Rassemblant près de 130 pièces uniques, l’exposition « Verre à Venise, 3 artistes, 3 visions », organisée au MAD en collaboration avec la Galerie Barry Friedmann de New-York, rend compte du travail de trois des plus talentueux créateurs œuvrant aujourd’hui à Venise : Cristiano Bianchin, Yoichi Ohira et Laura de Santillana. Chacun d’eux revisite le verre de Venise et offre trois approches originales d’un art millénaire. Ces œuvres sont mises en scène par le designer Eric Benqué, qui s’est attaché à présenter leur travail dans leur singularité.

Dans les années 1970 certains ont pu croire que la longue et magnifique tradition de création du verre de Venise était quelque peu moribonde, mais depuis, revitalisée par des échanges internationaux très fructueux, elle montre un nouveau visage et donne à nouveau au monde de l’art et du design de nombreux chefs-d’œuvre.

Cristiano Bianchin, Yoichi Ohira et Laura de Santillana, bien que ne pratiquant pas de leurs mains l’artisanat du soufflage, sont parmi les meilleurs connaisseurs de cette tradition millénaire. Leurs propositions très contemporaines et très personnelles sont rendues possibles par la contribution et la complicité des meilleurs Maestro, souffleurs ou graveurs de verre, dont Venise peut encore s’enorgueillir. Précieux, sensuels, expressifs, ces objets, sculptures, vases ou flacons nous montrent des formes inattendues, des matières inédites et des couleurs rares ou étonnantes, mais ils nous confrontent aussi à trois visions de créateurs contemporains, à trois démarches exigeantes, à trois personnalités fortes qui ont choisi le verre comme matériau de prédilection.

Cristiano Bianchin

Né en 1963 à Venise où il vit et travaille, Cristiano Bianchin a été formé à l’Académie des Beaux-Arts sous la direction du peintre Emilio Vedova. Il débute ses projets verriers grâce aux bourses de recherche de la fondation Bevilacqua La Masa. Depuis les années 1990, le verre a pris une place de choix dans sa démarche artistique. Il expérimente de nombreuses techniques de la tradition vénitienne et fait des choix de couleurs originaux, privilégiant les demi-teintes ou des contrastes binaires comme le noir et blanc. Il utilise aussi cette matière inhabituelle qu’est le verre noir opaque en lui donnant une profondeur et une sensualité très personnelle. La manière dont il associe ses travaux textiles, généralement des fils de chanvre travaillés au crochet, avec les éléments en verre soufflé est à l’origine de propositions formelles inédites, d’une forte tension expressive. Les « objets trouvés » souvent associés à ses sculptures ou à ses « Urnes » contribuent à l’effet saisissant de ses créations et à la dimension rituelle de ses objets, parfois rassemblés en compositions, installations ou « natures mortes ».

Pour en savoir plus sur l’œuvre de Cristiano Bianchin

Yoichi Ohira

Né au Japon en 1946, Yoichi Ohira reprend, après une formation de design à Tokyo, des études à l’académie des Beaux-Arts de Venise où il vit depuis les années 1970. Durant les années 1980 il collabore avec la manufacture De Majo de Murano pour laquelle il crée des vases et des verres d’une élégance classique. Depuis le début des années 1990, il se consacre exclusivement à la création de pièces uniques en collaboration avec les plus grands maîtres de la tradition vénitienne. Pendant plus d’une décennie, il joue avec des couleurs vives, des polychromies très riches et des matières le plus souvent opaques. Il intègre à son répertoire les effets de matières et de surfaces obtenus par la gravure à la roue, manipule avec brio la technique sophistiquée des « murrines »1, ouvre parfois des « fenêtres » transparentes dans les surfaces colorées et donne à ses objets de petites dimensions des proportions souvent imposantes. A partir de 2008, il réalise des formes entièrement transparentes, parfois seulement soulignées d’un filet de couleur au col. Massives, monumentales, sculpturales, ces pièces jouent d’un rapport dynamique inédit entre la forme organique de la bulle d’air, vue par transparence et l’enveloppe extérieure fortement structurée par des surfaces taillées à angles vifs.

Pour en savoir plus sur l’œuvre de Yoichi Ohira

Laura de Santillana

Née en 1955, petite fille de Paolo Venini le fondateur de la célèbre manufacture de Murano et fille de l’architecte Ludovico de Santillana qui dirige Venini après 1959, Laura de Santillana se trouve, dès ses années de formation, au cœur des tendances les plus modernes du verre vénitien. Elle étudie à New-York, à la School of Visual Arts, travaillant et se formant aussi aux côtés du designer Massimo Vignelli. La verrerie familiale édite certains de ses modèles à partir de 1975 et elle y favorise les contacts avec une nouvelle vague de créateurs venus des Etats-Unis. Riche de ces expériences, c’est cependant une autre aventure qui débute pour elle lorsque le contrôle de l’entreprise échappe à sa famille : elle devient alors une artiste indépendante, qui collabore ponctuellement avec les meilleurs maîtres souffleurs de Murano, développant de nouvelles recherches techniques, formelles et esthétiques. Coloriste d’une grande subtilité, elle est parfois proche d’un univers pictural abstrait à deux dimensions mais elle invente aussi des formes très sculpturales qui évoquent un univers organique- fruits, corps, bulbes - souvent à la limite entre abstraction et figuration.

Pour en savoir plus sur l’œuvre de Laura de Santillana

1Murrine : le sens italien moderne est passé dans la langue technique aussi bien en français qu’en anglais. Une murrine est une section de baguette de verre mosaïqué. Une baguette de verre mosaïqué est constituée de barres de verre de couleur assemblées à froid en épais barreaux, dont la tranche dessine un motif. Ces barreaux sont chauffés et étirés à chaud en fines baguettes. Lors de cet étirement, le motif amalgamé (fusionné) est parfaitement conservé et miniaturisé. Résultat d’un travail à froid (l’assemblage des barres de verre), suivi d’un travail à chaud (l’étirement des barreaux en baguettes), la murrine est enfin débitée (sciée ou cassée) à froid. Résultats de processus techniques complexes, ces murrines deviennent la matière première d’une nouvelle étape de création lorsqu’elle sont utilisées pour construire ou décorer des objets. Connu en Egypte dès l’époque ptolémaïque, le principe est aussi dénommé millefiori depuis la Renaissance vénitienne en raison des fréquentes stylisations florales. Après les tours de force figuratifs des millefiori français et surtout vénitiens du XIXe siècle, l’architecte Carlo Scarpa (1906 - 1978) ouvre une veine nouvelle en concevant des dessins de murrines abstraits et plus sobres.

2 COMMENTAIRES
  • Un régal à ne pas manquer
    5 juillet 2011 01:37, par Sylvie

    J’ai visité cette expo récemment : un vrai bonheur de diversité, que ce soit dans les formes, les teintes, les textures et les sensations ressenties, à visiter absolument pour les amateurs d’art artisanal !

  • Magnifiques
    4 avril 2011 00:10, par Julie

    Des pièces absolument magnifiques. Ce que j’aime bien avec es récipients datants de 2008 c’est qu’ils sont joliment intitulés ... Récipients.Une façon de laisser l’imagination de chacun s’exprimer dans l’utilisation d’un bel objet décoratif.

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