Printemps asiatique 2020

du 16 juin 2021 au 27 septembre 2020

Présentation du Printemps asiatique

Le Musée des Arts Décoratifs, qui conserve une riche collection d’art chinois, japonais, indien ou coréen, participe pour la deuxième fois au Printemps asiatique 2020, jusqu’au 27 septembre 2020. De juin à septembre, il présente un objet emblématique du musée dans trois expositions virtuelles sur www.printemps-asiatique-paris.com :

• Jusqu’au 28 juin : un katagami (pochoir japonais), sélectionné parmi les près de 3000 pochoirs conservés, visible dès le 23 juin dans l’exposition « Le dessin sans réserve. Collections du Musée des Arts Décoratifs » aux côtés d’une vingtaine de ces pochoirs qui fascinent par la variété de leurs motifs et leur composition.
• Du 29 juin au 29 juillet : un vase des collections de céramique chinoise unique par sa forme, son décor en bleu de cobalt et sa marque impériale de l’empereur Yongzheng et exposé dans les collections permanentes dès le 7 juillet.
• Du 1er au 27 septembre : un qilin, animal mythologique, réalisé en émaux cloisonnés pendant le règne de l’empereur Qianlong, visible dans l’exposition « Luxes » dès le 14 octobre.

Fondé pour être un lieu d’inspiration destiné aux ouvriers, aux créateurs, aux industriels et aux artistes, le Musée des Arts Décoratifs, entretient depuis sa création un rapport particulier avec les arts asiatiques. De la Chinoiserie au Japonisme, ces œuvres d’art, de mode, de design ou graphiques ont constitué des répertoires de formes, de motifs et de savoir-faire qui ont inspiré artistes, artisans et industriels. Aujourd’hui exposée dans le parcours permanent, en regard des productions occidentales, la collection s’enrichit chaque année.

Vase/verseuse, Chine, dynastie Qing, période et marque Yongzheng (1723-1735)

Cet objet illustre magnifiquement le degré perfection de la production de porcelaine durant le règne de Yongzheng (1723-1735) de la dynastie Qing (1644-1912). Il est également révélateur des échanges culturels et artistiques qui se sont opérés entre la Chine et le monde islamique.

Grand amateur d’art, l’empereur Yongzheng appréciait particulièrement les modèles de la dynastie Ming (1368-1644). Cet objet s’inspire d’une forme produite dans les fours de Jingdezhen sous le règne de Xuande (1426-1436), tout comme la technique de décor en bleu de cobalt, rehaussé de points plus foncés. Ici, forme et technique sont poussées à la perfection.

Destinée au service ou à la consommation des boissons, cette verseuse (ou pichet) à une seule anse et dépourvu de pied tient sa forme d’un modèle de hanap (mashraba) d’Asie centrale, utilisé dans le monde islamique. Des objets similaires ont été produits, entre autre, dans la région d’Hérat (Afghanistan) tout d’abord en terre cuite (XIIe-XIIIe siècles), puis en alliage cuivreux incrusté, ou en jade blanc ou vert épinard notamment au XVe siècle, et encore dans le monde ottoman au XVIe siècle.

La marque impériale en six caractères inscrite dans un double cercle bleu est tracée dans une calligraphie de style régulier (kaishu). La présence du bleu de cobalt est contrastée. Sur le col, il est intensément présent alors que le blanc et le bleu s’équilibre harmonieusement à l’endroit où la panse s’élargit. Le rinceau de fleurs de diverses variétés (lotus, camélia, chrysanthème, pivoine) s’épanouit en occupant parfaitement la surface disponible. Le blanc du fonds est rendu légèrement bleuté par la couverte, autre caractéristique des porcelaines de la période Yongzheng. L’épaisseur du corps de l’objet est à la fois régulière et assez mince, de même que l’anse qui est affinée au maximum jusque dans son attache basse ajourée. La panse a la forme presque complète qu’une sphère. Ces éléments confèrent à cette œuvre des proportions parfaitement harmonieuses, plus encore que celles du modèle Ming.

Katagami (pochoir) de type « chûgata », à décor de carpes remontant une cascade, Japon, ère Meiji (1868-1912), XIXe siècle

Le katagami : une technique d’impression textile au Japon devenue source d’inspiration en Occident

Le Musée des Arts Décoratifs en conserve aujourd’hui près de 3 000 mille exemplaires. Ce katagami ainsi qu’une vingtaine d’autres sont présentés à l’occasion de l’exposition « Le dessin sans réserve. Collections du Musée des Arts Décoratifs » (23 juin 2020-3 janvier 2021).

Au Japon, les katagami (pochoirs) servaient à appliquer une pâte de réserve sur le lé de tissus avant de le teindre. Les motifs coupés sur les bords haut et bas du pochoir se suivent et permettent de réaliser un motif en continu tout au long du lé. Les motifs des katagami de type chûgata (dessins moyens) sont découpés à l’aide de couteaux dans des feuilles de papier imprégnées de jus de kaki fermenté (kakishibu) qui le rend résistant à l’eau.

Des années 1870 à la Première Guerre mondiale, l’arrivée sur le marché européen d’une quantité croissante et massive de pochoirs s’explique par la modernisation des techniques de teinture au Japon pendant l’ère Meiji (1868-1912). Les stocks devenus inutiles sont vendus. Dans les années 1860, les estampes et les recueils de motifs, qui ont permis de découvrir le dessin japonais, deviennent vite inabordables. Aussi ces katagami sont-ils vite perçus comme offrant une extraordinaire variété de motifs nippons à un prix modique. Musées d’arts appliqués, de textiles, industriels du textile et des papiers peints, artistes, collectionneurs achètent ces pochoirs par dizaines, centaines ou milliers.

Au Japon, ce motif de la carpe jaillissant des flots ou remontant une cascade symbolise le courage et la persévérance. Il est très fréquent sur les objets, les textiles, les vêtements. En Occident, il est une source d’inspiration pour de nombreux artistes japonistes comme Émile Gallé (1846-1904) qui a repris ce thème emprunté à la Manga de Hokusai sur un vase réalisé en 1878, et conservé au Musée des Arts Décoratifs.

Extrait du catalogue «  Japon-Japonisme  »
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« Qilin » (animal mythologique), Chine, dynastie Qing, période Qianlong (1736-1796)

Caractéristique de la période Qianlong par son format, la perfection de la facture et par une palette chromatique des émaux de près d’une douzaine de tons différents, ce qilin était un objet de luxe destiné à un palais impérial ou une demeure d’une personnalité de haut rang. La technique des émaux cloisonnés se développe en Chine pendant la dynastie Yuan (1279-1368). Elle viendrait de Byzance par le Moyen-Orient. Elle connaît un développement croissant sous les Ming (1368-1644) puis sous les Qing. Le règne de Qianlong est une période d’apogée pour le niveau de technicité et le nombre d’objets produits. Les formes d’animaux de bon augure sont utilisées en brûle-parfum, comme support de lumière ou, comme ici, à des fins décoratives.

Animal issu de la mythologie chinoise, le qilin appelé aussi « licorne jaune » symbolise la Terre, le 5e élément. Animal cosmogonique, il possède également des symboliques variées : il est signe de bons présages, favorise la naissance d’un garçon appelé à un grand avenir, il est le gage d’un gouvernement juste et incarne l’harmonie. Son iconographie peut varier. Couvert de poils ou d’écailles, il est toutefois le roi des animaux à pelage. Ce dernier est tacheté de cinq couleurs (jaune, blanc, bleu, rouge et vert). Il possède une ou deux cornes semblables à des bois de cerf, et une queue de bœuf. Ses pattes se terminent par des sabots fendus ou des griffes. On le trouve représenté en sculpture devant des temples, des palais comme le Palais d’été. Grâce aux émaux, cette représentation colorée en livre une version presque réaliste, impression renforcée par le mouvement de la tête.

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