Prêt-à-porter automne-hiver 1984-85

Organisé dans les salons des maisons de couture, le défilé de mode reste inchangé depuis la fin du XIXe siècle jusque dans les années cinquante. (...) Partout, de Chanel à Vionnet règne un silence de plomb que perturbe parfois la voix d’une directrice de salon qui annonce les numéros des modèles aux noms charmants.

Dans les années 1960, Courrèges révolutionne le principe du défilé en introduisant la musique, en demandant aux mannequins de danser plutôt que marcher et en écourtant sa durée (de 1h30 parfois il passe à 40 minutes puis à 20 minutes). Le podium devient générique. Il sera de plus en plus haut tout au long des années 70 et 80 avant que les Japonais ne le suppriment dans une vague de naturalisme-paupérisme aux influences considérables. Attentif au format même du défilé, à ses qualités médiatiques qui accompagnent la compréhension d’une collection, Thierry Mugler a activement contribué à faire du défilé un show en soi. En 1984, il est le premier à permettre à tout un chacun d’assister à une présentation de mode jusque là réservée à un public de professionnels. 4000 spectateurs (qui ont payé comme au théâtre ou au concert 175 francs leur place) et 2000 invités ont assisté au Zénith au défilé du créateur aux ambitions hollywoodiennes. (...) Cinquante cinq mannequins ont « joué » sur un podium géant un défilé d’où la mode n’était pas absente pour autant. Sur une scène en forme de bras ouverts, deux cent cinquante modèles défilent en trente cinq thèmes différents sur soixante mannequins idéaux. « Aubes du futur », « Onctueuse construction », « Perle baroque », « Les ailes de la victoire » ou « Sainte Rita » figurent parmi les chapitres de ce vestiaire animé. Des manteaux de madone, des tailleurs pantalons unisexe, des ensembles olympiques, d’autres manteaux peignoirs, des tailleurs drapés, des robes en lamé or ou argent toutes ailées, exaltent et surjouent la théâtralité d’une femme irréelle, fantasmée par le créateur.

Prêt-à-porter printemps-été 1986 & automne-hiver 1989-90

La mode de Thierry Mugler est une leçon d’anatomie contre nature qu’il professe à l’aide de serre tailles, de corsets, de talons hauts et d’épaules larges, grâce auxquels il façonne la décennie des années quatre vingts. Le succès de ses précédents défilés comme « L’hiver des secrétaires » (Automne hiver 1982-83), « L’hiver des Anges » au Zénith (Automne Hiver 1984-85) ou encore « L’Eté du Sahara » (Printemps été 1986) a solidifié une silhouette découpée, subtilement caricaturée par celui qui rêve la femme plus qu’il ne la perçoit. Certaines de ses collections ont fait grincer les dents de ceux qui prônent le réalisme ou le paupérisme en mode. Elles en ont réjoui d’autres qui voient la mode comme un grand manège du monde pour adultes dans lequel Mugler tient cabaret de luxe. (...)

La collection automne hiver 1989-90 entretient les paradoxes de deux attitudes, lointaine et intime de la cliente. De très possibles tailleurs noirs aux basques carénées de métal côtoient des bustiers carrossés de moto, portés désormais régulièrement dans les shows de Thierry Mugler, dans une version moulée pour l’été 1990 ou dans une version Harley Davidson pour le printemps été 1992.

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