Avec des défilés qui ressemblent davantage à des performances d’artistes, des mises en scène aussi spectaculaires qu’inattendues, Hussein Chalayan s’est forgé une place singulière, entre l’art et la couture, donnant à ses créations une dimension plastique inégalée. Metteur en scène avec un étonnant souci du détail, les vêtements aux finitions soignées qui sortent de ses ateliers sont l’objet d’une attention méticuleuse. D’origine turco-chypriote, installé à Londres et présentant ses collections à Paris, Hussein Chalayan entretient depuis 1993 cet univers cosmopolite, mélangeant les cultures et les traditions dans des mises en scène où tout peut arriver. Chalayan modifie les règles usuelles de la mode pour explorer à travers ses vêtements des territoires inexplorés : ceux de la pensée. Avec ses contemporains – très différents Alexander McQueen et Stella McCartney, il est pour une bonne part responsable du dynamisme de la scène anglaise contemporaine. L’une de ses premières collections, en 1998, montrait des mannequins vêtus de simples tchadors, du plus long au plus court, dévoilant une nudité crue. Réflexion ou provocation, les modèles choquent ou séduisent et s’inscrivent définitivement dans le cheminement du monde. Les années 2000 le portent à poursuivre sa quête personnelle, expérimentale et conceptuelle, repoussant ses frontières génériques aux confins de la sculpture, du mobilier ou du théâtre, comme le montre sa collection de l’hiver 2001 où des fauteuils se transforment en robes.