« C’est durant l’époque Edo, afin de soutenir leurs imposants chignons, que les Japonaises ont eu recours à des objets bien spécifiques (peignes, larges baguettes capillaires et longues épingles à cheveux), dont la fonction utilitaire se réduira, jusqu’à devenir ornementale. Durant ma résidence de six mois à la villa Kujoyama en 2019, je me suis appliquée à définir les singularités de ces objets, en m’attachant à la plus caractéristique d’entre elles : le décor. Cette série, débutée à Kyoto, poursuivie pendant le confinement, a été conçue dans des matériaux traditionnels (en excluant l’ivoire, le corail et l’écaille de tortue, aujourd’hui très rares et réglementés). Le but est de rechercher, dans les matériaux bruts (tennennomono) des éléments décoratifs qui leur sont intrinsèques, d’exploiter leurs « motifs naturels » et leurs nuances chromatiques insolites ; de mettre au jour l’inattendu dans le familier. Se jouant de la confusion entre nature et artifice, entre authenticité et imitation, les pièces, par leur ambiguïté, tendent à susciter chez le regardeur un sentiment d’étrangeté. »

“During the Edo period, in order to support their impressive hairstyles, Japanese women used very specific objects (combs, large hair sticks and pins), the utilitarian function of which diminished over time until they were ornamental. During my six-month artist’s residence at the Villa Kujoyama in 2019, I applied myself to defining the unique qualities of these extraordinary objects, by focusing on their most characteristic aspect : decoration. This series, begun in Kyoto, pursued during the confinement, was designed in traditional materials (with the exception of ivory, coral and tortoiseshell, which are very rare and protected today). The goal was to seek out, within the raw materials (Tennennomono), the decorative elements intrinsic within them, to exploit their “natural motifs” and their surprising chromatic nuances ; to highlight the unexpected within the familiar. Playing upon the blurring of lines between nature and artifice, between authenticity and imitation, the pieces, through their ambiguity, evoke a feeling of strangeness in the viewer.”

Tennennomono
Marion Delarue (née en 1986)
France, 2019-2020
Bois, pierre, os, coquillage, sabot de cheval
Prêt de l’artiste
© Marion Delarue

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