Après la mort prématurée de son fils Nissim en 1917, le comte Moïse de Camondo décide de léguer en 1924 son hôtel et les exceptionnelles collections qu’il abrite à l’État, par l‘intermédiaire de l’Union centrale des Arts décoratifs, à la condition d’en faire un musée portant le nom du jeune disparu. Conçu comme la « reconstitution d’une demeure artistique du XVIIIe siècle », le musée Nissim de Camondo ouvre ses portes en 1936. Il témoigne du goût du collectionneur pour les arts décoratifs français des périodes Transition et Louis XVI, époque qu’il a lui-même « aimée entre toutes ». Cette passion pour un XVIIIe siècle idéal n’affecte cependant pas son mode de vie. Homme de son temps, fasciné par le progrès technique, Moïse de Camondo apprécie le confort de la vie moderne et aménage en conséquence son hôtel librement inspiré du Petit Trianon qui est achevé en 1914.
La chasse à courre
Gentleman sportif, Moïse de Camondo est aussi un cavalier émérite qui chasse à courre très régulièrement, s’inscrivant ainsi dans la pure tradition aristocratique. En 1904, le comte acquiert « le château d’Aumont », près de Senlis, où famille et amis sont accueillis dans une ambiance chaleureuse et confortable. Chevaux et chiens agrémentent les loisirs, et, dès que l’automne arrive, la saison de la chasse commence. De septembre à la fin du printemps, la chasse à tir rythme aussi le calendrier des loisirs cynégétiques. De nombreuses photographies témoignent de ces parties de chasse festives que le comte partage avec ses deux enfants, Nissim et Béatrice.
Le yachting
Dès sa jeunesse, Moïse de Camondo voyage beaucoup. Passionné de yachting, loisir très onéreux, il possède successivement deux bateaux de plaisance à vapeur avec lesquels il sillonne la Manche, la mer du Nord et la Méditerranée : le « Rover », et le « Géraldine », une élégante goélette à trois mâts achetée avec son beau-père Louis Cahen d’Anvers. Il revend celle-ci en 1897 et opte ensuite pour des croisières culturelles à bord de confortables paquebots.
L’automobilisme
Amateur « d’automobilisme », Moïse de Camondo achète sa première voiture à moteur en 1895. Épris de vitesse et de carrosseries élégantes, il a toujours trois ou quatre voitures à sa disposition dans la « remise aux autos » de son hôtel. Deux mécaniciens-chauffeurs logés sur place sont affectés en permanence à leur entretien et conduite. À bord de ces bolides, le comte sillonne l’Europe entière, avalant kilomètres poussiéreux et cahotants avec l’énergie d’un explorateur.
À chaque retour de voyage, il envoie au Club des Cent des comptes rendus très précis pour actualiser son guide confidentiel.
La gastronomie
Par leurs équipements fonctionnels et hygiéniques, les espaces de service et les appartements privés de l’hôtel de Camondo témoignent du goût du comte pour le confort moderne. La place accordée à la cuisine et ses annexes révèle aussi une autre facette de sa personnalité : celle du fin gourmet, amateur de grands crus, qui devient en 1928 membre titulaire du Club des Cent. À partir de 1930, Moïse de Camondo convie à déjeuner chez lui, une fois par an, une trentaine de camarades centistes et organise, par ailleurs, ses déjeuners « Louvre » et « Marsan » qui réunissent conservateurs de musées parisiens, collectionneurs et personnalités du monde de l’art. On peut en suivre les préparatifs à travers les listes d’invités, plans de table et menus qui nous sont parvenus.
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Cette exposition dévoile ainsi une facette méconnue de Moïse de Camondo, celle de l’homme de son temps qui entretient un vaste réseau de sociabilité à travers le Club des Cent et les nombreuses relations qu’il a su nouer dans le monde des musées et celui de l’art. Elle est aussi l’occasion de découvrir ou redécouvrir le musée Nissim de Camondo, lieu d’exception, témoignage vibrant d’une époque et d’un art de vivre dont le comte Moïse de Camondo était un fier ambassadeur.