1722
France, probablement Franche-Comté.
[1722/monsieur/le baron/avec madame /de contre eglise/seigneur/de maiche]. inscription émaillée en blanc entre les deux figures en pied. Verre transparent soufflé, émaillé. H. : 0,12 m ; Diam. : 0,09 m.
Inv. 2005.16.1.
Don de Mme Sylvie King-Lhermite, Paris

La richesse du décor polychrome émaillé de ce verre français du XVIIIe siècle est absolument remarquable et, dans l’état actuel de nos connaissances, unique. Parmi les verres émaillés du XVIIIe siècle à inscription française connus, il est le seul comportant des figures. Les deux médaillons idéalisés font référence, de manière archaïsante et rare, à une tradition vénitienne du XVIe siècle. En revanche, le double portrait en pied, plus courant sans être fréquent, s’apparente à des modèles allemands du XVIIIe siècle.

En France, la vallée de la Loire et la Franche-Comté sont les deux centres de production de cette époque auxquels on a pu associer des ornements émaillés de cette qualité. Les analyses stylistiques n’ont pas encore permis de différencier clairement les deux groupes et l’archéologie n’a pas encore fourni d’élément probant au dossier.

La forme du gobelet (avec piédouche obtenu par refoulement de la paraison), rare dans l’Est, est fréquente parmi les exemples attribués aux verreries de la Loire (successeurs de B. Perrot). Mais l’influence allemande du décor nous oriente vers la Franche-Comté, attribution confirmée par l’inscription mentionnant la ville de Maîche, dans le Doubs. Grâce à l’amabilité de Monsieur Jean-Michel Blanchot, auteur des Pages d’histoire de la Franche-Montagne, les personnages ont pu être identifiés. Le Baron Béat-Joseph Guyot de Bermont-Maîche (1692-1777) épouse en 1721 Marguerite Aymonet de Contreglise (1695-1770). Ce n’est donc pas, malgré l’iconographie, à l’occasion du mariage que le gobelet aurait été réalisé, mais plutôt lors de son accession au titre de Baron, à la mort de son père, en 1722. Ce magnifique verre, dont le style, la technique - qui emploie onze couleurs d’émaux -, et l’attribution à des sites de productions en Franche-Comté devront être étudiés plus avant, entre dans les collections nationales grâce à la générosité de Sylvie King-Lhermite, collectionneur et expert.

Jean-Luc Olivié, conservateur au Musée des Arts Décoratifs, département Verre

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