(Re)découverte d’un textile colonial péruvien du XVIIe siècle

Collections

Serge Lemaître, conservateur aux Musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles, a récemment approché le département Mode et Textile du Musée des Arts Décoratifs avec une curieuse demande concernant un fragment de tissu de ses collections jusqu’alors attribué aux productions germaniques du XVIIe siècle. Toutefois, il remarqua que, parmi les fleurs du décor, galopaient des singes, un jaguar et des viscaches : animaux peu fréquents – cela va sans dire – dans les forêts de Bavière !

Curieux comme se doit tout chercheur, il fit analyser de micro prélèvements de fibres et de colorants du textile en question. Le résultat le surprit puisqu’il s’agissait de poils de vigognes et des pigments venant des Andes. Quelques recherches bibliographiques lui permirent d’identifier un textile colonial péruvien du XVIIe siècle et de trouver la mention, dans un article de 1907, d’un fragment identique au Musée des Arts Décoratifs…

Fragment de tissu, Pérou, travail espagnol, XVIIe siècle
Fragment de tissu, Pérou, travail espagnol, XVIIe siècle
Tapisserie de laine. Paris, Musée des Arts Décoratifs. Inv. 29456
© MAD, Paris

En charge d’une collection de près de 10.000 costumes, accessoires de mode et tissus du IVe à la fin du XVIIIe siècle occidentaux et extra occidentaux, Denis Bruna, conservateur en chef au MAD, fut étonné à la vue de la photographie du tissu envoyée par son collègue tant ce modèle ne lui disait rien, mais lança immédiatement les recherches nécessaires pour tenter de retrouver ce mystérieux fragment.

Au service de l’inventaire, Alexandra Mérieux compulsa des centaines de fiches, écrites à la plume, et après quelques heures de labeur retrouva la trace de deux fragments de ce tissu péruvien. Le lendemain, Hélène Renaudin, assistante de conservation, ouvrit des dizaines de boîtes et de tiroirs dans les 2000 m2 des réserves du département et découvrit enfin les fragments en question qui furent aussitôt fichés, photographiés, etc.

Une réponse détaillée a alors été envoyée à notre collègue de Bruxelles qui poursuit les recherches sur ces tissus coloniaux du Pérou en vue d’une publication.

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