Paul Poiret (Paris, 1879 - id., 1944)
Atelier Martine (Paris, 1911 - id., 1926-1929)
1915
Tête et corps en chiffon recouvert de satin de soie ; les traits du visage sont brodés aux fils de soie ; veste longue en lainage garnie d’un ceinturon en cuir verni ; jupe en taffetas de soie ; chaussettes en maille ; calot en taffetas de soie. H. : 0,54 m. France - Prov. : Famille Paul et Denise Poiret.
Inv. 2005.42.1
Achat. Acquis grâce au mécénat de l’association Naja
© ADAGP, Paris, 2011

Le 1er avril 1911, le couturier Paul Poiret ouvre l’école Martine, qu’il baptise du nom de sa seconde fille, qui vient de naître. Marguerite Gabriel-Claude, la femme du peintre Paul Sérusier, qui enseigne la décoration dans plusieurs écoles de Paris, se voit alors confier la tâche de guider quelques adolescentes, recrutées dans les milieux les plus simples, dégagées de leurs obligations scolaires et sans la moindre formation artistique, en les laissant libres de travailler d’après nature au gré de leur imagination. En 1917, l’école compte sept « petites Martine », comme les appelait Poiret. Leurs travaux sont exposés dans l’atelier et certains sont récompensés et édités. Les « Martinettes » participent à l’aménagement de salons, de chambres à coucher, de chambres d’enfant, créent des motifs floraux et végétaux pour des papiers peints et dessinent du mobilier. Elles réalisent également des poupées-pantins.

La production de l’Atelier Martine est vendue dans la boutique de décoration qui porte le même nom et ouvre ses portes fin 1911 au 83, faubourg Saint Honoré. La décoration en est confiée à Madame Sérusier.

Le pantin L’Ecossais date de 1915. La même année, le 25 septembre, six divisions de l’armée britannique attaquent la ligne de front allemande qui s’étend du canal de la Bassée à Lens. L’objectif était un terril plat qui donnait aux allemands un point de vue excellent dans toutes les directions. La capture de ce terril fut ordonnée par la 9e division (d’Ecossais) sous les ordres du nouvel officier commandant, le Général Thesiger. Mais la 9e division subit une contre-attaque allemande féroce et doit rebrousser chemin. Le Général Thesiger, âgé de 46 ans, mourra au front.

Cet épisode de guerre aurait-il retenu l’attention des « petites Martine », qui auraient rendu hommage aux soldats écossais vêtus d’un kilt, d’une veste fermée par des boutons-boule et garnie à la taille d’un ceinturon, de chaussettes mi-mollet ; de souliers recouverts en partie par des guêtres blanches boutonnées et d’un casque ? De toute évidence, le soldat écossais coïncide parfaitement avec la création ce pantin-écossais.

Paul Poiret devait se réjouir de cette production de pantin édité en nombre limité, puisqu’il créait également des marionnettes ou habillait celle de son ami Georges Lepape. Une marionnette datée de 1916 et habillée par Poiret (inv. 987.266), ainsi qu’une poupée-jeune fille de Lepape (inv. 993.114), font partie des collections du département Jouets.

Dorothée Charles, conservatrice au Musée des Arts Décoratifs - département des jouets

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