de la lumière aux reflets argentés. Les intérieurs aperçus sont une reconstitution du décor intérieur de l’époque : chaises garnies de cuir, tentures de cuir estampé, dais à lambrequins… Œuvres de la maturité de l’artiste,« Salomon et la reine de Saba » et son pendant, « Le jugement de Salomon », furent vraisemblablement réalisées à Amsterdam vers 1610. Elles représentent des épisodes de la vie du roi Salomon, figure majeure de la Bible. L’exemplarité du fameux jugement prononcé par Salomon passait pour une préfiguration du Jugement dernier, et cette scène était utilisée comme métaphore de la Justice. S’inscrivant dans la même interprétation, la visite de la reine de Saba était comprise comme une préfiguration de l’Adoration des Mages. L’artiste a transposé les scènes bibliques dans un décor urbain dont certains détails évoquent l’architecture des Pays-Bas : façades à bossages, colonnes baguées et obélisques, masques et bucranes, encadrements traités en cuirs enroulés, sculptures en bronze proches de réalisations d’Adriaen de Vries (vers 1550-1626). De rares travestissements, tel le turban porté par Salomon, apportent une touche plus exotique qu’historique à cette scène. Essentiellement peintre d’architectures, Vredeman de Vries s’assura la collaboration d’autres peintres pour la réalisation des figures, tels Dirck de Quade van Ravesteyn (mort après 1619) à Prague, ou Pieter-Franz Isaaksz (1569-1625) et Adriaen van Nieulandt (1587-1658) à Amsterdam. Et c’est à ce dernier que l’on doit vraisemblablement les figures des deux tableaux conservés au Musée des Arts Décoratifs.

B. R. Heiner Borggrefe et al., Hans Vredeman de Vries und die Renaissance im Norden, catalogue d’exposition, Lemgo, Weserrenaissance-Museum Schloß Brake, Anvers, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Munich, 2002, cat. 208 ab, p. 362-363, repr. p. 366-367.

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