Guidette Carbonell « Céramiste oui, mais artiste avant tout »

du 6 juin au 30 septembre 2007

Le Musée des Arts Décoratifs à Paris, le musée d’art et d’industrie « La Piscine » à Roubaix et le musée de la Céramique à Rouen proposent conjointement en 2007-2008 la première exposition rétrospective de l’œuvre de Guidette Carbonell.

Cet hommage sera présenté successivement à Paris, du 6 juin au 30 septembre 2007, à Roubaix, du 19 octobre 2007 au 28 janvier 2008, puis à Rouen, du 1er mars au 1er juin 2008. Il a pour objectif de faire découvrir au plus large public cette artiste encore méconnue, mais dont l’œuvre compte parmi les plus originales et importantes dans le domaine de la céramique française du XXe siècle. Ces trois manifestations viennent à l’appui d’une monographie consacrée à l’artiste, Guidette Carbonell, céramiques et tapisseries du XXe siècle, publiée aux éditions Norma.

Au Musée des Arts Décoratifs, une trentaine de pièces de céramique de 1935 à 1965 seront présentées dans la galerie d’Actualités située au niveau 5 du département moderne et contemporain, complétées d’œuvres textiles et de dessins.

Née en 1910 d’un père catalan et d’une mère peintre d’origine arménienne, Guidette Carbonell fréquente plusieurs ateliers de peinture, celui d’André Lhote à la Grande Chaumière, celui de Roger Bissière à l’Académie Ranson et celui d’Othon Friesz à l’Académie suédoise, avant de choisir sa vocation de céramiste. Son premier contact avec la terre a lieu dans une petite école d’art appliqué rue de Fleurus, même si ultérieurement elle poursuivra seule sa formation de potier. Au cours de cet apprentissage solitaire elle rencontre le céramiste catalan Llorens Artigas, célèbre pour ses collaborations avec Raoul Dufy et Joan Miró qui lui donne de précieux conseils et avec qui elle partage son premier atelier à Vitry. La jeune artiste choisit la faïence, matériau qui lui permet d’utiliser une palette d’émaux éclatante en accord avec sa fantaisie décorative. Elle débute au Salon d’automne en 1928 en exposant aux côtés des grands noms de la céramique de l’époque, Paul Beyer, Emile Decoeur, Auguste Delaherche, Jean Mayodon... Avec ses émaux blancs parsemés de couleurs acides, elle se démarque foncièrement de ses aînés partisans d’une céramique austère et méticuleuse. Elle peuple ses bas-reliefs monumentaux ou ses carreaux décoratifs, de personnages exotiques ou rêveurs issus des thèmes du cirque ou du paradis terrestre, illustrant des sujets bibliques tel que Adam et Eve ou mythologique comme l’Enlèvement d’Europe.

Sur commande de l’Etat, l’artiste réalise, pour l’Exposition internationale des Arts et Techniques de 1937 deux fontaines monumentales pour le pavillon de Sèvres et le pavillon de l’Électricité ainsi qu’un décor mural pour le pavillon des Artistes-décorateurs. Mais la guerre ralentit bientôt la vie artistique. C’est grâce au décorateur Jacques Adnet – directeur artistique de la Compagnie des Arts français, galerie déterminante dans le renouveau des arts décoratifs français à cette époque - que Guidette Carbonell peut poursuivre sa création. Elle exécute sous son impulsion ses pièces les plus emblématiques comme un tondo sur le thème du Paradis terrestre réalisé en 1944, richement émaillé dans la veine renaissante des céramiques italiennes de Della Robbia. D’autres Lions débonnaires inspirés par l’art chinois et des Putti grassouillets traités avec une fantaisie débridée enrichissent le vocabulaire iconographique de l’artiste. Elle sait transformer ces sujets classiques grâce à la vigueur de son modelé et sa façon très gestuelle d’émailler, qui donnent à son œuvre toute sa singularité et sa saveur.

Très proche des peintres abstraits de l’Ecole de Paris comme Alfred Manessier, Jean Bazaine, Roger Bissière, Vera Pagava ou encore Elena Vieira da Silva, Guidette Carbonell cherche progressivement à leur contact à simplifier ses formes à travers une série d’oiseaux lumineux stylisés qu’elle expose à la galerie Jeanne Bûcher en 1949. Elle poursuit son travail sur la matière en mélangeant à la terre galets ou tessons de verre pour réaliser des plats décoratifs inspirés par l’imaginaire de Bernard Palissy. Le Musée des Arts Décoratifs de Paris a acquis en 2000 un Plat au poussin appartenant à cette série pleine de charmes et d’inventions techniques.

À partir de 1952, Guidette Carbonell entreprend une longue collaboration avec quelques-uns des meilleurs architectes de la reconstruction dont Pierre Vago en réalisant de grandes compositions murales : panneaux de faïence, mosaïques de galets, de pierres et d’ardoises, sculptures de polyester ou plexiglas, qui lui permettent de renouveler son vocabulaire vers l’abstraction en entamant des recherches graphiques autour du Nombre d’Or et la Spirale logarithmique. Parallèlement, elle réalise de petites sculptures ponctuées d’écrous, de vis et de boulons qu’elle appelle ses Idoles, ainsi qu’une série de totems bifaces en ciment émaillé, les Harpies. Ce dernier thème sera développé dans un grand cycle de textiles collés et cousus, que l’artiste entreprend à partir de 1967 jusqu’à la fin des années 1980. Guidette Carbonell a abondamment dessiné tout au long de son parcours, guidée par un imaginaire fertile et toujours joyeux.

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