La reconstitution d’une demeure du XVIIIe siècle voulue par le comte Moïse de Camondo ne laisse pas au premier regard présumer de la modernité de l’hôtel particulier, élevé de 1911 à 1913 par l’architecte René Sergent. Cet hôtel bénéficiait cependant de toutes les installations nécessaires pour assurer le bon fonctionnement du service et le confort quotidien : chauffage à air filtré et pulsé, ascenseurs à air comprimé, système de nettoyage par le vide, corniches lumineuses et salles de bain hygiéniques. L’observation des divers éléments encore en place et la consultation des archives de la maison permettent d’appréhender non seulement les travaux d’origine mais aussi les modifications qui ont suivi pendant une période d’une vingtaine d’années jusqu’à la mort du comte en 1935.

De l’ancien hôtel de la rue de Monceau, Sergent conserve la disposition entre cour et jardin ainsi que les communs qu’il réaménage. D’un coté les écuries abritent les chevaux de selle pour les traditionnelles promenades au bois, de l’autre l’ancienne remise aux voitures attelées est affectée aux automobiles avec un atelier de mécanique et des appartements pour les chauffeurs mécaniciens. Bien que les façades du nouvel hôtel soient inspirées du Petit Trianon de Versailles et les appartements lambrissés de boiseries du XVIIIe siècle, le plan adopté par Sergent répond aux règles de l’habitation privée énoncées dans la seconde moitié du XIXe siècle qui dissocient la vie publique, la vie privée et le service domestique.

L’organisation horizontale et verticale du bâtiment permet des parcours parallèles pour une parfaite efficacité du service : cuisine dans le soubassement, offices dans les étages, lingerie et vestiaires sous les combles. La circulation est facilitée par un ascenseur placé dans l’escalier de service.

Carrelage blanc et bleu de la salle de bain de Moïse de Camondo
Carrelage blanc et bleu de la salle de bain de Moïse de Camondo
© MAD, Paris

Derrière l’admirable décor se cachent les organes du fonctionnement, les instruments de la modernité : les batteries du chauffage, les colonnes de l’aspiration par le vide et de l’air pulsé, les tuyaux et les câbles électriques. Hormis le charbon, utilisé pour le chauffage et la cuisson, et les pains de glace pour la glacière qui sont livrés, toutes les autres sources d’énergie sont distribuées par réseaux : l’eau, le gaz et le téléphone par la ville de Paris ou par l’Etat ; l’électricité et l’air comprimé par des compagnies privées : la Compagnie parisienne d’électricité et la Compagnie parisienne de l’air comprimé. Sur place, l’énergie nécessaire aux service des sonneries et du téléphone provient des piles Leclanché montées en batterie dans les placards du sous-sol. L’hôtel conserve encore certaines installations d’origine.

Ces dernières années la restauration d’espaces jusqu’alors inaccessibles a permis d’ouvrir aux visiteurs du musée deux salles de bain, la cuisine et les pièces attenantes ainsi que l’office de la salle à manger. La restauration des communs a débuté avec la remise aux automobiles et doit se poursuivre dans les prochaines années.

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