Février 1917
DU 20 AU 27 FÉVRIER
Au cours de cette semaine, le séjour de Nissim de Camondo à Fismes se poursuit, toujours monotone . Dans une lettre à son père le 20 février Nissim écrit, « Je suis encore ici jusqu’à la fin du mois ; je m’ennuie beaucoup car notre cours est mal fait ». Quelques lignes plus loin, Nissim poursuit, « Je pense que tu as su qu’on avait enfin débarqué le Colonel qui commandait l’Aviation de l’avant ». Il s’agit du Colonel Édouard Barès, directeur du Service aéronautique du GQG (Grand Quartier Général) depuis le 25 septembre 1914, à qui l’on doit notamment le principe de centralisation du commandement de l’aviation. Le colonel Edouard Barès sera contraint de démissionner le 15 février 1917.
Mardi 20 février
La pluie.
Mercredi 21 février
Promenade à cheval. Départ 8h. matin avec Ballaud. Déjeuner au Courrier à Fère.
Jeudi 22 février
Arrivée à Paris 3h. Auto Mangin Mantecheff. Dîner Daillens, Dupré, café de Paris.
Vendredi 23 février
Retour par Dormans et la C. B. R.
Samedi 24 février
T. bon déjeuner grâce au Général Klein. Morquer est remplacé par un Cne Chasseur à pied du 32e C.A. Promenade à cheval. Vu le Cne Laurent partant pour la 313.
Dimanche 25 février
Il gèle de nouveau. Promenade à cheval.
DU 12 AU 19 FÉVRIER
Le 12 février, Nissim de Camondo arrive à Fismes. Il découvre une ville morne et froide et plusieurs lettres envoyées à son père témoignent de son découragement. Le 13 février, il écrit, « J’ai 2 heures de cours par jour, de 5 à 7 et le reste du temps rigoureusement rien à faire. Encore 12 jours à tirer. » Le 15 février, il poursuit, « On m’a fait venir ici, je me demande vraiment pourquoi. Nous avons tous les jours de 5 à 7 un cours complètement idiot, mal fait et pas intéressant et le reste de la journée nous errons dans les rues sans savoir où aller. »
Lundi 12 février
Déjeuner à Château-Thierry. Grâce à Pierrebourg arrive à Fismes pour dîner.
Mardi 13 février
Nuit désagréable. Trouve Vicot le matin. Grâce à Ballaud, popote avec la prévoté de la 6e armée. Séance d’ouverture du cours. Ct Marquerre.
Mercredi 14 février
Arrivée de du Joucky. Enfin du feu dans une chambre.
Jeudi 15 février
Visite à la N. 62 et la C. 221.
Vendredi 16 février
Monte à cheval. Vais au parc.
Samedi 17 février
Le dégel. Inap. Par le Ct Blaize.
Dimanche 18 février
Vais en auto à Epernay ; de là à Châlons, Juvigny (Cl Saucon).
Lundi 19 février
Couche à Mailly et rentre à Fismes le 19 après avoir déjeuner avec Pippo à la Ferme d’Alger, par Reims.
DU 7 AU 11 FÉVRIER
De retour au camp de Mailly le 10 février, Nissim de Camondo apprend et regrette le départ de celui qu’il surnomme affectueusement dans son journal et dans sa correspondance, « Pippo ». Il s’agit de son cousin germain, Philippe de Forceville, devenu observateur dans l’escadrille F33 en mars 1916 et dont il était proche. Le 11 février, Nissim écrit à son père, » Il m’arrive une série de tuiles : d’abord Pippo a été détaché provisoirement à l’escadrille C56 et j’ai peur qu’il reste définitivement ; ensuite je suis désigné pour suivre un cours à Fismes ; il faut que j’y sois demain matin ; ». Le 12 février, Nissim quitte le camp de Mailly pour Fismes (Marne).
Samedi 10 février
Arrivée à Mailly 1h40.
Dimanche 11 février
Battue aux sangliers. Téléph. A Dupré. Annonce du départ de Vicot et ordre de partir pour Fismes.
DU 29 JANVIER AU 6 FÉVRIER
Du 29 janvier au 9 février, les notes quotidiennes du journal de campagne de Nissim de Camondo s’interrompent car Nissim a rejoint sa famille et la demeure familiale de la rue de Monceau.
Aux épreuves de la guerre s’ajoute les conditions difficiles d’un hiver extrêmement rigoureux. Depuis le 20 janvier, une terrible vague de froid s’abat sur la France. On peut lire dans Le Monde Illustré du 3 février 1917 que cet hiver renoue avec la tradition des « grands hivers d’antan ».
À Paris, le lac du Bois de Boulogne, le canal Saint-Martin, la Seine sont gelés. Le froid qui s’accentue, - 9° le 24 janvier puis -15° complique l’approvisionnement et les conditions d’existence. Le lait, les céréales se font rares et la pénurie de charbon génèrent des queues interminables devant les magasins et entrepôts
Du lundi 29 janvier au vendredi 9 février
Paris.
Janvier 1917
DU 23 AU 28 JANVIER 1917
De retour à Mailly-le-Camp, Nissim de Camondo retrouve son escadrille sur le point de partir vers Chalons. La neige continue à tomber et les températures sont négatives. Dans sa correspondance, Nissim de Camondo déplore le départ de son ami Dupré pour une autre escadrille, à Chartres, car il a demandé à piloter le Nieuport. Développé par Gustave Delage, le Nieuport 17 est un avion de combat de type « chasseur », manœuvré par un seul pilote qui est mis en service en 1916.
Mardi 23 janvier
1h vol photos avec Desessart. Neige et gelée.
Mercredi 24 janvier
Dick Pinto vient déjeuner ; ensuite bottes à Pont-Noyelles.
Jeudi 25 janvier
Déjeuner à Méculté avec Dick Pinto.
Vendredi 26 janvier
Départ de Dupré. Froid intense.
Dimanche 28 janvier
Départ du bois des tailles pour Paris en coucou (panne avers Erm) 2.30. [sic]
DU 16 AU 22 JANVIER 1917
Le 16 et le 17 Janvier, Nissim de Camondo mentionne dans son journal de campagne une « neige épaisse ». C’est sûrement cette neige qui permet son retour à Paris car les vols sont restreints. Il en profite alors pour renouer brièvement avec une vie citadine marquée par les sorties au théâtre et va notamment voir La Veille d’armes de Farrère et Népoty, ainsi que la nouvelle pièce de et avec Sacha Guitry, Jean de La Fontaine, aux Bouffes-Parisiens.
Mardi 16 et mercredi 17 janvier
Neige épaisse.
Jeudi 18 janvier
Départ pour Paris conduit par le Ce Dennis.
Vendredi 19 janvier
Bouffes : J. de La Fontaine.
Samedi 20 janvier
Gymnase : La Veille d’armes.
Dimanche 21 janvier
Opéra-Comique.
Lundi 22 janvier
Retour avec Dick Pinto. Déjeuner aux huîtres.
DU 8 AU 15 JANVIER 1917
Nissim de Camondo reçoit de nombreux courriers de félicitations suite à sa récente citation et en témoigne avec fierté dans une lettre à son père. Des colis lui parviennent également, de sa famille et de ses proches, prolongeant l’esprit des fêtes et entretenant le moral des troupes.
Mercredi 10 janvier
Visite du Général Niessel.
Jeudi 11 janvier
Arrivée de Begenne-Lancatte.
Vendredi 12 janvier
Visite du Cl Juinot.
Samedi 13 janvier
Départ Pippo Paris avec Mino. 30’ vol avec 2 passagers.
Dimanche 14 janvier
Dîner avec Cnes Anglais Walson et Murray.
Lundi 15 janvier
1h30 vol avec 5 petits fantassins.
DU 1er AU 7 JANVIER 1917
De retour de permission la F33 est toujours stationnée au camp de Mailly. Les pilotes reprennent les vols, les réglages et les observations photographiques malgré le mauvais temps qui perdure.
Le 1er Janvier 1917, Nissim de Camondo note « La solde ».
Il est très difficile de connaître la solde exacte d’un soldat durant la Première Guerre mondiale. Il existait de nombreuses disparités de salaires parmi les différents grades et il faut y ajouter les différentes primes existantes. Par exemple, un père de famille touchait 1,25 francs par jour de prime auxquels s’ajoutaient 0,50 francs par enfant à charge et 0,75 francs par enfant mobilisé.
Mais dans les tranchés, le poilu, soldat de 1re ou 2e classe, ne gagne que 0,25 francs par jour, hors primes. Pour comparaison, un lieutenant dans l’aviation, comme Nissim de Camondo, gagnait environ 400 francs par an, hors primes.
Enfin, dans son ouvrage "Les Poilus ont la parole", Lettres du Front : 1917-1918, Jean Nicot aborde la question de la solde à partir des lettres de poilus et cite notamment celle-ci : "J’apprends que, de temps à autre, des ouvriers qui gagnent des journées de 10, 12 ou 15 francs se mettent en grève. Je ne reviendrai pas sur cette question, cent fois traitée, que les ouvriers qui ne risquent pas leur peau sont bien payés et que le poilu touche 0,25 par jour, plus 0,10 s’il a quatre ans de service, plus 1 franc dont la moitié est payée en monnaie de singe (c’est-à-dire versée sur le carnet de pécule) quand il est en première ligne..." (252° R.I.)
Lundi 1 janvier
La solde.
Mercredi 3 janvier
Décoration de 2 camarades de la 17, Schlumberger et un autre. N. du Penty.
Jeudi 4 janvier
1h de vol avec Nouhaud. Essai de réglage.
Vendredi 5 janvier
1h vol avec Dessessart. 30’ avec officier anglais.
Samedi 6 janvier
Liaison à l’esc. Angl. De Chipilly.
Dimanche 7 janvier
1h photos avec Griffon ; mauvais temps.
Décembre 1916
DU 28 AU 31 DÉCEMBRE 1916
L’année 1916 se termine. Les notes quotidiennes de son journal de campagne le confirment, Nissim de Camondo a passé Noël et le Nouvel An loin des siens. Le 27 décembre 1916, Nissim écrivait à son père : « Devant l’irrégularité des départs de nos lettres je ne veux pas attendre plus longtemps pour te souhaiter une bonne et heureuse année ; c’est la troisième fois que je le fais depuis la guerre et j’espère que je n’aurai pas à le faire une quatrième fois. »
Jeudi 28 et vendredi 29 décembre
Mauvais temps sans arrêt.
Samedi 30 décembre
Je change de chambre. Visite de du Penty.
Dimanche 31 décembre
Boissajout, Dalsace et Neveu viennent goûter. Je termine ma fenêtre.
DU 21 AU 27 DÉCEMBRE 1916
Le Lieutenant Nissim de Camondo est cité à l’Ordre de la 6e Armée, le 15 décembre 1916. Le 23 décembre, Nissim l’annonce à son père : « J’ai appris aujourd’hui que je viens d’être cité à l’Ordre de l’Armée pour l’ensemble de mon travail dans la Somme ». Quelques jours plus tard, le 27 décembre dans une nouvelle lettre, Nissim lui écrit » Cette année, comme cadeau de Jour de l’An, je t’envoie ci-inclus l’original de ma citation récente. »
"Observateur photographe en avion de très haute valeur , tant par son audace et son sang-froid que son habileté professionnelle. Pendant les batailles de Verdun et de la Somme où le Corps d’armée a été engagé , grâce à son courage, a réussi un nombre considérable de missions photographiques rendues très périlleuses par les attaques violentes des avions de chasse ennemis puissamment armés, en particulier dans la journée du 5 novembre 1916, où son avion a été fortement atteint."
Jeudi 21 décembre
Retour à Amiens et redépart pour Paris.
Vendredi 22 décembre
Grasse matinée. La Pipe et Poulet. Départ 1h.15 pour le bois des Tailles.
Je suis cité à l’Armée avec Gressard.
Samedi 23 décembre
Tempête de vent.
Dimanche 24 décembre
1h vol avec Nouhaud. Reconnaissance du secteur.
Lundi 25 et mardi 26 décembre
Mauvais temps.
Mercredi 27 décembre
Brume. La C. 43 réussit des photos.
DU 12 AU 20 DÉCEMBRE 1916
La permission continue et Nissim de Camondo reste auprès des siens, à Paris. Si la vie semble reprendre le dessus, le contexte est pourtant lourd avec les combats décisifs à Verdun. La bataille se termine le 18 décembre, sans réelle victoire, puisqu’elle a fait de nombreux morts de part et d’autre et qu’il n’y pas d’avancée véritable sur le plan militaire. La bataille symbolise à elle seule l’horreur et l’absurdité de cette guerre. Nissim de Camondo, qui y a pourtant participé plus tôt dans l’année, n’évoque même pas cet épisode, que l’histoire a transformé en mythe.
Mercredi 13 décembre
Mariage de Cline.
Du jeudi 14 au mercredi 20 décembre
Paris.
DU 6 AU 11 DÉCEMBRE 1916
En cette fin d’année, Nissim de Camondo a la chance de pouvoir partir en permission pour rejoindre sa famille. La capitale connaît alors de nombreuses initiatives de soutien aux soldats. Ainsi le Musée des Arts Décoratifs consacre une seconde exposition aux jouets artistiques et à l’image de guerre populaire, qui ouvre du 21 novembre au 21 janvier 1917, et à laquelle participe l’Atelier des soldats mutilés de la guerre fondé par le musée en 1915. De son côté, la Galerie Bernheim organise une exposition de tableaux de maîtres contemporains du 25 novembre au 30 décembre, dont les produits de la vente seront reversés au profit de l’œuvre du soldat blessé ou malade.
Vendredi 8 décembre
Menons Cl Bourder Fouilly et revenons par Amiens.
Samedi 9 décembre
Toujours la pluie. Impossible de partir.
Lundi 11 décembre
Départ pour Paris avec Pippo et Yribarren.
DU 29 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 1916
Dans une lettre à son père le 30 novembre, Nissim de Camondo écrit : « j’ai rencontré Fernand Halphen qui est lieutenant de territoriale dans un bataillon d’étapes ; je dois déjeuner avec lui et sa femme samedi prochain ».
Fernand Halphen et son épouse Alice, ont tous deux marqué la vie culturelle française. Musicien et compositeur, Fernand Halphen est mort au front le 9 mai 1917. Mécène et philanthrope, Alice Halphen tenait un salon de musique fréquenté par de nombreux artistes qu’elle aida souvent, tels Francis Poulenc, Darius Milhaud, Arthur Honegger… Dans les années 1920-1930, elle a également joué un rôle important en apportant son soutien aux réfugiés juifs qui venaient de l’Europe de l’est.
Le 3 décembre, l’escadrille reçoit la visite du Général Niessel, modèle de courage et de bravoure, cité de nombreuses fois à l’ordre de l’armée, il est alors le général du 9e corps d’armée dont dépend la F33.
Mercredi 29 et jeudi 30 novembre
Pippo à Amiens. Goûter avec F. Halphen.
Samedi 2 décembre
Déjeuner Amien avec Fernand et Alice Halphen.
Dimanche 3 décembre
Visite du Général Niessel.
Lundi 4 décembre
Départ pour Paris avec Bordage. Dîner avec N.
Mardi 5 décembre
Retour. 3h d’auto par Foucancourt.
Novembre 2016
DU 23 AU 28 NOVEMBRE 1916
Ce n’est que le 24 novembre, que les hommes de l’escadrille F33 apprennent le sort de l’équipage composé par le capitaine Charles Guilhaumon, pilote, et le lieutenant Paul Rouch, observateur, portés disparus depuis le 26 octobre, au cours d’une mission à bord d’un Farman F 60 (voir semaine du 24 au 30 octobre). Ils ont été faits prisonniers.
Le 27 novembre, Nissim de Camondo note dans son journal : « Croix de Schroeder et Pousson. Il s’agit du lieutenant André Schroeder et du sous-lieutenant Armand Pousson, tous deux blessés au combat en novembre 1916.
Chaque escadrille avait adopté pendant la guerre un signe de reconnaissance peint sur le fuselage des avions. Cet insigne permettait de se distinguer. Armand Schroeder a proposé en cette fin d’année 1916 l’insigne de l’escadrille F33 comportant le dessin d’une hache gauloise rouge à double tranchant, la francisque. Son choix reposant sur un jeu de mot « Hache d’A. Bordage » est une allusion directe à son commandant d’escadrille, le capitaine Alfred Bordage.
Jeudi 23 novembre
Photos 1h30 Trelluyer.
Vendredi 24 novembre
Mauvais temps. On apprend que Guilhaumon est prisonnier.
Samedi 25 novembre
Pluie sans arrêt.
Dimanche 26 novembre
Aumont. Pluie battante.
Lundi 27 novembre
Croix de Schroeder et Pousson.
DU 16 AU 22 NOVEMBRE 1916
À partir du 16 novembre, l’escadrille F33 du Commandant Bordage part s’installer au camp de Croix-Comtesse à environ 4 km au Nord Est de Mailly dans la Somme sur la commune de Meaulte. Nissim de Camondo est autorisé à rejoindre Paris pour une courte permission de quelques jours.
Croix Comtesse est un aérodrome très actif : il abrite d’octobre 1916 à mars 1917 de nombreuses escadrilles françaises et anglaises de reconnaissances et de bombardements.
Jeudi 16 novembre
Arrivée Croix Comtesse.
Vendredi 17 novembre
Installation Croix Comtesse. 1h30 photos Trelluyer.
Samedi 18 novembre
Départ pour Paris 3h20. Tracteur.
Dimanche 19 novembre
Paris. Famille.
Lundi 20 novembre
Paris. Dîner Dupré.
Mardi 21 novembre
Retour. Déjeuner Amiens. Kergariou.
Mercredi 22 novembre
Brouillard.
DU 8 AU 15 NOVEMBRE 1916
Nissim de Camondo a découvert avec « étonnement », tel qu’il le note dans une lettre à son père, la présence, dans un État-Major de son Corps d’Armée, d’un capitaine nommé Jacques d’Espaigne, beau-frère de Jacques Truelle ; et lui a donné son baptême de l’air.
Pour mémoire, Nissim de Camondo a déjà évoqué Jacques Truelle en octobre 1914, il l’a soutenu après son amputation de la jambe gauche, admiratif de son courage en la circonstance, lui qui déclara « ça n’a pas d’importance pourvu qu’on foute la pelle aux boches ». Le combattant et le réformé sont restés proches ; ami de Marcel Proust, Truelle suit les cours de la section diplomatique de l’École libre des Sciences Politiques. Nissim de Camondo fait preuve d’une fibre tout aussi politique, mais quelque peu moins diplomatique en déclarant à son père « Notre appareil actuel est devenu d’une insuffisance tellement notoire qu’on parle de nous le changer ; mais il règne une telle incurie dans les hautes sphères de notre armée, que je ne crois pas que nous puissions avoir un nouvel avion avant 4 ou 5 mois au plus tôt. Après la guerre l’histoire de l’Aviation sera triste à raconter ; et les hommes sont merveilleux. »
Mercredi 8 novembre
Vent terrible. Déjeuner Vidal. Essai photo avec Trelluyer.
Jeudi 9 novembre
2h photos avec Trelluyer. Boches en masse. 1h20 photos avec Griffon. Réussies.
Vendredi 10 novembre
30’ avec Capitaine beau-frère de Truelle « Despagne ».
Samedi 11 novembre
Mauvais temps.
Dimanche 12 novembre
Aumont. Chasse avec Daillens.
Lundi 13 novembre
Amiens. Vu Dupont.
Mardi 14 novembre
8 jours d’arrêt de Bord.
Mercredi 15 novembre
Bordage prend le secteur.
DU 31 OCTOBRE AU 7 NOVEMBRE 1916
Toujours très dépendants des conditions climatiques, Nissim de Camondo et ses camarades pilotes volent autant qu’ils le peuvent mais le froid de l’hiver se manifeste déjà et avec lui une quête de poêle à essence et de plus grande chaleur.
La guerre d’usure est une réalité, les hommes sont enfouis dans les trous emplis de l’eau des pluies torrentielles qui s’abattent en même temps que les obus. Nissim de Camondo est désormais seul pour assurer le service de la photo au Corps d’Armée ; son camarade, qui le doublait ces derniers temps-ci « s’est en effet fait descendre par un boche avant-hier ». Dès le 5 au soir, les Allemands ont bombardé les alentours du secteur et ont réussi à détruire un dépôt de munitions, Nissim de Camondo le relate dans une lettre à son père « ils ont réussi un coup de maître ; ils ont fait sauter un énorme dépôt de munitions ; c’était un spectacle inouï. Les explosions se sont succédées pendant 15 heures ; le village est rasé et toutes les vitres sont cassées à 5 kilom. à la ronde. Nous étions très inquiets car notre camarade Dupont, blessé la veille d’une balle à la jambe, avait été précisément transporté dans une ambulance voisine. Il n’a heureusement rien eu. »
Mardi 31 octobre
Photos avec Gressard 50’. Enterrement d’Amécourt
Mercredi 1er novembre
40’ avec Nouhaud
Jeudi 2 novembre
50’ avec Trelluyer. Photos 25’ avec fantassin.
Vendredi 3 novembre
2h photos et jalonnement avec Proust. Coucou en flammes. Saillard et Tréhout
Samedi 4 novembre
Mauvais temps. Jolies photos par Drouard.
Dimanche 5 novembre
Tempête épouvantable. Pippo sort en Nieuport.
Lundi 6 et mardi 7 novembre
Mauvais temps. Blessure de Dupont. Explosion au départ.
Octobre 1916
DU 24 OCTOBRE AU 30 OCTOBRE 1916
Dure période après la disparition d’un avion Farman F60 de la F33 parti faire un réglage dont l’équipage est porté disparu. L’incertitude demeure plusieurs jours sur son sort, leur T.S.F. ayant cessé d’émettre. Les hommes au sol ne peuvent que constater combien les conditions de vol sont difficiles entre pluies et nuages. L’hypothèse que l’avion a dû être forcé à « atterrir de l’autre côté » est confirmée quelques temps plus tard, les deux hommes à bord, le capitaine Charles Guilhaumon et le lieutenant Paul Rouch, déjà blessé à Verdun, ont été faits prisonniers. Leur adversaire serait vraisemblablement le Lieutenant Roland Nauch du Jasta 6 de l’aviation allemande.
Preuve que Nissim de Camondo suit tous l’actualité, la référence faite au roi Nicolas et à la reine Milena de Monténégro est liée à l’exil de celui-ci d’abord à Mérignac, puis donc à Paris et enfin à Antibes.
Mardi 24 octobre
Chasse à Aumont avec Daillens et Bordage.
Mercredi 25 octobre
Mauvais temps. Diner Simon Chavanne etc.
Jeudi 26 octobre
Brouillard
Vendredi 27 octobre
Disparition de Guilhaumon et Rouch.
Samedi 28 octobre
Dîner à la F. 211. Guicgnard, Moreau de Bonrepos etc.
Dimanche 29 octobre
Départ pour Amiens avec Bordage, avec Dupré pour Paris. Train de 3h.20. Ninette. Dîner Larue.
Lundi 30 octobre
Retour de Paris. Arrivée midi. Roi de Montenegro. L’escadrille est citée à la Brigade d’Artillerie.
DU 17 AU 23 OCTOBRE 2016
Le brouillard et les conditions climatiques empêchent toujours les pilotes de l’escadrille F33 de bouger, sauf à de rares moments. Les hommes passent alors leur temps à la chasse et Nissim de Camondo effectue des allers-retours à Aumont avec ses camarades Bordage et Daillens. Ils consacrent également une part importante de leur temps à réaliser des réglages de tirs d’artillerie.
Mardi 17 octobre
Visite 25th. I.D. Head Quarters. Kulp.
Mercredi 18 octobre
Départ en auto Bordage pour Aumont.
Jeudi 19 octobre
Chasse avec Tédeschi et Benoit. Retour escadrille à 7h. soir.
Vendredi 20 octobre
Photos avec Gressard 1h30. Réglage avec Proust 1h10. Départ 7h. soir pour Aumont avec Pippo.
Samedi 21 octobre
Retour à l’escadrille avec Bordage et Pippo.
Dimanche 22 octobre
Chasse à Aumont avec Daillens et Bordage.
Lundi 23 octobre
Mauvais temps. Dîner Simon Chavanne etc.
DU 10 AU 16 OCTOBRE 2016
Nissim de Camondo a retrouvé son escadrille F 33. Le brouillard et les mauvaises conditions climatiques rendent les vols très dangereux. Le 11 octobre, il écrit à son père : « (…) ; les nuages sont en permanence à 4 ou 500 mètres et nous sommes forcés de voler au-dessus. » (…) « Pour l’instant il est impossible de faire des photographies ; ». Dans les jours suivants une amélioration du temps permet à Nissim et à ses camarades Jean Daillens et Marcel Gressard d’effectuer quelques vols et prises de vues.
L’aviation est sollicitée pour de nouvelles missions. L’implantation de la TSF à bord permet de réaliser le ciblage précis d’un objectif grâce au réglage des tirs d’artillerie par les avions. Le 16 octobre, Nissim note dans son journal : « 1h45 trois réglages ... ».
Le 15 septembre 1916, une nouvelle arme est apparue sur un champ de bataille dans la Somme, le char blindé. Pour la première fois des « tanks » britanniques sont utilisés entre Pozières et Combles. Dans une lettre à son père le 16 octobre, Nissim raconte : « J’ai eu la chance, hier, de voir un « Tank » ; je suis même monté dedans ; c’est une curieuse machine, beaucoup plus petite qu’on ne croit mais qui doit produire un effet terrifiant à cause de son invulnérabilité aux balles et aux obus. »
Mardi 10 octobre
Photos 1h30 avec Gressard. Assez beau temps. 1h30 avec Daillens.
Mercredi 11 octobre
Très mauvais temps.
Jeudi 12 octobre
Essai de photos avec Gressard. 45’ à 200 m. dans les trajectoires. Jet de plis lestés avec Rouch ; 45’.
Vendredi 13 octobre
Liaison à Maurepas et route de Combles.
Samedi 14 octobre
Promenade auto La Boisselle. Le Tank.
Dimanche 15 octobre
1h30 photos avec Pagandet
Lundi 16 octobre
Beau temps. 45’ photos manquées avec Gressard. 1h45 trois réglages avec Pousama.
DU 2 AU 9 OCTOBRE 2016
En ce début du mois d’octobre, plusieurs opérations franco-britanniques sont menées sur le front de la Somme. Nissim de Camondo est temporairement détaché à l’Escadrille F 24 stationnée sur le terrain de Morlancourt, à l’est d’Amiens. Le 7 octobre, il écrit à son père « Aujourd’hui les Anglais et nous avons déclenché une forte attaque au N. de la Somme. Le canon tonne terriblement ; ». Malgré le mauvais temps qui rend extrêmement périlleux les vols, certaines missions aériennes se poursuivent. Au cours d’une sortie de reconnaissance sur les lignes ennemies, le commandant pilote à l’escadrille F 24, Maurice Challe disparaît. Son avion, un Nieuport 12 bis est abattu près de Morlancourt.
Lundi 2 et mardi 3 octobre
Vu camarades du 3e Hussards.
Mercredi 4 octobre
Promenade à Bray et Amiens.
Jeudi 5 octobre
Morlancourt. Coup de téléphone du Poulet. Amiens avec PetitJean.
Vendredi 6 octobre
Retour d’Amiens à midi. Pris en subsistance par le F. 24 à Morlancourt.
Samedi 7 octobre
Mauvais temps. Vent. Grande attaque à 1h.40. Disparition du Commandant Challe.
Dimanche 8 octobre
Vais déjeuner au Hamel.
Lundi 9 octobre
Mauvais temps.
Septembre 1916
DU 26 SEPTEMBRE AU 1ER OCTOBRE 2016
« Je t’écris très peu en ce moment car je n’ai pas une minute à moi. Je n’ai pas encore survolé le secteur mais je n’arrête pas de circuler en auto dans toutes les directions. » Ainsi qu’il le mentionne à son père dans cette lettre, Nissim de Camondo effectue de nombreux déplacements, Amiens, Parisainsi que Hamel et Morlancourt, deux communes situées dans la Somme. Le 3e Régiment de Hussards auquel Nissim avait appartenu au début de la guerre, stationne au camp du Hamel. Nissim y retrouve un ancien camarade de régiment, le capitaine Louis de Fraguier qu’il avait connu en janvier 1915 alors qu’il était souffrant, victime d’une crise d’appendicite et atteint de jaunisse.
Le 26 septembre, Nissim se rend au château de Champs-sur-Marne, propriété de ses grands-parents Cahen d’Anvers. Le même jour il rencontre Robert Halfon, qu’il appelle affectueusement « oncle Bob ».
Mardi 26 septembre
Paris. Champs. Oncle Bob.
Mercredi 27 septembre
Retour Amiens. Hamel. Escadrille.
Jeudi 28 septembre
Visite le 3e Huss. Fraguier etc.
Vendredi 29 septembre
Départ 2h. auto pour Aumont.
Samedi 30 septembre
Retour 12h. déjeuner au C.A. Retour Hamel 5h.
Dimanche 1er octobre
Aéronautique Amiens et liaison à Morlancourt.
DU 19 AU 25 SEPTEMBRE 1916
Dans son journal de campagne rédigé dans un style télégraphique, Nissim de Camondo consigne en notes rapides les faits quotidiens, les mouvements du régiment, les vols d’entraînement, la météo... Il évoque les rencontres, les permissions... Cette semaine, nous le suivons à Paris, Saint-Valéry-en-Caux, Dieppe, Carville. Le 19 septembre, Nissim retrouve à Paris son amie, Renée Dorville (surnommée « Ninette ») qu’il invite chez Larue, restaurant situé 27 rue Royale. Dans ce restaurant réputé ont été inaugurés en 1912, les déjeuners du jeudi du Club des Cent. En 1925, Moïse de Camondo, le père de Nissim, est devenu membre de ce cercle de gastronomes. Au début des années 30, la tradition du déjeuner du Club des Cent s’établit, au printemps, dans la salle à manger de l’hôtel particulier, 63 rue de Monceau, où Moïse de Camondo reçoit ses amis fins gourmets.
Mardi 19 septembre
Départ 6h. matin pour Paris. Déjeuner et dîner Larue Ninette.
Mercredi 20 septembre
Retour de Paris, 7h. matin avec Pippo.
Jeudi 21 septembre
Départ de Grange. Redépart pour Paris avec Siegel et Dupont.
Vendredi 22 septembre
Journée à Paris. Départ 5h. soir pour St-Valéry en Caux.
Samedi 23 septembre
St-Valéry.
Samedi 24 septembre
Dieppe.
Dimanche 25 septembre
Carville. Retour à Paris.
DU 12 AU 18 SEPTEMBRE 1916
Les lettres de Nissim de Camondo envoyées à son père cette semaine témoignent de la vie calme mais néanmoins active au camp de Mailly. « ...nous volons assez souvent mais nous trouvons tout de même le temps d’aller tirer les lapins, les lièvres, les perdreaux et même les sangliers des environs ».
Proche de certains hommes de l’escadrille, notamment le capitaine Alfred Bordage, le pilote Jean Daillens ou encore son cousin Philippe de Forceville, Nissim partage avec eux des moments de détente et de travail. Deux brigades russes stationnent au camp de Mailly et Nissim vole souvent avec leurs officiers. Le 12 septembre, il écrit : « Nous sommes isolés au milieu des Russes ; il y en a des milliers et des milliers, très amusant et curieux à observer. Ils chantent tout le temps. ».
Mardi 12 septembre
1h vol avec Forceville. 50’ avec officier Russe.
Mercredi 13 septembre
Mauvais temps. Tetara vient dîner.
Jeudi 14 septembre
Chasse au lapin après midi et soir au
Vendredi 15 septembre
Manœuvre de C.A. 1h30 vol avec Daillens.
Samedi 16 septembre
Chasse avec Bordage.
Dimanche 17 septembre
Chasse le matin. 1h vol avec officiers Russes.
Lundi 18 septembre
On apprend le retour de Grange ajourné.
DU 5 AU 11 SEPTEMBRE 1916
Créé en 1902, sur une superficie de plus de 11.000 hectares, le camp de Mailly (Aube) est un camp important pendant la Guerre, il accueille les troupes qui rejoignent le front mais également, depuis avril 1916, quatre Brigades Spéciales d’Infanterie russes viennent entraîner le corps expéditionnaire et renforcer la défense du front occidental. Nissim de Camondo vole accompagné d’un officier Russe.
Mardi 5 septembre
Arrivée lettre annonçant accident de N.
Mercredi 6 septembre
Départ pour Paris 5h du matin.
Jeudi 7 septembre
Paris.
Vendredi 8 septembre
Paris Champs.
Samedi 9 septembre
Paris. Déjeuner Oncle Robert.
Dimanche 10 septembre
Retour avec Daillens à Mailly.
Lundi 11 septembre
50’ vol avec mécanicien.
DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 1916
Nissim de Camondo profite des permissions de l’été 1916 pour revoir famille et amis. Il est photographié à cheval à Fontainebleau et avec un ami à Paris.
De retour à l’escadrille, il effectue de nombreuses heures de vol et prend notamment des photographies de la ville de Reims. Distante d’à peine quelques kilomètres de la ligne de front et détruite à plus de 60% par les bombardements, Reims est l’une des villes françaises les plus touchées par la guerre. La cathédrale, notamment, a reçu plus de 300 obus.
Mardi 29 août
50’ vol avec lieutenant Infanterie.
Mercredi 30 août
Départ pour Paris.
Jeudi 31 août
Fontainebleau.
Vendredi 1er septembre
Champs.
Samedi 2 septembre
Retour de Paris. Mat de Gobert.
Dimanche 3 septembre
1h30 avec Dupré. Photos de Reims.
Lundi 4 septembre
45’ avec Pippo. Liaison Infanterie. Mauvais temps.
Août 1916
DU 22 AU 28 AOÛT 1916
En cette fin du mois d’août, le quotidien de Nissim de Camondo est calme, ponctué de vols d’entraînement et de moments de détente. Les notes prises dans son journal de campagne ainsi que sa correspondance témoignent de ses pensées, tournées vers ceux qui lui sont chers. « N. a 24 ans ? », écrit-il dans son journal le 22 août. S’agit-il de Renée Dorville, surnommée « Ninette » ? Vraisemblablement. Ils se sont rencontrés au début de l’année 1915, lorsque Nissim est en convalescence après avoir subi une opération de l’appendicite. Toujours proche des siens, Nissim écrit à son père : « Je suis enchanté de voir que votre séjour à Fontainebleau est agréable et qu’il te distrait un peu de tes soucis ; ».
Mardi 22 août
N. a 24 ans ? 1h.30 vol avec Larmina et un caporal du 77.
Mercredi 23 août
1h. vol avec petits fantassins ? [D]îner Kergariou.
Jeudi 24 août
2h. avec Pagaudet. Photos. 40’ vol seul.
Vendredi 25 août
1h. Trelluyer.
Du samedi 26 au lundi 28 août
Mauvais temps.
DU 15 AU 21 AOÛT 1916
Plusieurs lettres de Nissim de Camondo adressées à son père Moïse de Camondo évoquent la villa Béatrice, la propriété familiale d’Aumont dans l’Oise depuis1904. La chasse, l’équitation et le tennis étaient alors les principales occupations des enfants et amis de la famille qui viennent y séjourner. Une ambiance gaie, conviviale, détendue régnait en ces temps heureux. Dans une lettre, le 15 août, Nissim note la prochaine installation à Aumont de son père et de sa sœur, il écrit « J’espère que vous ne vous y ennuierez pas trop ». Et de nouveau dans une nouvelle lettre le 16 août, « C’est curieux mais je n’arrive pas à me représenter que la vie mondaine puisse continuer dans l’Oise ; il me faut un effort pour me représenter les tennis et les goûters d’autrefois subsistant maintenant. »
Jeudi 17 août
Arrivée du 1er R. 4. Cne Laurent.
Vendredi 18 août
Départ Pippo pour Paris voir sa mère.
Samedi 19 août
Retour de Pippo.
Dimanche 20 et lundi 21 août
Mauvais temps.
DU 8 AU 15 AOÛT
Fréquents en ce mois d’août 1916, la pluie et le mauvais temps empêchent les pilotes de voler et il est également impossible de prendre des photos. Dans ses lettres à son père, Nissim de Camondo parle de deux attaques aux gaz, manquées par les Allemands dans un secteur voisin.
En effet, c’est pendant la Première Guerre mondiale que les armes chimiques sont développées, entraînant les belligérants dans une course constante à la recherche de gaz toujours plus efficaces.
Le plus utilisé est le chlore, mais sa couleur verdâtre empêche tout effet de surprise et ses effets sont limités par le port des masques à gaz, adoptés par l’ensemble des troupes. Son efficacité psychologique a cependant été grandement démontrée, notamment à la bataille d’Ypres.
Employé par les Français, puis les Allemands, le Phosgène a été inventé par Victor Grignard. Incolore et presque inodore, il attaque les voies respiratoires avec un effet retard de 12 à 24 heures.
Nommé « gaz moutarde » par les Français, au regard de sa couleur jaune d’ocre et de son odeur, le LOST1 est utilisé pour contraindre l’ennemi à quitter une zone ou l’empêcher de tenir une position. Brûlant littéralement la peau, il est une cause de frayeur parmi les soldats des tranchées car il se dépose insidieusement, cause des œdèmes et des empoisonnements en 4 à 5 semaines.
Du mardi 8 au jeudi 10 août
Pluie. Mauvais temps
Vendredi 11 août
1h avec adjudant du 30e. Départ de Grange.
Dimanche 13 août
Retour Grange. Châlons. Dîner Benoît.
Lundi 14 août
Départ Paris 8h. Arrivée 2h1/2.
Mardi 15 août
Retour et dîner Kergariou.
DU 1ER AU 7 AOÛT
Alternant entre le camp Marchand et Châlons sur Marne (désormais Châlons en Champagne), Nissim de Camondo passe son temps à voler ou prendre des photos. Son ami Daillens est promu Sous-Lieutenant. Son escadrille reçoit la visite de l’ancien ministre radical-socialiste Louis Laferre, peu apprécié dans l’armée, l’accueil qui lui est réservé est modeste. Durant la semaine, Nissim de Camondo réalise de nombreux essais photographiques. La photographie aérienne se développe durant la Grande guerre. Les appareils photographiques avec des objectifs, de type grand angle, sont fixé directement au fuselage des avions et dirigés vers le sol. Les appareils les plus répandus sont les Demaria-Lapierre, le modèle pèse 9,7kg et son magasin de 12 plaques 8,4kg.
Mardi 1 août
Pippo contre Bordage. Essai photos 30’ Daillens.
Mercredi 2 août
1h photos avec Griffon
Jeudi 3 août
Départ sur F.40. 20’.
Vendredi 4 août
Photos avec Griffon ; a+ très canonné. 30’ vol sur F.40 avec Saillard.
Samedi 5 août
30’ essai photos avec Griffon, mais nuages. Châlons après-midi.
Dimanche 6 août
Déjeuner Benazé. 1h. vol avec type au obus
Juillet 1916
DU 25 AU 31 JUILLET
Nissim de Camondo semble avoir la possibilité d’organiser son temps, ce qui lui laisse le loisir de venir passer quelques jours à Paris. Il est toujours resté très proche de sa famille comme en témoigne le ton affectueux de la correspondance avec son père et avec sa sœur Béatrice. Nissim est également très attaché à sa mère, qu’il adore et n’a jamais cessé de voir. Bien qu’il habite chez son père, rue de Monceau, Nissim passe de fréquents moments avec Irène Cahen d’Anvers, remariée depuis 1903 avec le comte Charles Sampieri.
Mardi 25 juillet
Déjeuner chez Benazé. Photos Daillens 1h30’ de vol sur 130.
Bombardement de la cagna de Guillaumont.
Mercredi 26 juillet
45’ avec Pagandet pour photos. 1h. vol seul sur 130.
Jeudi 27 juillet
Premier passager Dupont. 1h.15 de surveillance. Ensuite photos 1h. avec Daillens.
Vendredi 28 juillet
Vendredi. Départ pour Paris. Arrivée 11h30. Déjeuner avec maman.
Samedi 29 et dimanche 30 juillet
Paris. Retour de papa de Vichy.
Lundi 31 juillet
Lundi. Retour à l’Escadrille. 1h30 de vol ; réglage sur batterie contre avion avec Rotival.
DU 18 AU 24 JUILLET
En compagnie de l’adjudant Jean Daillens avec lequel il vole fréquemment, Nissim de Camondo effectue plusieurs reconnaissances aériennes. L’équipage travaille sur le front de Champagne dans le secteur de Saint-Souplet sur Py (Marne). Entre les missions, le temps libre s’organise entre Châlons sur Marne et Paris où Nissim se rend avec le capitaine Alfred Bordage. Les deux hommes semblent s’apprécier mutuellement.
Mardi 18 juillet
Châlons avec Bordage. Pepin etc.
Mercredi 19 juillet
Photos St-Souplet entre nuages ; manquées. 45’.
Jeudi 20 juillet
Brume épaisse. Photos saillant Othou. 35’. Pégoudet. Pagandet
Vendredi 21 juillet
2 reconnaissances photos ; Daillens et Dupré. 2h45 de vol. Départ 5h du soir pour Paris avec Bordage.
Samedi 22 juillet
Retour 8h du matin. Arrivée Camp Marchand pour déjeuner.
Photos avec Daillens.
Dimanche 23 juillet
Photos Daillens, 1h.
Lundi 24 juillet
Photos Griffon. 1h30 sur le Py à 3000.
DU 11 AU 17 JUILLET
La vie de l’escadrille est rythmée par la météo. Nissim de Camondo vole sur un Farman F40 équipé d’un moteur Renault de 130 CV. Quand elles ont lieu, les sorties sont courtes car les avions ne peuvent voler que par temps clair et vent modéré.
Nissim est promu au grade de lieutenant, en récompense de son courage et de son dévouement pendant la longue bataille de Verdun.
La fête nationale du 14 juillet donne lieu à des festivités organisées autour d’un repas, suivi d’un concert donné par les soldats de l’escadrille MF33.
Mardi 11 juillet
Mauvais temps.
Mercredi 12 juillet
Mauvais temps.
Jeudi 13 juillet
Mauvais temps. Apprends ma nomination de Lieutenant.
Vendredi 14 juillet
Départ sur 130 HP. Vilain temps. Fête de l’Escadrille.
Samedi 15 juillet
Vilain temps. 40’ sur 130 HP.
Dimanche 16 juillet
Vilain temps. 45’ sur 130 HP. Liaison Infanterie.
Lundi 17 juillet
Vilain temps. Engueulade de Barthélémy-Camors.
DU 4 AU 10 JUILLET
Les pilotes et observateurs continuent de voler quand le temps le permet. Etant désormais connu comme observateur photographe, Nissim de Camondo est sollicité et a peu de temps pour lui. La troupe estime que les Allemands commencent à faiblir, mais l’armée française « ne s’emballe pas », selon une missive de Nissim.
C’est au cours du mois de juillet 1916 qu’a lieu l’offensive franco-britannique de la Somme où était précédemment basé le régiment de Nissim de Camondo. Elle s’enlise dans un combat meurtrier jusqu’en novembre. C’est l’une des batailles les plus violentes de la Grande Guerre. Les hommes sont littéralement écrasés sous le feu de l’artillerie. Aux premiers jours du conflit, on estime la cadence des tirs d’obus du côté anglais à 3500 tirs par minute. Au début du mois de juillet, les soldats sont loin de se douter de l’importance du combat qui vient de débuter.
Mardi 4 juillet
15’ vol avec Daillens. Pluie. 25’ vol le soir.
Mercredi 7, jeudi 8 et vendredi 9 juillet
Pluie et vent. Impossible faire photos.
Samedi 10 juillet
Bonnes photos Navarin. 1h30 Daillens.
Juin 1916
DU 27 JUIN AU 3 JUILLET
Après un premier vol en tant que pilote le 29 Juin, Nissim de Camondo s’entraîne quotidiennement et en effectue de plus en plus longs. Il poursuit la photographie lorsque Daillens est aux commandes de l’appareil et attend patiemment son brevet. Il est en effet interdit d’homologuer des élèves formés sur le front. Le 3 juillet, il écrit à son père : « Au point de vue consécration officielle, il est douteux que Bordage puisse me faire avoir mon brevet […] si Bordage osait demander qu’on m’homologue mon brevet, il sauterait probablement illico. » Cette semaine, il prend des photos du village de Sainte-Marie-à-Py, situé dans la Marne, qui sera longtemps occupé par les troupes allemandes.
Jeudi 29 juin
Pluie. 1er vol comme pilote. 2 fois 10’.
Vendredi 30 juin
Vent et nuages. 15’ vol seul.
Samedi 1 juillet
Photos de Ste Marie à Py avec Daillens. Très canonné. Temps superbe.
Réglage de Rotival. 45’ vol.
Lundi 3 juillet
Temps gris et pluie. 1h. Vol seul.
DU 20 AU 26 JUIN
« Nous sommes peu sortis ces derniers jours à cause d’une pluie à peu près ininterrompue », écrit Nissim de Camondo à son père le 26 juin. Ce mauvais temps lui permet de s’absenter. Il vient à Paris assister au mariage de sa cousine Irène Halfon avec Robert Anspach. Voyage éclair et éprouvant, Nissim est de retour le 23 juin. Les permissions se succèdent. Alfred Bordage, commandant l’escadrille est rentré le 24 juin, Jean Grange, observateur part à son tour le 25 juin.
Mardi 20 juin
Photos Daillens. Visite Pépin. Retour Pippo.
Mercredi 21 juin
Photos 8h. matin. Départ Paris 11h.
Jeudi 22 juin
Journée Paris. Mariage Irène. Dîner Armenonville.
Mercredi 23 juin
Retour par train 8h. Chaleur effroyable.
Jeudi 24 juin
Mauvais temps. Retour de Bordage.
Vendredi 25 et samedi 26
Immédiatement pagaïe complète. Histoire de Delavenue. Grange en perme. Pluie.
DU 13 AU 19 JUIN
À la date du 14 juin Nissim de Camondo écrit « changement d’heure ». La Grande Guerre est à l’origine d’une heure d’été ou heure de guerre et les principaux belligérants y ont recours. Cette mesure préconise d’avancer les pendules et les montres d’une heure afin d’économiser la lumière artificielle et donc le charbon, qui, devenu précieux dans le cadre de l’effort de guerre sera plus utile pour la Défense nationale.
Adoptée le 8 juin 1916, la loi sur l’heure de guerre entre en vigueur le 14 juin à onze heures du soir. Le retour à l’heure normale aura lieu cette année là, le dimanche 1er octobre.
Mardi 13 juin
Châlons (Rob. De Rothschild).
Mercredi 14 juin
(changement d’heure).
Jeudi 15 juin
Châlons (Rotival – Benoît).
Vendredi 16 juin
30’ de vol avec Dagouassat. Reconnaissance du secteur.
Samedi 17 juin
Photos. 1h avec Daillens.
DU 7 AU 11 JUIN
Nissim de Camondo fait le voyage en sens inverse pour regagner Paris et rejoindre son escadrille qui est désormais basée plus près du front, au sud de Suippes (Marne). Les baraques en planches qui composent le camp sont, d’après lui, très agréables. En septembre 1915, elles formaient le quartier général du général Marchand, d’où le nom de « camp Marchand » donné à ce qu’il appelle « notre village ».
Mercredi 7 juin
Retour Toulon et départ Paris 17h.
Jeudi 8 juin
Arrivée Paris matin 7h.
Vendredi 9 et samedi 10 juin
Paris
Dimanche 11 juin
Rentrée à l’Escadrille. Camp Marchand.
Mai 1916
DU 30 MAI AU 6 JUIN
Pendant cette semaine de permission, Nissim de Camondo rejoint son amie Renée Dorville (surnommée « Ninette ») et profite de la tranquillité de la côte d’azur, de la chaleur et de la beauté des paysages plantés de palmiers.
Mardi 30 mai
Départ de Brocourt2 en coucou pour Courtisols par la pluie avec Grossard.
Mercredi 31 mai
Départ pour Paris, Dupré, Daillens.
Jeudi 1er juin
Paris. Départ pour Toulon 20h15.
Vendredi 2 juin
Arrivée Toulon matin ; Ninette. Hyères pour dîner.
Samedi 3 juin
Longue promenade. Allons à Mont-Clair.
Du dimanche 4 au mardi 6 juin
Mont-Clair par Hyères.
DU 23 AU 29 MAI
En dépit de toutes les annonces, la prise de Douaumont ne se concrétise pas. Le corps d’armée de Nissim de Camondo est relevé en grande partie et l’escadrille suivante déjà sur place, mais les hommes demeurent encore inoccupés. Nissim en profite pour monter à cheval, sa première passion avant celle de l’aviation. Dans un courrier à son père, il l’informe des pertes parmi les aviateurs : « depuis quelques jours ; tous les jours il y en a 2 ou 3 dans la région. Les Allemands sont exaspérés que nous ayons brûlé leurs 6 saucisses l’autre matin et ils essayent d’en faire autant ».
Mardi 23 mai
Enterrement de Chûray.
Jeudi 25 mai
Rencontre de Robert Halfon.
Samedi 27 mai
Visite à la C. 4. Caraco.
DU 16 AU 22 MAI
Nissim de Camondo réalise presque chaque jour des photographies. Son engagement et sa valeur dans ce domaine lui valent une citation à l’ordre du 9e corps d’armée en tant qu’observateur photographe : « Observateur en avion de haute valeur, ayant montré en diverses circonstances de remarquables qualités de courage et de sang-froid, notamment en prenant des photographies du secteur du corps d’armée devant Verdun, malgré les attaques quotidiennes de plusieurs avions ennemis en groupe et puissamment armés (avril-mai 1916). ».
L’enthousiasme du pilote est à nuancer car les combats féroces menés au Fort de Douaumont se soldent par un échec.
Mardi 16 mai
Photos 13 x 18 – draps de 304 – Griffau.
Mercredi 17 mai
Photos 18 x 24 - d° d°
Jeudi 18 mai
Photos
Vendredi 19 mai
Arrivée de la C. 13.
Samedi 20 mai
Je suis cité au C.A.
Dimanche 21 mai
Photos faites par la C. 13.
Lundi 22 mai
Photos de Verdun. Prise de Douaumont.
DU 9 AU 15 MAI
En ce printemps 1916, l’escadrille 33 est stationnée non loin de Verdun. Dans une lettre adressée à son père le 9 mai, Nissim de Camondo évoque la puissance des assauts ennemis dans le secteur de la côte 304 où il se trouve, « nous avons été absolument écrasés sous les bombardements ».
Le 9 mai, Nissim écrit dans son journal « Arrivée de la Division Marocaine ».Tout au long du conflit, en effet, le Maroc s’est engagé aux côtés de la France. Dès 1915 les troupes marocaines reçoivent le nom de Régiment de Marche des Tirailleurs Marocains. Partie prenante de toutes les grandes offensives, le RMTM, participe à la bataille de Verdun.
Mardi 9 mai
Meilleures nouvelles de N. Arrivée de la Division Marocaine.
Mercredi 10 mai
50’ de vol avec Gressard. Brouillard et nuages.
Jeudi 11 mai
Benazet rentre avec son coucou cisaillé par des balles de mitrailleuses.
Vendredi 12 mai
Mauvaises nouvelles de Ninette ?
Samedi 13 mai
Daillens, Coucou, Bar, Paris.
Dimanche 14 mai
Paris
Lundi 15 mai
Quitte Paris à midi. Arrivée Froidos ? Cap. De St Sauveur.
DU 2 AU 8 MAI
Le 2 mai, les Allemands tentent une série d’attaques sur Verdun. Ils sont chaque fois repoussés. Dans les deux camps qui s’affrontent en ces lieux depuis février 1916, les pertes sont énormes. La mission des aviateurs et des photographes se poursuit, tant pour informer que pour combattre. Petite colline située au nord-ouest de Verdun, la côte 304 est un emplacement idéal pour observer le champ de bataille, les villages de Malancourt et Hautcourt, au nord, ainsi que la vallée d’Esnes, au sud. Elle offre surtout une position de tir stratégique pour appuyer les combats qui se déroulent au « Mort-Homme », à l’est.
Mardi 2 mai
Photos assez faciles.
Vendredi 5 mai
Grande attaque Boche sur 304. 2 reconnaissances de photos.
Samedi 6 mai
Impossible photos. Temps brumeux. Mino perdu.
Dimanche 7 et lundi 8 mai
Pluie continuelle. Très mauvaises nouvelles de N.
Avril 1916
DU 25 AVRIL AU 1ER MAI
Le beau temps revenu, les campagnes photographiques menées par Nissim de Camondo s’intensifient à tel point qu’il est maintenant « surchargé de travail », comme il l’écrit à son père le 25 avril 1916. Le jeune observateur sait combien ses photographies aériennes « rendent actuellement des services inappréciables » d’autant que les assauts sont à cette date de plus en plus intenses et réguliers sur le front. Dans les airs, Nissim de Camondo et ses compagnons d’escadrille dont le pilote Grange qui est parvenu à mettre en péril un Luftverkehrsgesellschaft (LVG) en le mitraillant, sont régulièrement confrontés aux attaques ennemies et à la mort. Au sol, il constate : « le bombardement réciproque est toujours formidable et la situation des troupes aux tranchées est un enfer ».
Mardi 25 avril
Photos difficiles sur 304.
Mercredi 26 avril
Photos très difficiles sur 287, Haucourt, bois des Peupliers, etc. Boches en masses. (Pilote M.F. 19 Stugaki).
Jeudi 27 avril
Photos difficiles. Trelluyer.
Vendredi 28 avril
Photos très difficiles avec Stugocki, convoqué par Grange et Trelluyer. Attaque des 2 L.V.C.- 2 Kokers.
Samedi 29 avril
Photos très faciles. Pas de Boches mais beaucoup de vent. Stugocki et 2 convoyeurs.
Dimanche 30 avril
Photos faciles. Stugocki et 1 convoyeur. Petit Charles vient nous voir.
Lundi 1er mai
Photos faites par Dorsand. Retour de Dupré. Ninette malade.
DU 17 AU 24 AVRIL
Les lettres que Nissim de Camondo adresse à son père ainsi que les rares informations fournies par son journal font état des déplacements de l’escadrille en route vers Verdun. Malgré quelques campagnes photographiques, parfois rendues pénibles par le mauvais temps, les longues journées d’attente qui ponctuent chaque étape (Bar-le-Duc, Brocourt, Avocourt) semblent lasser le jeune soldat qui annonce à son père le 20 avril : « Il paraît que nous allons dans un pays de sauvages ». Il précise aussi que si les courriers se font plus rares dans les s à venir, c’est que « malheureusement notre terrain est à portée du canon et on nous bombarde souvent ».
Lundi 17 avril
Quitte le Plessis.
Mardi 18 avril
Rejoint l’Esc. A Bar-le-Duc.
Mercredi 19 et jeudi 20 avril
Vie monotone ? Attendons le départ pour Verdun.
Dimanche 23 avril
Dimanche. Départ pour Brocourt 5h matin.
Lundi 24 avril
Photos faciles sur Avocourt. Nuages. Pagandet
S DU 4 AU 16 AVRIL
Après un bref séjour à la villa Béatrice, propriété acquise dès 1904 par Moïse de Camondo à Aumont dans la forêt d’Halatte (Oise), où parties de chasse, équitation et tennis ont rythmé le quotidien de la famille durant les week-ends, le caractère particulièrement laconique des notes laissées par Nissim de Camondo dans son journal et l’absence de correspondance en ce début du mois d’avril laisse supposer peu de nouveautés dans la vie du jeune pilote et de la compagnie cantonnée au Plessis-Belleville. Alors qu’il est bientôt question de rallier Verdun, les bombardements ennemis s’intensifient sur le front. A chaque attaque, les pertes de l’armée française sont de plus en plus lourdes.
DU 28 MARS AU 3 AVRIL
L’importance du rôle de l’aéronautique durant la guerre a conduit à la création d’écoles de pilotage ainsi que de plusieurs centres de perfectionnement destinés aux pilotes brevetés. Le Groupe des Divisions d’Entraînement (GDE) qui ouvre un site au Plessis-Belleville (Oise) en 1916 est un passage obligé pour tous les aviateurs.
Le site va étendre ses compétences à diverses spécialités techniques dont la photographie aérienne qui s’impose comme un indispensable outil d’observation des positions ennemies pour préparer les offensives. En tant qu’observateur aérien, chargé de missions photographiques, Nissim de Camondo vient au Plessis-Belleville, fin mars 1916, participer à un stage de perfectionnement.
Mardi 28 mars
Je pars pour Le Plessis-Belleville.
Du jeudi 30 mars au dimanche 16 avril
Stage au Plessis. Couche presque tous les soirs à Paris. Diner Maisons-Lafitte une fois. Aumont une fois. Pipo part pour le 33, etc. etc.
Mars 2016
DU 21 AU 27 MARS
Une lettre adressée à Moise de Camondo cette nous apprend que Nissim viens de faire l’acquisition d’un vérascope, appareil photographique stéréoscopique pour lequel il demande « quelques boites de plaques rapides » ainsi qu’un étui. Solide et compact, supportant les variations climatiques et capable de restituer la troisième dimension en produisant deux photographies simultanément grâce à un double objectif pour les visionner en relief, le vérascope, imaginé par Jules Richard (1848-1930) à la fin du XIXe siècle, est une véritable révolution dans le domaine de la photographie. Le mauvais temps condamnant l’équipage à rester au sol, Nissim prévoit « d’apprendre la photo à fond » lors d’un prochain passage au Plessis-Belleville.
Dimanche 21 mars
Mauvais temps.
Lundi 22 mars
Déjeunons et dînons plusieurs fois aux Dunes.
Mercredi 24 mars
Cinéma
Mercredi 25 mars
Déjeuner et dîner aux Dunes
Jeudi 26 mars
Départ de Ninette pour Paris
DU 14 AU 20 MARS
Nissim de Camondo a commencé le pilotage le 13 mars. Ses formateurs décèlent chez lui de bonnes dispositions, ce qu’il s’empresse d’écrire à son père. Il effectue ses premiers vols en tant que pilote avec Jean Daillens et Marcel Gressard qu’il connaît bien désormais. Il retrouve son père, sa sœur Béatrice puis Ninette quelques jours plus tard.
Mardi 14 mars
Temps splendide. 1h.30 de vol avec Gressard : Eu, Dieppe et retour. 10’ pilotage avec Daillens.
Mercredi 15 mars
Promenade à pied. 2 Caudrons réalisés.
Jeudi 16 mars
1 Caudron à la mer. Téléphone avec Ellissen.
Vendredi 17 mars
Arrivée Papa et Béatrice.
Jeudi 18 mars
Déjeuner aux Dunes. Baptême de l’air P.
Vendredi 19 mars
Déjeuner aux Dunes (et B. – Fournier-Sarlovèze).
Samedi 20 mars
Déjeuner P. et Bella. Arrivée Ninette par Abbeville.
DU 7 AU 13 MARS
Un long texte est retranscrit dans le journal. Une chanson, un poème ? Faut-il y voir la plume de Nissim de Camondo ? Ces mots, écrits en décembre alors qu’il est toujours affecté au 21e régiment de dragons, relatent avec humour les épisodes vécus quelques mois plus tôt : l’inondation des tranchées – la fête nautique ! – la décoration du général de Lastours, la mort du commandant Saglio… Des militaires déjà mentionnés auparavant dans le journal y sont également cités, comme le général Conneau, qui a dirigé le régiment de Nissim de Camondo en 1914, ou le commandant Balaresque. La musique et les chants ont une place importante dans les tranchées et les soldats préfèrent les airs que les chansonniers ou eux-mêmes composent aux musiques militaires imposées par les autorités. « La Chanson de Craonne », « Non, non, plus de combats » ou « Dans les tranchées de Lagny » en sont quelques exemples.
Mardi 7 mars
Neige. Béthune. Davis. Ah.30 piloté par Dupré le matin.
Mercredi 8 mars
2h15 de coucou. Triangle. Dupré. St-Omer. Colonel Desvalières.
Jeudi 9 mars
Avec Bordage. Le Crotoy, Berk et retour.
Vendredi 10 mars
Le Crotoy. Cantonnement et retour avec Gressard.
Samedi 11 mars
Davis et Cummingham. Visite du ballon.
Dimanche 12 mars
Départ avec Gressard en coucou pour Le Crotoy. Nuages et descente à Humières. 1h20 de vol.
“Un beau jour on apprit que l’corps de cavalerie
Sans doute afin d’donner une dernière comédie
Ah ! mes enfants !
Sollicitait du général d’Urbal l’honneur
De prendre pour un’ fois l’commandement d’un secteur.
Ah ! mes enfants !
Au début tout l’monde crût qu’ c’était un’ rigolade
Et l’on se gondola à s’en rendre malade
Ah ! mes enfants !
Mais quand on fut officiellement prévenu
Alors du coup personne ne rigola plus.
Non ! mes enfants !
Le Général Conneau voulut qu’à l’occasion
Son Etat-Major entend’ le son du canon.
Ah ! mes enfants !
Maissiat ronchonnait tout bas dans l’ Q.G. d’Auxi :
Mais le son du canon on l’entend très bien d’ici.
Oui ! mes enfants !
La Tour du Pin disait : Si vous croyez qu’ c’est drôle
L’ son du canon, ça n’ s’entend qu’ dans la Carmagnole.
Oui ! mes enfants !
Toussaud trouvait qu’ c’ n’est pas une idée banale
Au début d’ l’hiver d’ lâcher le chauffage central.
Oui ! mes enfants !
La 3e division, dont la France est si fière
Eut l’honneur de prendre le secteur la première.
Ah ! mes enfants !
Et Robillot disait : ce Lastours est veinard
Pourvu qu’il n’aille pas baiser les Boches en canard.
Oui ! mes enfants !
Boisredon très inquiet disait à Poidebard :
Faut pas vous affoler, le secteur est peinard.
Ah ! mes enfants !
Cependant j’ vous engage, car parfois on écope,
A n’ jamais regarder que dans un périscope.
Oui ! mes enfants !
Le pauvre Saglio pensait : « Ma croix de guerre
Qu’ j’ai si péniblement décrochée à l’arrière.
Oui ! mes enfants !
Ce serait vraiment de la guigne, nom de nom,
D’aller la perdre tout justement sur le front. »
Oui ! mes enfants !
Pour garder le secteur on mit du personnel :
4 ou 5 généraux, 8 ou 10 colonels.
Ah ! mes enfants !
Des chefs d’escadron on en voyait tant et plus
Si bien qu’on n’ savait plus où caser les poilus.
Non ! mes enfants !
Pour faire du nouveau, à force de chercher,
On inventa le rôl’ de major de tranchées
Ah ! mes enfants !
Et pour qu’ la comédie devienne plus grotesque
On s’empressa d’ confier le rôle à Balaresque.
Oui ! mes enfants !
À chaque instant ces Messieurs de l’Etat-Major
Très affairés demandent d’urgence un rapport,
Ah ! mes enfants !
Pour savoir si en cas d’attaque, vivement
Ils auraient à Barincourt le temps d’ f’ le camp.
Oui ! mes enfants !
Allo ! vite un rapport pour dir’ si les All’mands
Quand ils tirent le canon mettent des obus dedans ;
Oui ! mes enfants !
Allo ! n’oubliez pas qu’ pour les fusées il faut
Avoir soin d’ toujours allumer par en haut ;
Ah ! mes enfants !
Allo ! Gastineau si vous voulez des rondins
J’ vais vous faire scier de charmants p’tits sapins.
Ah ! mes enfants !
Des rondins si c’est possible, envoyez-les nous,
Mais quand à nous faire scier, je m’en rapporte à vous.
Oui ! mes enfants !
Un beau jour vint la flotte et ce secteur unique
Devint le théâtre d’une vraie fête nautique.
Ah ! mes enfants !
L’eau monta tellement que dans tous les boyaux
Pour circuler il aurait fallu des bâteaux.
Oui ! mes enfants !
Alors, prenant enfin un parti héroïque,
L’Etat-Major de la Division, l’air tragique,
Ah ! mes enfants !
Se transporta en grande pompe à Gastineau
Et s’écria en chœur : Que d’eau, que d’eau, que d’eau !
Ah ! mes enfants !
`Mais comm’ le soir à Gouy y’avait un’ grande fête
Ils rentrèr’nt au galop faire un brin de toilette
Ah ! mes enfants !
Et le soir, tous frisés, pommadés et musqués,
Applaudir’nt aux couplets contre les embusqués.
Oui ! mes enfants !
En les voyant sortir un poilu derrière eux
Murmura : Nom d’un chien ! si c’ n’est pas malheureux
Ah ! mes enfants !
D’penser qu’avec le bois de ces tréteaux charmants
On ferait de si bons abris d’ bombardement.
Oui ! mes enfants !
On n’saura jamais si ces Messieurs ont compris ;
Les uns prétend’nt que non, les autr’s prétend’nt que oui.
Oui ! mes enfants !
A quoi bon discuter, car voyons, entre nous,
Comm’ ça n’y chang’ra rien, pour ma part, je m’en fous !
Oui ! mes enfants !”
Lundi 13 mars
On s’installe bien. Déjeuner avec Roumefort au Mess de l’Ecole. 1er pilotage. 30’ avec Daillens
Février 1916
du 29 février au 6 mars
1916 est une année bisextile, mais ce début de mars ne déroge en rien aux habituelles giboulées. Le temps s’égrenne selon la météo et plus encore depuis que Nissim de Camondo survole les lignes avec les différents pilotes déjà évoqués. La neige est dangereuse pour les aviateurs car outre les remous terribles que les nuages occasionnent, en cas de panne, elle empêche toute possibilité de choisir un champ propice pour atterrir. Suite au départ de l’officier photographe, Nissim de Camondo est désormais en charge de cette mission et réalise, pour s’entraîner, des « points pittoresques de la région ».
Mardi 29 février
Beau temps. Visite de Cummingham. Départ sensationnel.
Mercredi 1 mars
1h30 vol avec Gressard. Photos d’Arras, St Eloi, Loos etc. très bas.
Jeudi 2 mars
Pluie. Rien à faire
Vendredi 3 mars
Je prends la photo à l’Escadrille.
Samedi 4 mars
Neige
Dimanche 5 mars
Giboulées. 20 m. de coucou piloté par Dupré.
du 22 au 28 février
Nissim de Camondo passe par la ville d’Albert (Somme) le 27 février et rapporte dans une lettre à son père la « vision extraordinaire » de la ville, en particulier sa basilique avec la « statue dorée de la vierge qui est en haut, renversée dans le vide et suspendue par les pieds par un miracle d’équilibre. » Cette Vierge à l’Enfant, couronnant l’édifice construit par Edmond Duthoit vingt ans auparavant, subit les bombardements de la guerre (2000 obus en quatre ans). Le 15 janvier 1915, un obus transperce le dôme, projetant la statue dans le vide, maintenue alors uniquement par sa structure métallique. L’image fait le tour du monde. Photographiée pour la presse ou les cartes postales, « la vierge penchée », également appelée « Notre Dame de travers », frappe les esprits durant trois années. Incarnant tantôt la résistance (le sonnet La Vierge du clocher d’Albert écrit en 1915 par le poète et chansonnier Théodore Botrel), tantôt les horreurs de la guerre (des soldats disent que sa chute signifiera la fin de la guerre), elle tombe finalement le 18 avril 1918.
Dimanche 27 février
Retour Amiens. Auto Davis. Albert.
Lundi 28 février
Vilain temps. Pilote anglais perdu à déjeuner.
du 15 au 18 février
Le temps est très pluvieux depuis le début du mois de février et pendant plusieurs jours souffle un vent violent qui fait d’importants dégâts, détruisant des appareils au sol et des hangars. Cette situation condamne les observateurs à l’inactivité, toutes les missions aériennes de renseignements photographiques sont suspendues. Dans une lettre datée du 16 février, Nissim de Camondo écrit à son père, « Le résultat immédiat c’est que nous les observateurs, nous n’avons plus rien à faire (…) il se pourrait qu’il y ait un grand départ en permission ». La permission se confirme, Nissim réécrit dès le lendemain, « il est probable que je serai à la maison samedi ou dimanche au plus tard ».
Mardi 15 février
tempête ) Dupré et moi allons inutilement à la cantine d’Aire. Revenons à Béthune et faisons achats grâce à un officier de Marine.
Mardi 16 février
Ouragan. Hangars et coucous détruits.
Mercredi 17 février
Promenade. Verquin Me Démazière, Béthune.
Jeudi 18 février
Permission. Auto. Abbeville
du 8 au 14 février
Alors que les combats continuent de faire rage entre Arras et Béthune, Nissim de Camondo et l’adjudant Jean Daillens multiplient les missions de reconnaissance aériennes. Le vendredi 11 février, il écrit à son père, « j’étais à environ 1000 mètres au-dessus de cet enfer […] et l’absence totale de bruit, me faisait prendre ce combat gigantesque pour un joujou d’enfants ». Lorsque le mauvais temps ne permet pas de survoler le front, les déplacements se font en automobile. Au sol, la réalité de la guerre trouble le jeune observateur de l’escadrille. Nissim traverse alors avec amertume les villages désormais dévastés qu’il avait connus intacts deux ans auparavant.
Mardi 8 février
Vais à Fosseux. Phonographe. Dîner, Tetard, Proust.
Mercredi 9 février
1h10 de vol sur les lignes avec Daillens. Visite de Berard.
Jeudi 10 février
1h05 de vol avec Daillens sur les lignes. Ensuite à la liaison et dîner Béthune avec Anglais et Dupré.
Vendredi 11 février
Tour des batteries. Bully-Grenay, Bouvigny. Dîner Boril, Davies, Berard.
Samedi 12 février
Déjeuner avec les Anglais à Esdigneul. Visite de Fleury.
Dimanche 13 février
Visite du Cl du Touchet – 4e Spahis- Pluie et vent en tempête.
du 1er au 7 février
Passionné par ses missions aériennes, Nissim de Camondo les partage par courrier avec son père. Il détaille notamment les qualités de son 130 doté d’un moteur Renault 12 cylindres « absolument merveilleux ». Les vols sont parfois suspendus pour cause de brouillard ou de grands vents, Nissim de Camondo en profite pour poursuivre sa découverte de l’artillerie. Son passage à la cantine anglaise incarne le début d’une collaboration plus étroite avec les forces britanniques, très présentes dans la Somme et qui viennent d’introduire en janvier 1916 la conscription après deux années d’engagement basées sur le volontariat.
Il n’y a pas tant d’aviateurs nommé Daillens dans les registres de l’armée de l’air, celui représenté sur cette carte postale, Jean Daillens, pilote depuis 1910, peut donc être celui avec lequel Nissim de Camondo vole ce 5 février 1916.
Mardi 1er février
9h matin. Visite du Penty. Je ne vais pas à Cazaux.
Mercredi 2 février
Départ 1h après-midi. Temps médiocre. Arrivée Bruay à 1h40 dans la brume.
Jeudi 3 février
Arrivée de Rouch. Après-midi à la popote.
Vendredi 4 février
Promenade auto. Cantine Anglaise à Aire.
Samedi 5 février
1h20 de vol avec Daillens ; reconnaissance du secteur.
Dimanche 6 février
Visite de Mallet.
Lundi 7 février
Promenade à Béthune.
Janvier 2016
du 25 au 31 janvier
Nissim de Camondo poursuit son apprentissage d’observateur dans l’aviation. Toujours éloigné du front, cette période de tranquillité et d’initiation contraste avec la situation à Paris où la tension est plus palpable : dans la nuit du 29 au 30 janvier, un zeppelin allemand bombarde la ville et fait une vingtaine de victimes. Dans sa correspondance et son journal, Nissim de Camondo évoque les difficultés d’atterrissage des avions, en particulier sur le sable sec qui surprend les équipages et occasionne des capotages et des accidents parfois mortels. Le pilote qui accompagne Nissim de Camondo, et que ce dernier apprécie, est Marcel Gressard, un aviateur engagé dans l’escadrille MF 33 en 1915, qui meurt au combat en juillet 1917.
Lundi 31
Ramène N. à Abbeville 7h. soir. Ballade en ville avec Dupré. Couche chez la modiste. Retour.
Dimanche 30
Excellente journée. N. vient après dîner au Château.
Samedi 29
Excellente journée. N. me plume aux cartes.
Vendredi 28
Arrivée à Boutifer. Chambre froide, etc.
Jeudi 27
Changement de chambre. Ninette arrive à 2h. du matin.
Mercredi 26
Allons à Abbeville, au parc d’autos. Rencontre la petite pharmacienne à la gare. Dépêche de N.
Mardi 25
Beau temps. Le Crotoy. Capotage. Roumefort. Toulouse. Bamberger. Photos. Colère du patron.
du 18 au 24 janvier
Les mauvaises conditions climatiques ne permettent pas à Nissim de Camondo d’effectuer de nombreux vols. Son quotidien est donc plus paisible et presque « mondain » : il reçoit la visite de Christian Mallet – dragon, puis cavalier dans l’infanterie qui fera paraître le mois suivant, en février 1916, ses souvenirs intitulés Étapes et Combats. Souvenirs d’un cavalier devenu fantassin – ainsi que celle de Charles de Noailles, futur mécène et collectionneur d’artistes de l’avant-garde, commanditaire de la célèbre villa Noailles réalisée par Robert Mallet-Stevens à Hyères à partir de 1923. Nissim de Camondo déjeune également avec le commandant de l’aéronautique de la 10e Armée, Paul du Peuty.
Lundi 24
Mauvais temps. Après-midi à la popote.
Dimanche 23
Voyagé toute la nuit. Arrivée Sq. Thiers 3 h. matin. Personne. Colère. Retour midi 35. Arrivée Abbeville. Canards. Sailly Brey.
Samedi 22
Déjeuner St-Pol Commt du Penty. Train 5h43 Abbeville.
Vendredi 21
Départ 4h. du matin. Malassise. Aumont. Retour par Amiens. (Grange – pneu crevé)
Jeudi 20
Mauvais temps.
Mercredi 19
Très beau voyage Avion 130. Bruay Doutiger 1 h. vent, soleil (Et. Major 2 devis, infant. Gl Lefebvre et Patin ? (Balsan).
Mardi 18
Auto, déjeuner Cl Guillochau. Visite de Charles de Noailles et de Christian Malet.
du 11 au 17 janvier
Nissim de Camondo est affecté le 11 janvier à l’escadrille MF 33 en qualité d’observateur. Il en est informé le 15 et part à Bruay pour commencer sa formation dès le lendemain. Cette escadrille a été créée en octobre 1914 et possède des avions de modèle Maurice Farman, qui ne sont pas très rapides selon le nouvel arrivant, mais qui permettent néanmoins le succès des missions de reconnaissance grâce aux aviateurs et observateurs audacieux. Cette nouvelle affectation enthousiasme le jeune homme.
Lundi 17
Auto, 9e Corps, Barlin. Chasse Bordage.
Dimanche 16
Arrivée M.F. 33. Bruay.
Samedi 15
Tel. Peralda. Vicot, chevaux.
Jeudi 13
Averse grêle. A cheval. Retour de Sartiges.
Mardi 11
Marmitage de Gastineau (carreau cassé). Je suis relevé par Sartiges.
du 3 au 10 janvier
Après avoir fait ripaille pendant quelques jours grâce aux colis envoyés par sa famille et au champagne du gouvernement, Nissim de Camondo retrouve la cruauté de la guerre et ses horreurs dans la ville d’Arras sinistrée. En ce début janvier 1916, il espère intégrer l’escadrille MF 33, alors placée sous le commandement du capitaine Alfred Bordage.
Dimanche 9 et lundi 10
Lettres aigres-douces au sujet des bicyclettes.
Samedi 8
Parti pris de Balaresque.
Vendredi 7
_ Je remonte à Gastineau avec le 1e G.L. Colonel Gillois.
Jeudi 6
Excurs. A Arras. Lettre de Bordage.
Lundi 3
Je descends à Bailleval. Bavincourt. Général. Peralda.
Décembre 1915
Samedi 18
Gouy. Diesbach. Pichat.
Dimanche 19
Cheval Avesnes-le-Comte.
Lundi 20
Cheval Sory. Esc. N° 57. Téléphone Bordage.
Mardi 21 et mercredi 22
Fin de notre installation à Lesseps et à moi. Sartiges part en permission.
Jeudi 23
Départ pour les tranchées. Alouette et
Vendredi 24
de Bellecourt. Triste réveillon.
Dimanche 26
Arrivée des poulets truffés.
Lundi 27
Visite de Lastours et Violaud.
Mardi 28
Arrivée fruits, pâtés Larue.
Mercredi 29
Mort du commandant Saglio.
Jeudi 30
L’eau commence à diminuer…
Vendredi 31
Marmitage sur les Anglais.
Du 9 au 17 décembre 1915
Temps béni où Nissim de Camondo est en permission à Paris auprès des siens.
Du jeudi 9 au vendredi 17
Permission.
Du 1er au 6 décembre 1915
Revenu en 3e ligne, Nissim de Camondo réfléchit à cette guerre qui se poursuit et aux missions qu’il pourrait plus efficacement mener. Il pense déjà à demander l’aviation en qualité d’observateur. Organisé, il fait en sorte d’être sollicité personnellement par un commandant d’escadrille. Mais son commandant qui l’apprécie et souhaite le conserver près de lui ne lui laisse pas augurer une suite positive.
Mercredi 1er
Déjeuner Peralda, Bordage, F. Dupré.
Jeudi 2
Le Commandant refuse demande Aviation.
Vendredi 3
Déjeuner à Fosseux. Ma demande est faite et le certificat de médecin aussi.
Dimanche 5
Ballade à Berles.
Samedi 6
Déjeuner à Gastineau. Dîner Liautey.
Du 23 au 30 novembre 1915
Un seul tir, et c’est à nouveau la désolation dans les rangs. Les hommes sont toujours sous la menace du feu ennemi. Alors que le secteur était annoncé calme, 2 obus tombent à nouveau, tuant 4 hommes et blessant 5 de ces combattants qui s’étaient abrités, mais sous une toiture insuffisante. Les questions de relèves et permissions, cruciales dans de telles circonstances, dépendent de l’état-major de la Division, qui, alors que les positions se stabilisent, fait en sorte de conserver les hommes 15 jours en place, les escadrons se relayant entre la 1re ligne, à 800 m des positions allemandes, et un secteur mieux protégé.
Mardi 23 novembre
Départ 8h. pour tranchées. Installation. Gastineau.
Mercredi 24 novembre
Secteur calme. Guigne terrible. 4 tués et 3 blessés 1er esc. Arrivée Danglade.
Samedi 27 novembre
1er, 2e, 3e esc. Relevés par 4, 5, 6. D’Espies nous quitte.
Dimanche 28
Coup de téléphone. Cne Peralda. C. 56.
Lundi 29 et mardi 30 novembre
Rien de nouveau.
Du 16 au 22 novembre 1915
La mort de Thouroude, dans d’atroces souffrances, a ébranlé le lieutenant en second du peloton de mitrailleurs du 3e Groupe léger, qui a également adressé des condoléances empreintes d’humanité et de réconfort à la mère de Lucien Villetard, mitrailleur, mort dans ses bras. Il est, pour cette période et pour quinze jours encore, le commandant de tous les mitrailleurs du groupe.
Mardi 16 novembre
Enterrement de Thouroude. Triste. Froid de canard.
Mercredi 17 novembre
Mise en ordre tous papiers etc.
Jeudi 18 novembre
Vais à Berle et Savy. Michelette. Auto.
Vendredi 19 novembre
Tir le matin.
Samedi 20 novembre
La fuite. N. 57. St Pol, Amiens, Paris.
Dimanche 21 novembre
Gontault-Biron. Retour.
Lundi 22 novembre
Arrivée Fosseux midi.
Du 9 au 15 novembre 1915
Les conditions météorologiques sont toujours aussi pénibles pour les combattants, pluie et boue sont leur quotidien. Le canon de 150 est une arme puissante, qui fait des dégâts importants dans les lignes adverses. Dans un courrier à son père, Nissim de Camondo décrit avec précision ce que produit un tel engin : « Les bougies s’éteignent, nous sommes aveuglés par la fumée, la terre, les vitres se brisent en mille morceaux et, dans la demi obscurité, j’ai l’impression que tout bouge, que les piliers remuent et que tout va nous tomber sur la tête. Le silence se rétablit et, au milieu des gravats et des décombres, je vois mon malheureux Thouroude par terre, essayant de se relever, et, dans l’escalier à pic qui mène à l’orifice extérieur, le corps étendu à la renverse d’un de mes mitrailleurs. Je vous fais grâce des autres détails ; toujours est-il que Thouroude avait deux éclats d’obus dans les reins et la colonne vertébrale atteinte. Transporté immédiatement à l’ambulance de Beaumetz-les Loges et opéré immédiatement, il y est mort dans la nuit après avoir gardé toute sa connaissance jusqu’au bout et après avoir répété vingt fois qu’il était heureux de mourir pour la France. Il est mort en vrai héros. »
Son régiment quitte comme cela était prévu ces lignes exposées et atteint Fosseux (près d’Arras) pour huit jours de repos, après 12 kilomètres de marche.
Mardi 9 novembre
Vais photographier l’église.
Mercredi 10, jeudi 11 et vendredi 12 novembre
Calme plat. Popote au petit Moulin.
Samedi 13 novembre
150 arrive sans éclater.
Dimanche 14 novembre
Visite de Lastours. Popote avec Cap. De Rosiers. 150 me fiche par terre.
À 4 h. de l’après midi un 150 atteint Thouroude et Villetard. Relève de Guirray. Arrivée 11 h. soir Fosseux.
Lundi 15 novembre
8h du matin mort de ce malheureux Thouroude.
Du 2 au 8 novembre 1915
Le courrier était essentiel pour le moral des troupes et le gouvernement mit tout en œuvre pour que sa distribution soit la plus rapide possible. La censure veillait à ce que les lettres des combattants ne transmettent pas d’informations stratégiques, ne dévoilent pas les conditions de vie dans les tranchées et ne véhiculent pas d’idées pacifiques. Mais les autorités savaient qu’une lettre reçue était un moment de distraction et de grande émotion pour ces soldats éprouvés. Les chiffres sont édifiants : pour l’armée française, 200 000 paquets transitaient chaque jour entre le front et l’arrière, tandis que près de 4 000 000 de lettres passaient chaque jour par le Bureau central militaire à Paris. « C’était la meilleure ration qu’on allait partager : ce qu’on touche de bonheur pour vingt-quatre heures. […]. Ceux qui n’avaient rien reçu s’écartaient découragés, et pour se soulager de leur rage impuissante, ils regardaient le fourrier d’un air mauvais, comme s’ils l’avaient vraiment soupçonné de jeter leur courrier aux feuillées. […] Gilbert était heureux. En prenant son paquet, il avait tout de suite reconnu la large enveloppe de Suzy qui dépassait. Une bouffée de bonheur lui était montée à la tête. Maintenant qu’il avait sa lettre dans sa poche, il n’était plus pressé de la lire, il ne voulait pas dépenser toute sa joie d’un seul coup. Il la goûterait à petits mots, lentement, couché dans son trou, et s’endormirait avec leur douceur dans l’esprit. » (Les Croix de bois, Roland Dorgelès, 1919).
Mardi 2 novembre
Pas de lettres
Mercredi 3 novembre
Pas de lettres
Jeudi 4 novembre
5 chiffons et 1 lettre.
Vendredi 5 novembre
Pas de lettres
Samedi 6 novembre
5 lettres. Bonheur !
Dimanche 7 novembre
Départ tranchées de Vailly, en face Ficheux et Blaireville. Bon secteur mais très sale.
Lundi 8 novembre
Sans incidents. Visite d’Edgar. Arrivée de Thouroude.
Du 26 octobre au 1er novembre 2015
Nissim de Camondo déplore la perte d’un brigadier, mais poursuit sa mission en allant inspecter ses pièces dont l’une est installée à moins de 20 mètres d’un poste d’écoute allemand. Sous les pluies incessantes, les tranchées sont devenues boueuses et des éboulements se produisent. Vient enfin la relève. Soulagé, Nissim quitte ce secteur du Bois en Hache particulièrement éprouvant. A son arrivée à Queux, il peut se réjouir de la bonne livraison d’un phonographe demandé quelques jours plus tôt à son père. Malgré l’étonnement de voir de tels instruments à proximité du front, ceux-ci faisaient partie du divertissement des hommes dans les bases-arrière, voire dans les tranchées dem oins en moins rustiques au fur et à mesure que le conflit perdurait.
Mardi 26 et mercredi 27 octobre
Nuit du 26 au 27 : Attaque et tir de barrage fantastique ; tout tremble. (4e Cuir. 1 tué et 5 blessés).
Jeudi 28 octobre
Journée et nuit relativement calme.
Vendredi 29 octobre
Préparatifs de départ. Passons la …… à …….. Grand dîner avec Commandant Meignan. Relève admirablement faite et terminée vers 10h. Cependant Thomassin en panne 2h. matin. Revenons par la route. Autobus. Hersin. Bistro. Dép. Thouroude.
Samedi 30 octobre
Retour excellente auto. Arrivée Phono.
Lundi 1er novembre
Reçois un mot du 30 midi.
Du 20 au 25 octobre 1915
Venu remplacer le 3e Bataillon de Chasseurs à pied, le régiment de Nissim de Camondo est en première ligne entre Aix-Noulette et Givenchy. Le combat est intense, les espoirs d’une fin proche s’estompent. Outre les bombardements, les grenades fusent de part et d’autre. Elles sont de plus en plus utilisées dans les combats, même si, le 20 octobre 1915, rue de Tolbiac à Paris, l’usine dirigée par Louis Billant explose et dévaste le quartier faisant une cinquantaine de morts et plus de cent blessés. La vie s’organise dans les tranchées. Dans une lettre à son père, Nissim se félicite du confort de sa « cagnée » très profonde et taillée dans la pierre. Il sait qu’il a encore huit jours à combattre sous les bombardements incessants avant d’être relevé et regagner l’arrière.
Jeudi 21 octobre
Quittons Queux en autobus 7h. matin pour Aix-Noulette.
Prenons tranchées face à Angres, à gauche du Bois en Hache ; petits chasseurs morts ; officiers du 3e bataillon.
Vendredi 22 octobre
Journée calme. Allons voir Robert.
Samedi 23 octobre
Un homme tué ; Goetz (br) blessé en déjeunant Cagna avec Commandant ; recevons éclats. (lettres de tous. N.)
Dimanche 24 octobre
Le Général n’ose pas venir. (Excursions aux cyclistes sape V)
Lundi 25 octobre
Visite du Pasteur Protestant.
Du 20 septembre au 13 octobre 1915
En cette fin de septembre 1915, Nissim de Camondo a quitté le 3e régiment de hussards pour le 21e régiment de dragons, rejoignant ainsi l’état-major du groupe. Cette quinzaine est éprouvante, entre pluie incessante, boue gluante et espoir de passer enfin les lignes ennemies. En plus des canons français pris en nombre, 18 000 combattants ont été faits prisonniers en quelques jours.
Dans son journal de campagne, Nissim mentionne pour la première fois « Ninette », surnom de Renée Dorville, la jeune et belle infirmière de la Croix Rouge qui l’a soigné pendant sa convalescence et est devenue sa maîtresse.
Lundi 20 septembre
Voyage à Abbeville et retour Hesdin avec Ninette.
Vendredi 24 septembre
Départ en autobus pour
Samedi 25 septembre
Départ à pied pour Hermaville. Redépart à pied pour Habarq
Dimanche 26 septembre
Cantonnement bivouac à Habarq. Apprenons l’avance en Champagne et les 30 canons.
Lundi 27 septembre
Habarq
Mardi 28 septembre
Venons cantonner au Hameau. Apprenons 70 canons et prise cote 140.
Mercredi 29 septembre
Vais déjeuner à la C. R. Charles C.
Mardi 12 et mercredi 13 octobre
Départ en autobus pour Queux. Suis malade comme un chien.
48 h. à Abbeville. Pauvre N. enrhumée.
Début septembre 1915
En ce début septembre, Nissim de Camondo a terminé sa convalescence qui nous a privés de son journal de campagne ces derniers mois. Il rejoint son régiment à 5 kilomètres du cantonnement qui était le sien en janvier 1915. Affecté à l’état-major du 3e groupe léger, il retrouve le 3e Régiment de Hussards et aimerait retourner à la colonne à cheval. A Creil, à quelques kilomètres de Cinqueux (Oise), il rencontre le colonel Lyautey qui le renseigne sur les mitrailleuses qui doivent lui être acheminées.
Vendredi 3 septembre
Arrive à Queux.
Janvier-août 1915
Début janvier, Nissim de Camondo souffre d’une appendicite qui nécessite une opération. Il quitte le front le 6 janvier et regagne Paris. Examiné à l’Hôpital complémentaire du lycée Buffon , il est évacué le 15 janvier vers l’Hôpital Auxiliaire 28, rue Georges Bizet pour être opéré par le docteur Antonin Gosset 10 jours plus tard. Sorti le 19 février, le service de santé de l’armée lui accorde un congé de convalescence à la caserne de Clignancourt qui s’achève fin mars.
Début avril, il est affecté à Saumur. À l’école de cavalerie, il s’entraîne avec son peloton et est notamment chargé du dressage des chevaux de selle.
Durant les mois de juillet et août, il suit une formation d’artillerie au Centre d’instruction des mitrailleurs aux Sables d’Olonne.
Début septembre, il repart pour le front dans le Pas-de-Calais (3e bataille de l’Artois) et est versé à l’escadron à pied du 21e Régiment de Dragons (10e Armée).
Mercredi 6 janvier
Départ.
Jeudi 7 janvier
Arrivée à Paris 1h. après midi. Amiens Robglissen.
Vendredi 8 janvier
Je continue sur Saumur.
Samedi 9 janvier
Retour à Paris.
Dimanche 10 janvier
Permission de 6 jours
Jeudi 14 janvier
Entrée à Buffon.
Vendredi 15 janvier
Entrée rue Bizet.
Du 29 décembre au 4 janvier
En ce 1er janvier 1915, 153e jour de combat, les troupes ne sont pas à la fête. Sur tous les fronts, dans l’Aisne, le Nord, l’Est et en Champagne, les combats font rage avec tantôt des échecs allemands, tantôt des pertes françaises. Le régiment de Nissim de Camondo est toujours au repos, mais des rumeurs circulent depuis quelques jours sur d’éventuels transferts vers le front. Nissim note dans son journal qu’il est souffrant : victime d’une crise d’appendicite et atteint de jaunisse, il est pris en charge par le docteur Chastel. Ce sont là les débuts d’une période de maladie qui l’éloignera pour une longue durée des champs de bataille…
Vendredi 1er janvier 1915
Malade. Appendicite ; jaunisse.
Samedi 2 janvier
Mr de Fraguier est un ange. Chastel aussi.
Lundi 4 janvier
Le Général est un sauvage.
Décembre 1915
Mercredi 1er
Déjeuner Peralda, Bordage, F. Dupré.
Jeudi 2
Le Commandant refuse demande Aviation.
Vendredi 3
Déjeuner à Fosseux. Ma demande est faite et le certificat de médecin aussi.
Dimanche 5
Ballade à Berles.
Samedi 6
Déjeuner à Gastineau. Dîner Liautey.
Du jeudi 9 au vendredi 17
Permission.
Samedi 18
Gouy. Diesbach. Pichat.
Dimanche 19
Cheval Avesnes-le-Comte.
Lundi 20
Cheval Sory. Esc. N° 57. Téléphone Bordage.
Mardi 21 et mercredi 22
Fin de notre installation à Lesseps et à moi. Sartiges part en permission.
Jeudi 23
Départ pour les tranchées. Alouette et
Vendredi 24
de Bellecourt. Triste réveillon.
Dimanche 26
Arrivée des poulets truffés.
Lundi 27
Visite de Lastours et Violaud.
Mardi 28
Arrivée fruits, pâtés Larue.
Mercredi 29
Mort du commandant Saglio.
Jeudi 30
L’eau commence à diminuer…
Vendredi 31
Marmitage sur les Anglais.
Du 23 au 30 novembre 1915
Un seul tir, et c’est à nouveau la désolation dans les rangs. Les hommes sont toujours sous la menace du feu ennemi. Alors que le secteur était annoncé calme, 2 obus tombent à nouveau, tuant 4 hommes et blessant 5 de ces combattants qui s’étaient abrités, mais sous une toiture insuffisante. Les questions de relèves et permissions, cruciales dans de telles circonstances, dépendent de l’état-major de la Division, qui, alors que les positions se stabilisent, fait en sorte de conserver les hommes 15 jours en place, les escadrons se relayant entre la 1re ligne, à 800 m des positions allemandes, et un secteur mieux protégé.
Mardi 23 novembre
Départ 8h. pour tranchées. Installation. Gastineau.
Mercredi 24 novembre
Secteur calme. Guigne terrible. 4 tués et 3 blessés 1er esc. Arrivée Danglade.
Samedi 27 novembre
1er, 2e, 3e esc. Relevés par 4, 5, 6. D’Espies nous quitte.
Dimanche 28
Coup de téléphone. Cne Peralda. C. 56.
Lundi 29 et mardi 30 novembre
Rien de nouveau.
Du 16 au 22 novembre 1915
La mort de Thouroude, dans d’atroces souffrances, a ébranlé le lieutenant en second du peloton de mitrailleurs du 3e Groupe léger, qui a également adressé des condoléances empreintes d’humanité et de réconfort à la mère de Lucien Villetard, mitrailleur, mort dans ses bras. Il est, pour cette période et pour quinze jours encore, le commandant de tous les mitrailleurs du groupe.
Mardi 16 novembre
Enterrement de Thouroude. Triste. Froid de canard.
Mercredi 17 novembre
Mise en ordre tous papiers etc.
Jeudi 18 novembre
Vais à Berle et Savy. Michelette. Auto.
Vendredi 19 novembre
Tir le matin.
Samedi 20 novembre
La fuite. N. 57. St Pol, Amiens, Paris.
Dimanche 21 novembre
Gontault-Biron. Retour.
Lundi 22 novembre
Arrivée Fosseux midi.
Du 9 au 15 novembre 1915
Les conditions météorologiques sont toujours aussi pénibles pour les combattants, pluie et boue sont leur quotidien. Le canon de 150 est une arme puissante, qui fait des dégâts importants dans les lignes adverses. Dans un courrier à son père, Nissim de Camondo décrit avec précision ce que produit un tel engin : « Les bougies s’éteignent, nous sommes aveuglés par la fumée, la terre, les vitres se brisent en mille morceaux et, dans la demi obscurité, j’ai l’impression que tout bouge, que les piliers remuent et que tout va nous tomber sur la tête. Le silence se rétablit et, au milieu des gravats et des décombres, je vois mon malheureux Thouroude par terre, essayant de se relever, et, dans l’escalier à pic qui mène à l’orifice extérieur, le corps étendu à la renverse d’un de mes mitrailleurs. Je vous fais grâce des autres détails ; toujours est-il que Thouroude avait deux éclats d’obus dans les reins et la colonne vertébrale atteinte. Transporté immédiatement à l’ambulance de Beaumetz-les Loges et opéré immédiatement, il y est mort dans la nuit après avoir gardé toute sa connaissance jusqu’au bout et après avoir répété vingt fois qu’il était heureux de mourir pour la France. Il est mort en vrai héros. »
Son régiment quitte comme cela était prévu ces lignes exposées et atteint Fosseux (près d’Arras) pour huit jours de repos, après 12 kilomètres de marche.
Mardi 9 novembre
Vais photographier l’église.
Mercredi 10, jeudi 11 et vendredi 12 novembre
Calme plat. Popote au petit Moulin.
Samedi 13 novembre
150 arrive sans éclater.
Dimanche 14 novembre
Visite de Lastours. Popote avec Cap. De Rosiers. 150 me fiche par terre.
À 4 h. de l’après midi un 150 atteint Thouroude et Villetard. Relève de Guirray. Arrivée 11 h. soir Fosseux.
Lundi 15 novembre
8h du matin mort de ce malheureux Thouroude.
Du 2 au 8 novembre 1915
Le courrier était essentiel pour le moral des troupes et le gouvernement mit tout en œuvre pour que sa distribution soit la plus rapide possible. La censure veillait à ce que les lettres des combattants ne transmettent pas d’informations stratégiques, ne dévoilent pas les conditions de vie dans les tranchées et ne véhiculent pas d’idées pacifiques. Mais les autorités savaient qu’une lettre reçue était un moment de distraction et de grande émotion pour ces soldats éprouvés. Les chiffres sont édifiants : pour l’armée française, 200 000 paquets transitaient chaque jour entre le front et l’arrière, tandis que près de 4 000 000 de lettres passaient chaque jour par le Bureau central militaire à Paris. « C’était la meilleure ration qu’on allait partager : ce qu’on touche de bonheur pour vingt-quatre heures. […]. Ceux qui n’avaient rien reçu s’écartaient découragés, et pour se soulager de leur rage impuissante, ils regardaient le fourrier d’un air mauvais, comme s’ils l’avaient vraiment soupçonné de jeter leur courrier aux feuillées. […] Gilbert était heureux. En prenant son paquet, il avait tout de suite reconnu la large enveloppe de Suzy qui dépassait. Une bouffée de bonheur lui était montée à la tête. Maintenant qu’il avait sa lettre dans sa poche, il n’était plus pressé de la lire, il ne voulait pas dépenser toute sa joie d’un seul coup. Il la goûterait à petits mots, lentement, couché dans son trou, et s’endormirait avec leur douceur dans l’esprit. » (Les Croix de bois, Roland Dorgelès, 1919).
Mardi 2 novembre
Pas de lettres
Mercredi 3 novembre
Pas de lettres
Jeudi 4 novembre
5 chiffons et 1 lettre.
Vendredi 5 novembre
Pas de lettres
Samedi 6 novembre
5 lettres. Bonheur !
Dimanche 7 novembre
Départ tranchées de Vailly, en face Ficheux et Blaireville. Bon secteur mais très sale.
Lundi 8 novembre
Sans incidents. Visite d’Edgar. Arrivée de Thouroude.
Du 26 octobre au 1er novembre 2015
Nissim de Camondo déplore la perte d’un brigadier, mais poursuit sa mission en allant inspecter ses pièces dont l’une est installée à moins de 20 mètres d’un poste d’écoute allemand. Sous les pluies incessantes, les tranchées sont devenues boueuses et des éboulements se produisent. Vient enfin la relève. Soulagé, Nissim quitte ce secteur du Bois en Hache particulièrement éprouvant. A son arrivée à Queux, il peut se réjouir de la bonne livraison d’un phonographe demandé quelques jours plus tôt à son père. Malgré l’étonnement de voir de tels instruments à proximité du front, ceux-ci faisaient partie du divertissement des hommes dans les bases-arrière, voire dans les tranchées dem oins en moins rustiques au fur et à mesure que le conflit perdurait.
Mardi 26 et mercredi 27 octobre
Nuit du 26 au 27 : Attaque et tir de barrage fantastique ; tout tremble. (4e Cuir. 1 tué et 5 blessés).
Jeudi 28 octobre
Journée et nuit relativement calme.
Vendredi 29 octobre
Préparatifs de départ. Passons la …… à …….. Grand dîner avec Commandant Meignan. Relève admirablement faite et terminée vers 10h. Cependant Thomassin en panne 2h. matin. Revenons par la route. Autobus. Hersin. Bistro. Dép. Thouroude.
Samedi 30 octobre
Retour excellente auto. Arrivée Phono.
Lundi 1er novembre
Reçois un mot du 30 midi.
Du 20 au 25 octobre 1915
Venu remplacer le 3e Bataillon de Chasseurs à pied, le régiment de Nissim de Camondo est en première ligne entre Aix-Noulette et Givenchy. Le combat est intense, les espoirs d’une fin proche s’estompent. Outre les bombardements, les grenades fusent de part et d’autre. Elles sont de plus en plus utilisées dans les combats, même si, le 20 octobre 1915, rue de Tolbiac à Paris, l’usine dirigée par Louis Billant explose et dévaste le quartier faisant une cinquantaine de morts et plus de cent blessés. La vie s’organise dans les tranchées. Dans une lettre à son père, Nissim se félicite du confort de sa « cagnée » très profonde et taillée dans la pierre. Il sait qu’il a encore huit jours à combattre sous les bombardements incessants avant d’être relevé et regagner l’arrière.
Jeudi 21 octobre
Quittons Queux en autobus 7h. matin pour Aix-Noulette.
Prenons tranchées face à Angres, à gauche du Bois en Hache ; petits chasseurs morts ; officiers du 3e bataillon.
Vendredi 22 octobre
Journée calme. Allons voir Robert.
Samedi 23 octobre
Un homme tué ; Goetz (br) blessé en déjeunant Cagna avec Commandant ; recevons éclats. (lettres de tous. N.)
Dimanche 24 octobre
Le Général n’ose pas venir. (Excursions aux cyclistes sape V)
Lundi 25 octobre
Visite du Pasteur Protestant.
Du 20 septembre au 13 octobre 1915
En cette fin de septembre 1915, Nissim de Camondo a quitté le 3e régiment de hussards pour le 21e régiment de dragons, rejoignant ainsi l’état-major du groupe. Cette quinzaine est éprouvante, entre pluie incessante, boue gluante et espoir de passer enfin les lignes ennemies. En plus des canons français pris en nombre, 18 000 combattants ont été faits prisonniers en quelques jours.
Dans son journal de campagne, Nissim mentionne pour la première fois « Ninette », surnom de Renée Dorville, la jeune et belle infirmière de la Croix Rouge qui l’a soigné pendant sa convalescence et est devenue sa maîtresse.
Lundi 20 septembre
Voyage à Abbeville et retour Hesdin avec Ninette.
Vendredi 24 septembre
Départ en autobus pour
Samedi 25 septembre
Départ à pied pour Hermaville. Redépart à pied pour Habarq
Dimanche 26 septembre
Cantonnement bivouac à Habarq. Apprenons l’avance en Champagne et les 30 canons.
Lundi 27 septembre
Habarq
Mardi 28 septembre
Venons cantonner au Hameau. Apprenons 70 canons et prise cote 140.
Mercredi 29 septembre
Vais déjeuner à la C. R. Charles C.
Mardi 12 et mercredi 13 octobre
Départ en autobus pour Queux. Suis malade comme un chien.
48 h. à Abbeville. Pauvre N. enrhumée.
Début septembre 1915
En ce début septembre, Nissim de Camondo a terminé sa convalescence qui nous a privés de son journal de campagne ces derniers mois. Il rejoint son régiment à 5 kilomètres du cantonnement qui était le sien en janvier 1915. Affecté à l’état-major du 3e groupe léger, il retrouve le 3e Régiment de Hussards et aimerait retourner à la colonne à cheval. A Creil, à quelques kilomètres de Cinqueux (Oise), il rencontre le colonel Lyautey qui le renseigne sur les mitrailleuses qui doivent lui être acheminées.
Vendredi 3 septembre
Arrive à Queux.
Janvier-août 1915
Début janvier, Nissim de Camondo souffre d’une appendicite qui nécessite une opération. Il quitte le front le 6 janvier et regagne Paris. Examiné à l’Hôpital complémentaire du lycée Buffon , il est évacué le 15 janvier vers l’Hôpital Auxiliaire 28, rue Georges Bizet pour être opéré par le docteur Antonin Gosset 10 jours plus tard. Sorti le 19 février, le service de santé de l’armée lui accorde un congé de convalescence à la caserne de Clignancourt qui s’achève fin mars.
Début avril, il est affecté à Saumur. À l’école de cavalerie, il s’entraîne avec son peloton et est notamment chargé du dressage des chevaux de selle.
Durant les mois de juillet et août, il suit une formation d’artillerie au Centre d’instruction des mitrailleurs aux Sables d’Olonne.
Début septembre, il repart pour le front dans le Pas-de-Calais (3e bataille de l’Artois) et est versé à l’escadron à pied du 21e Régiment de Dragons (10e Armée).
Mercredi 6 janvier
Départ.
Jeudi 7 janvier
Arrivée à Paris 1h. après midi. Amiens Robglissen.
Vendredi 8 janvier
Je continue sur Saumur.
Samedi 9 janvier
Retour à Paris.
Dimanche 10 janvier
Permission de 6 jours
Jeudi 14 janvier
Entrée à Buffon.
Vendredi 15 janvier
Entrée rue Bizet.
Du 29 décembre au 4 janvier
En ce 1er janvier 1915, 153e jour de combat, les troupes ne sont pas à la fête. Sur tous les fronts, dans l’Aisne, le Nord, l’Est et en Champagne, les combats font rage avec tantôt des échecs allemands, tantôt des pertes françaises. Le régiment de Nissim de Camondo est toujours au repos, mais des rumeurs circulent depuis quelques jours sur d’éventuels transferts vers le front. Nissim note dans son journal qu’il est souffrant : victime d’une crise d’appendicite et atteint de jaunisse, il est pris en charge par le docteur Chastel. Ce sont là les débuts d’une période de maladie qui l’éloignera pour une longue durée des champs de bataille…
Vendredi 1er janvier 1915
Malade. Appendicite ; jaunisse.
Samedi 2 janvier
Mr de Fraguier est un ange. Chastel aussi.
Lundi 4 janvier
Le Général est un sauvage.
Semaine du 22 au 29 décembre
Le froid est mordant à Galametz où le régiment cantonne toujours en ce 24 décembre 1914. « Étrange Noël que celui-ci […] Ce sont les armées prêtes au choc sanglant que guide ce soir l’étoile du Berger. […] Dans les cantonnements, voire dans les tranchées, ils ont organisé de discrètes réjouissances » (Le Gaulois, 24 décembre 1914). Aucune presse ne va pourtant relater un événement resté célèbre de la Grande Guerre : une trêve de Noël sans autorisation se répand sur le front de l’Ouest où le no man’s land ne sépare les tranchées adverses que de quelques dizaines de mètres. C’est dans cette étrange proximité que Français et Anglais sont surpris d’entendre soudain s’élever des chants de Noël, qu’ils entonnent à leur tour dans leur propre langue. De l’autre côté, les Allemands ont installé des sapins et des bougies sur les parapets de première ligne. Hagards et transis de froid, tous finissent par se hisser hors de leurs tranchées pour se serrer la main et échanger des cigarettes. L’escadron de Nissim de Camondo organise une fête le 25 décembre et la journée du 26 est marquée par la visite de son père accompagné de proches, Belle et Benoît.
Mardi 22 décembre
Réveillon.
Jeudi 24 décembre
Fête de l’escadron
Samedi 26, dimanche 27, lundi 28 décembre
Visite de papa, Belle et Benoist.
Du 15 au 21 décembre
La situation sur le front reste stationnaire : « Les communiqués officiels ne nous signalent rien de très important, pas plus sur le front Est de la guerre que sur le front Ouest » (Le Temps, 19 décembre 1914). Toujours au repos, le régiment de Nissim de Camondo cantonne à Galametz, petite commune du Pas-de-Calais située à 10 kilomètres d’Hesdin. C’est là que Nissim organise et reçoit la visite de ses proches ainsi que celle de Léon et Abrahmi et de son épouse Hélène.
Pour venir en aide aux réfugiés belges dont le pays a été envahi par les troupes allemandes malgré la neutralité affichée de ce dernier, la première journée de solidarité nationale consacrée aux Belges est organisée le 20 décembre 1914. L’obole est marquée par un petit drapeau aux couleurs de la Belgique. Pendant une journée, enfants des écoles, dames de la Croix-Rouge, associations familiales, personnel municipal et autres volontaires quêtent à travers les rues des villes et villages de France. Jean Richepin (1849-1926) écrit à cette occasion « Pour les petits drapeaux belges », poème adressé au roi des Belges.
Lundi 14 au Samedi 19 décembre
Visites de maman et de ……..
Dimanche 20 décembre
Visite de Léon Abrahmi, sa femme, son frère etc…. (très gentils).
Du 8 au 14 décembre
Le gouvernement français retrouve Paris après son exil bordelais et la Comédie-Française, fermée depuis le mois d’août, alterne Patrie !, drame historique de Victorien Sardou salué en son temps par Théophile Gauthier et Horace de Corneille où la loyauté et le patriotisme des protagonistes romains peuvent paraître de circonstance aux spectateurs parisiens.
Sur le front, l’intensité des combats semble faiblir. Toujours en retrait à Galametz, entre Arras et Boulogne-sur-Mer, Nissim de Camondo et ses camarades profitent de cette relative accalmie pour se reposer : un véritable « farniente », comme l’écrit Nissim à son père. Le cantonnement demeure cependant très inconfortable et l’hygiène défectueuse. Les hommes doivent faire face à une épidémie de fièvre typhoïde, maladie infectieuse répandue dans les tranchées et contre laquelle ils sont immédiatement vaccinés.
Mardi 8 décembre
Repos. Confection d’œufs brouillés, au beurre noir, frits, pochés, de sauces tomate, béchamel, béarnaise, etc.
Jeudi 10, vendredi 11, samedi 12 décembre
Typhoïde : Gysel, Granée, Riou, Lafon, Lecruelle et Brouca.
Dimanche 13 décembre
Vaccination. Suis malade comme un chien.
Lundi 14 au samedi 19 décembre
Visites de maman et de ……..
Du 1er au 6 décembre
Toujours dans le Pas-de-Calais, Nissim de Camondo assiste avec ses camarades à la remise par le général Foch des insignes de Grand officier de la Légion d’honneur au général de Lastours qui fut notamment attaché à la personne du président Mac Mahon pendant l’exposition universelle de 1878 à Paris.
Près du front, la campagne se couvre de tranchées. Les troupes cantonnent dans des fermes. La nourriture et l’hébergement sont médiocres. L’hiver devient rude, les nouvelles parviennent lentement et l’espoir d’un règlement rapide du conflit s’amenuise.
Vendredi 27 novembre au mercredi 2 décembre
Repos. Letard est nommé officier. Visite d’Hélène Abrahmi.
Jeudi 3 décembre
Repos. Décoration par le général Foch du Général de Lastours et visite de la famille.
Samedi 5 décembre
Départ par une pluie battante et arrivons trempés et glacés à Madringham (journée très dure).
Dimanche 6 décembre
Couchons à Fillièvres. Cantonnement infect.
Lundi 7 décembre
Changeons de cantonnement. Nous nous installons à Galametz (brave femme est cuisinière).
Du 24 au 30 novembre
Du 19 novembre au 5 décembre 1914, le régiment de Nissim de Camondo reste cantonné à Watten, près de Saint-Omer. La guerre semble lointaine et la situation est calme. Cette période de repos loin du feu, bien que monotone, est appréciée de tous. La seule distraction, écrit Nissim, est d’aller à Saint-Omer où stationnent les soldats anglais. La situation stratégique de cette ville y explique la présence du Grand Quartier Général des Armées Britanniques (GQG) installé depuis octobre 1914. Nissim qui a reçu la visite de sa tante Hélène Abrahmi (née Reinach) suggère à son père et à sa sœur Béatrice de venir le voir eux aussi. Il pense également à ses camarades et rappelle, dans l’une de ses lettres, que les colis sont toujours les bienvenus : « quant aux hommes, les gants, chaussettes, cache-nez, passe-montagne, etc… leur feront beaucoup de plaisir car ils n’ont encore rien touché, sauf des tricots il y a un mois ».
Mardi 24 novembre
Repos. Messe.
Mercredi 25, jeudi 26 novembre
Repos.
Vendredi 27 novembre au mercredi 2 décembre
Repos. Letard est nommé officier. Visite d’Hélène Abrahmi.
Du 17 au 23 novembre
Le 17 novembre, le régiment de Nissim de Camondo part pour le front et fait cap vers la mer du Nord. Il s’agit de prendre l’ennemi de vitesse pour contrôler le territoire encore vide de troupes qui s’étend entre l’Aisne, la Manche et la mer du Nord. Puis, il est mis en réserve afin de rejoindre Serques, près de Saint-Omer. Logé confortablement, Nissim profite de ce moment de repos pour écrire longuement à son père et tenter de cuisiner. Sa santé et son moral sont bons. Il apprécie cette pause loin des tranchées, car la pluie a laissé place au verglas et à la neige : l’hiver s’est installé et il gèle à pierre fendre.
Mardi 17 novembre
Départ à 7h30 en vitesse. Faisons 35 kilom. pour retourner au front. Arrivons à 1 heure à Westoutre. Escadron dans une prairie, nous dans une ferme. A 5h ½ sommes remplacés par des renforts d’infanterie et recevons ordre de retourner à notre cantonnement de Ledringhem. Arrivons à 11h du soir après un voyage laborieux (convois, Gal de Lastours en panne, etc.). Total 70 à 80 kilom. pour la peine.
Mercredi 18 novembre
A 8 heures réveil en fanfare par l’officier. Le cycliste n’est pas venu nous réveiller. Tout le régiment est parti depuis ½ heure. On selle en vitesse, mais 3 chevaux déferrés. A 9 heures ½ nous partons par Broxeele et Watten pour Serques au bord du canal. Arrivée 3 heures après les autres ; réception plutôt fraîche du Commandant Danglade. Bon cantonnement ; excellent lit.
Jeudi 19, vendredi 20, samedi 21 novembre
Repos.
Dimanche 22 novembre
Repos. Promenades à Saint-Omer.
Lundi 23 novembre
_ Repos. Carriole, pêche, etc.
Du 10 au 17 novembre
Cantonné sur les hauteurs à quelques encablures d’Ypres, le régiment de Nissim de Camondo assiste à la mise à sac de la ville flamande. Dans les lettres qu’il adresse à son père, le jeune hussard témoigne avec verve des combats qui font rage. D’Armentières au littoral, sur cette vaste plaine où se joue le conflit, la ville résiste malgré la virulence des assauts des troupes ennemies qui l’encerclent presque totalement. Au cours de la semaine, dans le vent, le froid et sous une pluie battante, alors que les combats s’enlisent en faveur des alliés, les villes de Dixmude au nord et de Messines au sud sont reprises. Les positions de chacun des camps se stabilisent et le régiment de Nissim de Camondo, alors en retrait, est au repos. Désormais, les actions se font moins violentes rapporte Le Temps (15 novembre 1914) qui invite le lecteur à s’interroger : « l’ennemi éprouve-t-il de la lassitude après les vigoureux efforts des jours précédents ou attend-il de nouveaux régiments pour renouveler ses attaques ? Peu importe, nous l’avons repoussé et nous le repousserons encore ».
Mardi 10 novembre
Repos.
Mercredi 11 novembre
Montons au moulin (laïus de l’officier belge) d’où on voit admirablement la bataille : les 2 pinces du fer à cheval qui se resserrent sur Ypres. Trainons toute la journée et finissons par aller cantonner à 8 heures du soir à Westoutre par une pluie diluvienne.
Jeudi 12 novembre
Trainons toute la journée par un vent glacial et allons cantonner près de Loire, à Brullebs, derrière le Grand-Moulin (même cantonnement que le 9).
Vendredi 13 novembre
Départ à 7h. du matin et poireautage toute la journée. Allons cantonner à 10 kilom. En arrière derrière Poperinghs tous près d’Abeels. On se débrouille ; bonne ferme. Deschmaker dans le fossé.
Samedi 14 Novembre
Départ à 7h. du matin. Poireautage toute la journée dans notre éternelle prairie entre Poperinghs et Reninghelst. A 4 h. départ et arrivée à 11h30 du soir à Ledringhem au nord-ouest de Cassel (ferme épatante ; difficile à faire ouvrir la porte).
Dimanche 15 novembre
Repos.
Lundi 16 novembre
Repos.
Du 3 au 9 novembre
Le régiment de Nissim de Camondo est à nouveau sur le front et participe à la dernière étape de « La Course à la mer ». Nissim est assez disert dans son journal et, plus encore, dans les nombreuses lettres qu’il adresse à sa famille. On note la finesse de ses observations et la précision de ses renseignements. Sur le front, les premières tranchées sont creusées et font réellement la différence - notamment celles qui disposent de véritables chambres souterraines -, face à la redoutable artillerie allemande (les fameuses « marmites ») qui décime les hommes par dizaines.
C’est au cours de cette première semaine de novembre 1914 que Nissim demande à son père de lui envoyer un appareil photographique, car « il y a des sujets inoubliables à prendre ». Le 5 novembre, surlendemain de la Saint-Hubert, il évoque un « déjeuner excellent » grâce au cochon qu’il a lui-même cuisiné et « servi avec une baïonnette comme si c’était un sanglier ».
Mardi 3 novembre
Retournons en réserve derrière Kemmel. Passons la journée tranquille. A 4 heures recevons brusquement un ordre de combat à pied. Toute la division est engagée pour donner l’assaut à Messines. Faisons 8 kilom ; à pied et passons la nuit à Vulverghem.
Mercredi 4 novembre
Nous sortons du village vers 7 heures (juste à temps à cause des marmites) et nous creusons des tranchées-abris monstres. A la nuit nous réintégrons le village terriblement mitraillé pendant la journée. Beaucoup de blessés surtout cyclistes. Les balles sifflent toute la nuit dans le patelin.
Jeudi 5 novembre
Au jour nous retournons occuper nos tranchées ; nous les agrandissons. On tue un cochon ; déjeuner excellent.
A 3h30 duel d’artillerie et attaque de Messines par nous, par 2 bataillons infanterie (156e) sans succès parce que les chasseurs d’Afrique lâchent.
Même cantonnement au village.
Vendredi 6 novembre
Retournons aux abris et creusons des tranchées de tir à côté. Brouillard à couper au couteau. Dans l’après-midi formidables marmites ; trous effrayants à côté de nous. Le 13e Hussards 10 hommes d’un coup ; 2 Dragons mutilés et enterrés dans tranchée à côté de nous. Les balles sifflent pour rentrer au village ; obligé de m’arrêter un quart d’heure derrière une maison. Enfin nous passons.
Après dîner l’ordre arrive de retourner aux chevaux. Départ à 10h30 ; remplacés par la 1° division. Dure étape : 6 kilom. En montant. Arrivons aux chevaux à minuit et à 4 heures du matin à Boeschepe. _ Lait chaud et dodo.
Samedi 7 novembre
Repos.
Dimanche 8 novembre
Repos.
Lundi 9 Novembre
Repos jusqu’à midi. A 3h départ pour le front remplacer la 10e division ; marche de nuit très désagréable et cantonnement-bivouac à Locre derrière le mont Kemmel. 2 escadrons vont aux tranchées et nous nous restons là la nuit et toute la journée du mardi 10 novembre. Repos.
Du 27 octobre au 2 novembre
Après un cantonnement à Lavantie, à dix kilomètres au nord de la Bassée (Nord), Nissim de Camondo rejoint Borre près de Hazebrouck où la situation est calme. Borre sera en avril 1918 le théâtre de combats très rudes dans le cadre de la Bataille de la Lys. Les questionnements des combattants sont semblables d’un bout à l’autre de la ligne de front, de Gand à Belfort : des négociations sont-elles en cours ? Les Allemands sont-ils découragés par leurs pertes ? Y a-t-il des victoires en Russie ? Les journaux français s’efforcent de livrer des nouvelles positives qui ne rassurent néanmoins pas les soldats. Nissim de Camondo est toujours aussi généreux et s’il demande à sa famille l’envoi de caleçons et de lampe électrique pour lui, il insiste tout autant pour que ses compagnons puissent bénéficier de tabac, cigarettes, pipes ou chocolat. Une semaine de répit s’offre à la division. Les hommes en profitent pour se soigner et reposer leurs chevaux.
Mardi 27 octobre
Reçois ordre rejoindre régiment au Paradis près Calonne. Arrivée 6h. Ils sont partis. Couche là.
Mercredi 28 octobre
Et, le lendemain matin, par Merville et Hazebrouck, rejoins le régiment à Borre.
Jeudi 29 octobre
Repos. Revue de chevaux. Je soigne mes furoncles. Restons à Borre.
Vendredi 30 octobre
Allons jusqu’à Wallon-Cappel. A 2 heures redépart et arrivée à 3h½ à la Crosse sur la route de Saint-Omer à Cassel.
Samedi 31 octobre
Repos.
Dimanche 1er novembre
Repos. Saint-Omer. Départ précipité et bivouac près de Poperinghe en Belgique.
Lundi 2 novembre
En réserve toute la journée derrière Kemmel. Nous retournons bivouaquer au Mont des Gats en France.
Du 20 au 26 octobre
Le 22 octobre, Nissim de Camondo, qui parle couramment anglais, est détaché auprès de l’état-major de la 8e brigade d’infanterie anglaise pour prendre les fonctions d’interprète. Ravi dans un premier temps, il perd très vite ses illusions. Il se sent méprisé par les officiers, ce qui le frustre et lui fait regretter de ne pouvoir exercer cette mission auprès de son oncle maternel, le général britannique Charles Townshend. Mais celui-ci est alors basé en Inde à la tête de la 6e division indienne. Il prend néanmoins plaisir à questionner des prisonniers allemands – dont six ont été capturés le 24 octobre – comme il l’avoue dans une lettre : « Je passe mes journées à interroger les prisonniers allemands. C’est amusant. »
Mardi 20 octobre
Combat à pied sur Fournes (Nord). Très sérieuse contre-attaque allemande. Pluie de balles ; obusiers. Le Pelly, Le Riez. Nous les tenons en respect toute la journée et, remplacés par une brigade anglaise, nous revenons au bivouac derrière Fromelles (maison abandonnée).
Mercredi 21 octobre
Passons toute la journée dans les champs et allons cantonner dans une excellente ferme à Picantin (rue Tilleroy).
Jeudi 22 octobre
On abandonne Fromelles et on établit une ligne de tranchées en arrière.
Suis détaché à la 8e brigade d’infanterie Anglaise.
Nous reculons dans la nuit jusqu’au Bacquerot (Laventie).
Vendredi 23 octobre
Le Général anglais établit son Quartier-Général à la sortie sud-ouest de Laventie. Nous y restons toute la journée. La nuit les Allemands font une violente attaque ; ils sont repoussés.
Samedi 24 octobre
Matinée calme. Je me rase et change de caleçon et chaussettes. Même cantonnement partie sud de Laventie. Nuit très agitée ; forte attaque de nuit. Les Boches brisent la ligne des Gordons. 6 prisonniers ; obligé de faire resseller.
Dimanche 25 octobre
Journée dure pour les tranchées Anglaises. Nuit très calme. Même cantonnement.
Lundi 26 octobre
Journée absolument calme. Même cantonnement.
Du 12 au 19 octobre
Malgré la rudesse des combats, Nissim de Camondo prend le temps de visiter son camarade, le futur diplomate Jacques Truelle, à l’hôpital de Noeux-les-Mines. Blessé à ses côtés lors de l’assaut du village d’Aix-Noulette, il vient d’être amputé de la jambe gauche. Il écrit également à son père et lui fait part des mouvements dans la région où il combat : « Nous sommes ici une masse énorme de cavalerie Française ; plus de 40 régiments. Nous avons essayé de contenir les Allemands sur le front Lille-Lens jusqu’à l’arrivée de notre infanterie et de l’armée Anglaise. Nous sommes arrivés à les retarder par 5 jours de combats à pied continuels, mais non pas à les arrêter complètement. Nous les avons maintenus au-delà de Béthune et maintenant, avec le renfort de l’armée Anglaise qui est arrivée en hâte avant-hier soir, nous sommes en train de nous reporter en avant. »
Lundi 12 Octobre
Départ à 6h30. Marchons sur Chocques et Merville (rencontre du 2e Hussards). Cantonnons à Merville.
Mardi 13 octobre
Départ 7h. Allons passer la journée derrière les territoriaux à Sailly-la-Bourse. Arrivons cantonner à Gavion à 8h.
Mercredi 14 octobre
Départ 5h30. Quitté le régiment et vais voir Truelle à Noeux-les-Mines . Ensuite Béthune (boutiques). Rejoins le régiment à Fosse. Combat à pied toute la journée côte à côte avec les Anglais (corned beef, marmelade). Je pars faire le cantonnement à Busnes (20 kilom.). A 2h. ½ matin on apprend que l’escadron pas remplacé reste combat à pied. Dodo 3h matin.
Jeudi 15 octobre
Arrivée de Nicolas Gastfiled. Retournons retrouver l’escadron à Fosse. Ils ne rentrent que le soir. Pas mangé depuis le 13 au soir. Ont pris 2 villages d’assaut ; couché nuit pieds dans l’eau sans manteaux. Boches en retraite ; beaucoup de morts ; 28 bicyclettes. Sommes remplacés à la nuit. Riez-Bailleul (blessure de Plantin). Sommes cantonnés à 9h à la Rue Quentin entre Pacaut et Calonne-sur-la-Lys.
Vendredi 16 octobre
Départ 8h. Passons toute la journée en réserve à Lestren. Même cantonnement.
Samedi 17 octobre
Départ 8h. Passons la journée en réserve à Laventie. Cantonnons à Calonne.
Dimanche 18 octobre
Départ de Gilet, Dessaux, etc. les cavaliers à pied. Même cantonnement.
Du 5 au 12 octobre
A quelques kilomètres au nord-ouest d’Arras, ravagée par les bombardements, le régiment de Nissim de Camondo affronte directement l’ennemi entre Bouvigny et Merville. Dans les deux camps, on compte par dizaines les hommes grièvement blessés ou morts, les chevaux estropiés ou tués, résultat sinistre de la Course à la mer. Mais cette manœuvre de débordement par laquelle les Alliés en remontant vers la côte, cherchent à prendre l’ennemi à revers, s’enlise. Le front « prend une extension de plus en plus grande vers le nord » sans « aucun point de progrès notable » (Le Temps, 8 octobre 1914). Malgré la mort et la confusion, il y a parfois une lueur d’espoir. Dans une lettre adressée à son père le 8 octobre, Nissim raconte que les dépêches ennemies sont désormais interceptées et décryptées grâce à la capture d’un télégraphiste allemand. Leur contenu révèle que l’adversaire envisage de reculer face à ces « hordes de cavaliers français ».
Mardi 6 octobre
Départ à 7h30. Sommes en réserve jusqu’à midi. A midi nous recevons l’ordre de nous porter sur Bouvigny pour protéger le flanc droit des cyclistes qui attaquent Aix-Noulette (erreurs navrantes de notre artillerie ; maison traversée, moulin). Nous couchons à Aix-Noulette sur le qui-vive.
Mercredi 7 octobre
Départ à 8 h. Recevons l’ordre d’attaquer Notre-Dame-de-Lorette aidés par les auto-mitrailleuses et canons-revolvers de marine. Nos chasseurs cyclistes et des hussards et dragons à pied se portent à l’assaut de Notre-Dame-de-Lorette. Mr de Vanssay est blessé grièvement ; son peloton est fusillé à bout portant (tranchées) ; 3 fois à la crête, 3 fois il doit reculer. Mrs Roland-Gosselin, Massimy sont blessés ; ambulance mitraillée.
2 pelotons de l’escadron sont au château de Noulette ; bombardement, incendie (Mr de Blanchonval).
Nous sommes en tirailleurs dans les jardins ; bombardement formidable. Truelle et Tomasi sont blessés et 6 chevaux, du même obus ; vaches etc. L’infanterie arrive et cantonnement à 11h soir à Avion.
Jeudi 8 octobre
Départ à 6heures. Avons des nouvelles de ce pauvre Truelle ; il a été amputé dans la nuit. Nous nous portons sur Bénifontaine et Billy protéger la gauche du 21e corps (obus dans rue). Nous gardons des ponts sur le canal. L’infanterie allemande est à 200 mètres et l’artillerie à 400 mètres. Nous sommes remplacés à 8h. ½ et nous allons cantonner à Violaines (altercation pour les lits ; maison du curé).
Vendredi 9 octobre
Les Dragons se sont battus toute la nuit à Berclau (4000 cartouches). Nous allons remplacer le 8e Hussards à Billy (barricades, mitrailleuses). Les Cuirassiers n’ont pas le temps de s’installer à Berclau (auto-mitrailleuse) ; ils se replient faisant tomber tous les ponts du canal. Les salauds !
Finalement nous sommes remplacés par la 1e division et nous allons nous reposer toute l’après-midi dans un champ derrière Cambrin (A. de Chaponay). A 10h du soir nous arrivons cantonner à Béthune (merveilleux magasins ; conserves, linge, etc.).
Samedi 10 octobre
6h. Préparatifs de défense de Béthune. Même cantonnement à 7h du soir.
Dimanche 11 octobre
Départ 6h. Direction Locon et Hinges. Nous nous barricadons jusqu’à l’arrivée de 2è corps d’armée Anglais. Arrivons cantonner à minuit ½ à Barlin. Zut !!! Sale étape ; perte de mon shako ; couchons au bistro.
Lundi 12 octobre
Départ à 6h30. Marchons sur Chocques et Merville (rencontre du 2e Hussards). Cantonnons à Merville.
Du 29 septembre au 5 octobre
« On se bat autour d’Arras », titre Le Gaulois, le samedi 3 octobre 1914. La bataille d’Arras débute le 1er octobre, l’armée française tente de déborder l’armée allemande pour l’empêcher de se déplacer vers la Manche, lors de la « course à la mer ».
Pendant plusieurs jours, le 3e régiment de hussards auquel appartient Nissim de Camondo intervient dans les combats.
L’engagement de Boiry-Becquerelle, le 30 septembre, fait partie d’une série d’actions destinées à contenir autant que possible les Allemands à l’est d’Arras. Au cours de l’attaque du moulin de Saint-Léger, le régiment est touché par un deuil, le commandant Carrière reçoit une balle en pleine poitrine. Dans une lettre à sa sœur, Nissim de Camondo écrit : « Hier le Commandant Carrière a été grièvement blessé (ou tué ?) et fait prisonnier, pauvre diable ».
Le 2 octobre, Douai est envahi par les Allemands qui menacent désormais Arras.
L’échec français à repousser l’offensive allemande se termine par la prise de la ville de Lens le 4 octobre. Le 5 octobre, Arras allait subir les horreurs du bombardement.
Mardi 29 septembre
A 4h départ. Réveil en fanfare. Passons encore plus à l’aile gauche. Arrivons à 6h à St-Léger-les-Authies.
Mercredi 30 septembre
Départ à 7h. Marchons toute la journée ; Brouca et Riou restent en route. Passons à Arras et de là redescendons sur Mercatel et Boiry-Becquerelle. Contact : le Commandant Carrière est tué ou grièvement blessé et fait prisonnier devant St Léger. Nous revenons cantonner à Neuville-Vitase.
Jeudi 1er octobre
Nous partons en découverte (le 4e escadron) dans la direction de Croisilles. Impossible d’y arriver ; fusillades, chute du chef Becker ; nous sommes canonnés par notre propre artillerie ; c’est très désagréable (meule). L’infanterie vient nous remplacer et nous arrivons cantonner à minuit à Thelus. Bonne maison.
Vendredi 2 octobre
Départ 5h du matin. Allons à l’est d’Arras du côté de Feuchy. Bataille très importante tout autour au sud et à l’est d’Arras. Incendie de Gravelles. Arrivons cantonner à 12h à Anzin-St-Aubin.
Samedi 3 octobre
Départ à 5h. Allons à Lens. (Coup de pied de mon cheval). Passons la journée à Avion et reculons cantonner à Angres après avoir dîné avec les officiers à Souchez. (Bon lit ; grand père « vieux fourneau »).
Dimanche 4 octobre
Départ 5h. L’artillerie est dans les jardins. Sommes soutien d’artillerie toute la journée. On canonne sérieusement les Boches qui débouchent à la sortie d’Avion et de Lens (formidable incendie de mine). Nous recevons l’ordre de tenir les hauteurs de Givenchy le plus longtemps possible.
A 10h du soir, après un assaut à la baïonnette mené vigoureusement contre Givenchy, Angres, etc. et nos territoriaux ne tenant pas une minute, nous sommes obligés d’emmener nos batteries en arrière (charge à pied des dragons la lance à la main). Nous traversons Neuville-St-Vaast et allons bivouaquer à 4h du matin derrière Mont-St-Eloi. Ces cochons de territoriaux tirent sur notre Génie.
Lundi 5 octobre
Les Boches bombardent Neuville-St-Vaast. Nous prenons une position en arrière ; nous ne tirons pas et, par Villers-au-Bois, Camblain et Boyelles, nous allons cantonner tout près de Hersin, à Coupigny.
Du 22 au 28 septembre
Les combats s’intensifient et se durcissent dans la Somme et l’Oise. Afin de repousser l’ennemi allemand, l’ordre est donné d’attaquer Fouquescourt. Pendant plusieurs jours, le village est noyé sous les tirs de « 75 » et « brûle comme une torche », écrit Nissim de Camondo dans son journal. Le poète Raymond Genty utilisera la même métaphore dans son témoignage paru en 1917 sous le titre : La Flamme victorieuse. Trois étapes du 20e corps : Haraucourt, Fouquescourt, Hébuterne.
Au matin du 25 septembre 1914, Fouquescourt n’est plus qu’un charnier. Jeune vétérinaire aide-major, Etienne Létard est lui aussi bouleversé par cette vision funeste : « La mort, minutieuse et libérale, n’a pas oublié un coin, s’ingéniant à varier les marques de son passage, à démontrer la multiplicité de ses fantaisies. » (Trois mois au premier corps de cavalerie 1919).
Mardi 22 septembre
Notre infanterie entre à Roye. Départ à 7h. Faisons l’avant-garde du régiment direction Marquivillers, l’Echelle-St-Aurin. Franchissons l’Avre et nous installons en halte gardée au-delà. Escarmouche : 6 ou 7 boches caput. Cantonnons à Lignières (chambre aux rats).
Mercredi 23 septembre
Départ à 7h. Marchons sur Guerbigny, Andechy, Fresnoy-lez-Roye, Liancourt. Nos dragons nous rejoignent ; nous formons un corps de cavalerie, 3e, 5e et 10e, sous les ordres du Général Conneau. Restons en observation toute la journée dans les environs de Fonchette (passage à niveau, état-major, 6 prisonniers dans une citerne). Arrivons au cantonnement à 9h. 1 ; froid glacial, à Maucourt. Bon dîner, bonne nuit, excellentes frites.
Jeudi 24 septembre
Départ à 5h30 direction Lihons (chaussettes), Chaulnes, Marché-le-Pot. (Avant-garde avec cyclistes ; escarmouche ; fuite honteuse de Leduc). Je ramène un cheval. La division se replie sur Maucourt. Violente canonnade. Grosses colonnes allemandes descendant sur Roye. Nous les canonnons et nous allons cantonner à Fouquescourt.
Vendredi 25 septembre
Violente fusillade toute la nuit. Nous évacuons le village et nous faisons du combat à pied toute la matinée. Le 14e et le 20e corps arrivent enfin et nous dégagent. Canonnade terrible. Fouquescourt brûle comme une torche ; les Allemands y tiennent cependant toute la journée malgré un bombardement inimaginable. Nous cantonnons à 8h du soir à Beaufort.
Samedi 26 septembre
A l’aube notre infanterie occupe Fouquescourt que l’ennemi a abandonné dans la nuit. Le spectacle est inimaginable : monceaux de cadavres allemands, caissons sautés, moutons et vaches déchiquetés ; tirailleurs français morts à leur poste aux abords du village ; des bras, des jambes partout. Nous occupons à pied la route Vrely-Rouvroy toute la journée jusqu’à 7h du soir. Même cantonnement.
Dimanche 27 septembre
Retournons au même emplacement. Ordre du jour du Général Joffre : « Notre étreinte se resserre ; la bataille est engagée dans des conditions favorables ». Il y a eu bataille toute la nuit. Maucourt est à nous ; Lihons et Fouquescourt aussi. Mais Chaulnes, Hallu, Hattencourt sont à eux. Il y a, paraît-il, une division qui marche sur Chaulnes et Nesle pour les rabattre. Péronne est à eux (petit effectif) ; mais le corps de Cavalerie a tourné Péronne et leur a pris une batterie du côté de Vermand. Même cantonnement à Beaufort.
Lundi 28 septembre
Nous retournons à Vrely faire les fantassins. Nous travaillons toute la journée à creuser des tranchées sous les ordres du Génie.
On parle de nous mettre tous définitivement à pied !!!!
A 6h du soir, enfin, on part pour Berteaucourt-lez-Thennes, 5 kilom. Sud-est de Boves.
Du 15 au 21 septembre
La pluie et le froid qui s’abattent sur la Picardie en cette mi-septembre rendent la marche des troupes pénibles. « Qu’est-ce que sera cet hiver ? » écrit Nissim de Camondo à son père alors qu’il cantonne à Remaugies dans la Somme avec des déplacements incessants entre ce département et celui de l’Oise.
Couvrant alors le flanc gauche de l’armée française, le régiment avance, tentant d’endiguer la progression allemande en direction de l’ouest et de Paris.
Alors que Le Temps titre l’incendie de la cathédrale de Reims par les troupes allemandes, « sonnant le glas dans le cœur de tous les français », la troupe est à Noyon où les combats sont particulièrement difficiles et Nissim de Camondo déplore pertes et blessés dans son entourage. Située à cent kilomètres au nord de Paris, la ville devient symbole de l’imminence de la menace selon Georges Clémenceau, alors président de la commission de l’armée au Sénat.
La situation s’enlise et la guerre de mouvement laisse progressivement place à une guerre de position.
Mardi 15 septembre
Départ à 6h. On se porte sur Noyon. A 6 kilomètres nous tournons à gauche et nous dirigeons sur Bussy. Grosses colonnes allemandes ; sommes canonnés et nous échappons à grand peine.
Cantonnons de nouveau à Vandélicourt.
Total : 12 manquants au 3e escadron dont Aumont.
Mercredi 16 septembre
Attaque de l’auto de Lebel. Suis chargé d’aller le chercher. Je le ramène à la division et circule avec toute la journée. Provisions.
Cantonnement à Estrées-St-Denis. Redépart une heure après et cantonnement bivouac à Rémy à 12h du soir.
Abandon de Lafon ivre-mort.
Jeudi 17 septembre
Pluie battante ; 3heures sur place sans bouger ; grelottons ; vent terrible. L’escadron se met à l’abri dans une ferme. Bon déjeuner à 3h après-midi. Cantonnement de bonne heure à Moyenneville.
Vendredi 18 septembre
Départ à 8h. Passons presque toute la journée dans un champ à St Maur (Oise). Cantonnement d’alerte aux avant-postes à Cuvilly. Excellent dîner.
Samedi 19 septembre
Départ à 17h15. Retour à St Maur (rassemblement de la division). Restons en place jusqu’à 1h. A 1h nous nous portons en avant et allons cantonner à Orvillers. Escarmouche à 4h ; charge ; 4 prisonniers, 2 tués (15e Dragons Allemand). Vent épouvantable ; froid noir. Très bon dîner. Assez bon matelas ; froid.
Dimanche 20 Septembre
Départ à 6h30. Passons à Conchy-les-Pots et restons toute l’après-midi, l’escadron détaché aux Loges et à Crapeaumesnil. Nous tiraillons sur des patrouilles. Nous apprenons que la division se replie sur Biermont et nous retournons cantonner à Orvillers.
Lundi 21 Septembre
Temps nuageux ; averses. Grosse canonnade dans la direction de Lassigny. Dans l’après-midi nous nous portons sur Boulogne-la-Grasse (ignoble château genre Pierrefonds) Fescamps et Grivillers (escarmouche M.Veillard-Virieux 5 contre 10 ; 4 boches par terre, aspirant). Cantonnement à Remaugies.
Du 8 au 14 septembre
Alors que son escadron quitte la région parisienne - Nissim de Camondo a ainsi pu revoir sa mère la semaine précédente - la bataille s’intensifie, cette longue et terrible bataille dont le vacarme s’entend de Meaux à Crépy. Les conditions s’avèrent difficiles, les paysages et villages sont désolés. Nissim est en ces jours plus disert que précédemment. Laissons-le raconter, d’autant qu’il termine sur une note positive à la fin d’une de ces journées harassantes et toujours périlleuses.
Mardi 8 septembre
Péroy les Gombries. Départ à 6h30. Repassons le chemin de fer à Macquelines ; allons jusqu’à Lévignen et envoyons des patrouilles sur le front Gondreville Cuvergnon pour renseigner l’artillerie qui reste ici à Levignen.
David cheval tué.
A 10h du soir entrée à Crépy abandonné par l’ennemi. Gros approvisionnement pris à la gare. Jambon Olida, souliers etc. Bonne nuit dans une ferme à Mermont. A 5h du matin surprise par Dragons Allemands ; ils ont un blessé et un prisonnier. Reculons sur Ormoy-Villers. Crépy réoccupé par l’ennemi. On parle de grosses colonnes ennemies descendant du Nord par Le Fresnoy et Rosières. Brusquement, vers 4heures, attaque du convoi entre Ormoy-Villerss et Nanteuil leHaudoin. La division dispersée ; nous échappons par miracle en traversant par les bois et par Peroy. Les blessés ; Dr Chastel, infirmiers. Reculons et bivouaquons à Lessart près Marchémont.
Mercredi 9 septembre
Mauvaise nuit. Je patrouille à cheval jusqu’à 2h et couche dans l’herbe. Bonne omelette et fromage.
Jeudi 10 septembre
Repos jusqu’à 12h et allons cantonner à Baron (Ambulance internationale).
Vendredi 11 septembre
La division marche vers Béthisy-St-Pierre. Je suis détaché en reconnaissance avec Fraguier, sur Compiègne. A Gilocourt la forêt est défendue par des tranchées et nous ne pouvons pas passer. Couchons là. (Gal de division d’Infanterie).
Samedi 12 Septembre
Réveil à 3h30. Partons sur Compiègne à travers bois par les Grands-Monts, Les Princesses, Le Puits du Roi. Reconnaissons Compiègne encore légèrement occupé. Boches en retraite.
Retournons à Béthisy-St-Pierre et apprenons que la division traverse l’Oise à Verberie sur un pont de bateaux et se dirige sur Estrées-St-Denis. Nous ne pouvons pas la rattraper et nous couchons à Rémy. Nous rencontrons une partie de la division provisoire.
Dimanche 13 Septembre
Passons à Estrées-St-Denis ; rejoignons la division et allons cantonner à Vandélicourt. Nuit excellente.
Du 1er au 7 septembre
Nissim de Camondo entame sa semaine à Noailles avant que son régiment ne poursuive son recul comme l’ensemble des troupes engagées dans la bataille des frontières. Les hommes se perdent en conjectures au regard des mouvements qui leur sont demandés. Ils sont désormais revenus à moins de 50 kilomètres de Paris. Nissim ne le mentionne pas dans son journal, mais il est cité à l’« Ordre du 1er septembre 1914, n°4 : SOUS LIEUTENANT DE CAMONDO. Le 21 Août 1914, étant en patrouille de découverte avec quatre cavaliers, reçu à coups de fusils au village de Mellet, l’a contourné, mit pied à terre sous le feu pour relever un hussard tombé avec son cheval et au retour a abordé résolument une patrouille allemande de onze cavaliers qu’il mit en fuite. »3.
Mercredi 2 Septembre
Départ de Noailles à 7h30. Arrivée à 5h à Saint-Lubin, petit trou infect. Garde-chasse.
Jeudi 3 Septembre
Départ brusque à 4h. Chaleur étouffante. Traversée de la Seine à Meulan sur les ponts tout minés. Cantonnement à Aubergenville près d’Epone.
Vendredi 4 Septembre
On apprend le départ de Paris du Gouvernement. Je me lève à 8heures. Temps magnifique. On parle d’aller embarquer pour Anvers.
Samedi 5 septembre
Départ à 4h du matin. Route par grosse chaleur. Epone, Houdan et on arrive à Trappes. Bon cantonnement. Beaucoup d’infanterie territoriale.
Dimanche 6 septembre
Départ à 4h. Traversée de Châteaufort, Versailles, Viroflay, Sèvres, Paris, Aubervillers, Pantin, le Blanc-Mesnil. (Maman, poulet froid). Cantonnement infect maison abandonnée.
Lundi 7 septembre
Départ à 4h. Offensive générale ; grosse bataille ; nous sommes à l’aile gauche. Il paraît qu’hier vers Meaux il y a eu un gros engagement. Nous retrouvons la section et le Docteur Chastel. Il paraît que ce pauvre Flahaut a été tué. On nous raconte ce qu’a fait la division provisoire depuis le 19 ; combats de Verberie, Chamant, Fontaine-les-Corps-Nuds, etc. Nous traversons le Plessis Belleville ; pillage inouï des Allemands. Silly le Long. A Nacquelènes, après le chemin de fer, nous sommes terriblement canardés. Grosses pertes de chasseurs à cheval (5° et 15°) ; Incapacité de notre commandant de cavalerie ; c’est honteux ; pas le sens du terrain. Nous reculons un peu et bivouaquons un peu au nord-est de Nanteuil. Pas une goutte d’eau. Sommes ravitaillés avoine et pain à 3h du matin.
Du 25 au 31 août
Au cours de la retraite menée par les Alliés, alors qu’au Cateau-Cambrésis les Britanniques retardent la progression des Allemands au prix fort, les régiments français d’infanterie sont malmenés à Valenciennes, Tournai et Cambrai. Aux alentours d’Heudicourt (Somme), l’escadron du régiment de hussards auquel appartient Nissim de Camondo s’engage à pied contre les Allemands dont l’artillerie de campagne, en effrayant les chevaux de la compagnie, favorise largement la progression. Le lendemain, le régiment passe la Somme alors que l’ennemi pilonne les villages alentours, mais observe que les ponts ne sont plus tenus par les Alliés et se replie. Le soir même, parmi les voitures transportant les soldats blessés, les habitants éprouvés fuient les villages en feu. Tous avancent plus au sud-est, vers Chaulnes, où les hussards passent la nuit avant de battre en retraite le 30 août. En cette fin d’été, malgré les offensives remportées en Lorraine ou plus loin par les Anglais ou les Russes, les gros titres confirment que, « sur toute la ligne, la bataille continue » (Le Gaulois).
Mardi 25 août
Départ pour Aubencheul. Recherche du 3e escadron à Locquignol ; 90 kilomètres. Retraite de deux divisions anglaises sur le Câteau.
Mercredi 26 août
La division se porte vers Cambrai et canarde l’ennemi. Les Allemands sont à Vanbray. A 4h on doit charger, mais rien.
Cantonnement à Heudicourt.
Jeudi 27 août
Une heure après départ, les Prussiens occupent Heudicourt. Combat à pied ; terriblement canardés. 3e escadron chevaux échappés ; mitrailleuse, cuirassiers perdus etc. Retraite sur Péronne et cantonnement à Herbecourt à 10h du soir.
Vendredi 28 août
Alerte dans la nuit à Herbecourt. Sortie et bivouac à 3 kilomètres. Retour 3h du matin. Pont pris par les Prussiens. Départ 6heures. Rassemblement corps Cavalerie entre Péronne et Saint-Quentin, en arrière. Léger engagement d’artillerie. Reconnaissons Mons-en-Chaussée au galop ; c’était une folie. Arrivons au cantonnement vers 6heures ; impossible d’y rester ; feu nourri à 1500 mètres ; alpins en déroute. Nous faisons arrière-garde et passons la nuit sur la place à Chaulnes.
Samedi 29 août
Arrivée à Méharicourt à 6h du matin . Passé 3h à trouver de la viande et de l’avoine. Remonté à cheval à 9heures. Reconnaissance avec Fréguier ; premier combat sabre ; bûche genou. Patrouille toute la journée. Hussards de la mort. Division provisoire. Retour, excellent dîner à Moreuil. Arrivée 11heures Mailly-Raineval.
Dimanche 30 août
Repos ; nettoyage en plein air ; pas changé de linge depuis neuf jours. Je fais le veau dans prairie. On dit que l’aile gauche allemande est déjà à Noyon ; cela devient vraiment grave. A 1h, brusquement, départ escadron détaché ; observatoire meule de paille ; combat d’artillerie. Reculons et cantonnons à Faillard ; arrivée à 11h du soir.
Lundi 31 août
Départ à 6h30. Nous traversons Breteuil, Fouquerolles, Laversines et Rochy et arrivons à Noailles où nous sommes admirablement reçus. (En passant à Rochy-Condé Loulou Nanteuil donne ses chevaux au 3e escadron).
Du 18 au 24 août
Les hommes poursuivent leurs déplacements à pied ou à cheval selon les circonstances. Nissim de Camondo signale d’ailleurs par lettre avoir « usé déjà deux chevaux ». Les hommes des différents corps avancent à tour de rôle et quand la cavalerie cesse, ce sont les fantassins et l’artillerie qui prennent les avant-postes. La différence entre l’armement allemand et le canon français de 75 est notée par les combattants. Première pièce d’artillerie à compenser le mouvement de recul occasionné lors du tir, le "75", précis, mobile et doté d’une cadence de tir élevée, est particulièrement efficace en cette guerre de mouvement et les obus tirés atteignent leurs cibles avec une grande régularité.
Si le terme d’« escarmouche » est passé dans le langage courant, il est effectivement dans son sens premier un « combat entre des corps détachés ou entre des tirailleurs » (dictionnaire Littré) et c’est un mot que l’on retrouve souvent dans les récits de la Grande Guerre.
Mardi 18 août
3h du matin départ pour Sar, St Laurent. Incendie des chevaux de Mr de Metz.
Mercredi 19 août
Repos.
Jeudi 20 août
Traversée de Charleroi, Courcelles ; arrivée à 9h soir Pont-à-Celles. Fusillade ; on se retranche dans une ferme.
Vendredi 21 août
Escadron de découvertes : uhlans, patrouilles, félicitations, obus, fusillade, ponts coupés, galopade. Ct Carrière ; Lieutt d’Argenlieu escarmouche premier blessé, cuisse cassée coup de feu. Légère retraite ; nous canardons notre ancienne ferme.
En route : Piéton, Carnières. Halte de 10h à 12h sur la route. Arrivée à 7h du matin à Merbes-Sainte-Marie. Premiers Anglais.
Repos.
Dimanche 23 août
Garde d’un pont ; tir sur aéroplane. (Rencontre de Colnard).
A 4h on quitte le terrain. Maubeuge ; cantonnement à Hargnies.
Lundi 24 août
Départ à 3h après midi ; arrivée à Berlainmont à 6h. (Plantain).
Du 11 au 17 août
Dans les lettres qu’il adresse à son père, Nissim de Camondo évoque avec ardeur, l’accueil « inimaginable » du peuple belge. Alors que des centaines de milliers de civils prennent le chemin de l’exil, les combats s’intensifient aux frontières franco-belge et franco-allemande. Les attaques éclair allemandes se multiplient, forçant la 3e division de cavalerie à cantonner de ville en ville. Les troupes sont épuisées mais le moral est sauf. Le 15 août, lors de la bataille de Dinant survenue à l’aube, Charles de Gaulle, un jeune lieutenant de l’infanterie de 24 ans, est blessé. Nissim signale la mort d’un de ces cavaliers lanciers qui pouvaient être originaires de Prusse, de Saxe, du Wurtemberg ou de Bavière. Le Gaulois du 17 août 1914 relève : « Cette attaque, menée avec un brio magnifique, a bientôt amené les Allemands à reculer […]. L’élan admirable de nos troupes a enthousiasmé les Belges. »
Mardi 11 Août
Départ à 5h, escorte train de combat. Haut-Fays. Capitaine Esnault-Pelterie. Cantonnement ignoble à Naomé.
Omelette 18 frs ; dodo corps de garde.
Mercredi 12 août
Grande ballade ; recherche division ennemie ; chaleur torride ; abandon cheval de troupe. (Bernard, Paul Murat).
Cantonné à Vonêche ; soupe prête.
Jeudi 13 et vendredi 14 août
Repos ; de garde au château.
Samedi 15 août
A 2h du matin départ. Beauraing. Soutien d’infanterie ; patrouille.
Bataille de Dinant. Enterrement d’un Uhlan comme un chien.
Passage de la Meuse à Hastière.
Cantonnement à 1heure du matin. (12 kilom. de trop). Bon lit.
Dimanche 16 août
On rejoint le régiment. Orage diluvien ; cheval déferré.
Cantonnement à Novechamps.
Lundi 17 août
Repas froid ; 12h à Leroux.
Cantonnement à Fosse.
Du 4 au 10 août
Alors que la mobilisation générale se poursuit dans « l’enthousiasme » rapporte Le Temps, les Allemands entrent en Belgique pour atteindre la France. L’état de siège est déclaré, l’ennemi avance. Pour autant, le moral des Alliés est bon. Les assauts réguliers des troupes françaises mettent l’adversaire en déroute et l’oblige en partie à reculer jusqu’à Aix-la-Chapelle ; à Liège, les pertes sont importantes du côté allemand ; le 9 août, Altkirch et Mulhouse sont reprises par les Alliés ; en outre, et comme Nissim de Camondo en fait l’expérience, les escarmouches victorieuses se multiplient et passent pour « un symptôme […] de l’avantage que nous avons pris » explique la presse française. En Belgique, on célèbre donc les soldats alliés et on salue la situation comme une première victoire. Cependant, autour de Liège et dans la région de l’Eifel où cantonne la compagnie de Nissim, les « troupes allemandes semblent se refaire et se réapprovisionner », le vent s’apprête à tourner.
Mercredi 5 août
Départ pour Le Daincourt (Charleville et Mézières)
Jeudi 6 août
Par Floing et Bouillon, entrée en Belgique (femmes, drapeaux, ovations). Cantonnement à Ucimont.
Vendredi 7 août
Autobus, premier contact, pluie battante. Cantonnement à Gozin près de Beauraing.
Samedi 8 août
Randonnée vers Liège, par Ciney. Premiers prisonniers ; escarmouches.
9heures soir : 3hommes perdus. Passage triomphal à Ciney. Bivouac à Modave, près Ciney.
Dimanche 9 août
Retour à Gozin. Chaleur torride. 160 kilom. En 30 heures.
Lundi 10 août
Repos.
Du 1er au 2 août 1914
Après avoir engagé le conflit contre l’Autriche-Hongrie et la Serbie le 28 juillet, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie le 1er août et, le lendemain, à la France et à la Belgique. Avant même la mobilisation générale, Nissim de Camondo rejoint son régiment de hussards à Senlis. Cavalier confirmé, il fait partie du corps de cavalerie du général Sordet et part vers l’est avec le 4e escadron dont le capitaine Gabarrot assure le commandement : 165 kilomètres jusqu’à Auvillers-les-Forges, puis 2 kilomètres jusqu’à Foulzy dans les Ardennes.
C’en est fini de la paix, même si ces premiers jours sont étonnamment calmes. Le 3 août, Nissim écrit une première lettre à son père « […] Je ne peux pas me figurer que je suis à la guerre. Tout se passe comme en manœuvre et le moral est merveilleux. […] »
A l’arrière, en ce début du mois d’août, nombre de particuliers inscrits dans les colonnes « patriotisme et charité » du Gaulois, dont le baron Henri de Rothschild ou la danseuse Isadora Duncan, transforment demeures privées et hôtels particuliers en hôpitaux militaires.
Samedi 1er août
Départ du régiment (4e escadron).
Dimanche 2 août
2e échelon ; débarquement à Auvillers ; Cantonnement à Foulzy jusqu’au 5.