André Groult (1884-1967), Chiffonnier, Paris, 1925

André Groult (1884-1967), Chiffonnier, Paris, 1925

Galuchat, hêtre, acajou, ivoire
Acquis grâce au Fonds du patrimoine, avec le concours des mécénats de Michel et Hélène David-Weill, de Jayne Wrightsman, de Shiseido, de Fabergé et de la galerie Doria, 1999
Inv. 998.257.1
© ADAGP, Paris / Les Arts Décoratifs

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Pour l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, la Société des artistes décorateurs, qui avait décidé de réaliser un pavillon sur le thème d’une ambassade française, confia la décoration de la chambre de madame à André Groult. Conçue dans une harmonie de gris et de rose, la pièce était tendue de soie brochée à motifs d’éventails, sur laquelle se détachaient des meubles recouverts de galuchat naturel : un lit arrondi placé sur une estrade et surmonté d’un baldaquin, des bergères, des chaises, une commode, un secrétaire-vitrine et surtout cet extraordinaire chiffonnier. Inventé au XVIIIe siècle, le chiffonnier est une commode haute, équipée de nombreux tiroirs, qui permettait aux dames de ranger leurs travaux de couture. Groult a revisité la forme traditionnelle de ce meuble et créé un chiffonnier à la silhouette anthropomorphe, tout en courbes et contre-courbes. La disposition rayonnante du placage en galuchat accentue l’effet des lignes sinueuses et l’emplacement des seins et du ventre. Le rapprochement du chiffonnier avec le corps féminin n’est pas fortuit, puisque le créateur lui-même a précisé qu’il a voulu le « galber jusqu’à l’indécence »… Dès 1921 au Salon de la Société des artistes décoratifs, Groult avait présenté une chambre en galuchat très proche de celle de madame à l’Exposition internationale de 1925. Le chiffonnier de 1921 possède le même décor rayonnant en galuchat que celui de 1925, mais sa forme générale est plus rectiligne et les courbes beaucoup moins accentuées. C’est ce modèle antérieur qui a fait croire à l’existence d’une sorte de couple masculin/féminin voulu par l’artiste. André Groult commença sa carrière dans les années 1910 et, comme Paul Follot et Paul Iribe, s’opposa à l’Art nouveau. Ces artistes décorateurs préconisaient le retour à la tradition, s’intéressant notamment au mobilier Restauration et Louis-Philippe (1815-1848), considérés comme les derniers styles authentiquement français. André Groult resta fidèle aux formes enveloppantes et arrondies, caractéristiques du style Restauration. Au début de sa carrière, il utilisa des couleurs vives, puis dans les années 1920 recouvrit ses meubles de matières plus précieuses – galuchat, laque, paille – dans des tonalités plus nuancées.

É. P.

Félix Marcilhac, André Groult, décorateur-ensemblier du XXe siècle, Paris, Éditions de l’Amateur, 1997, p. 154-155.

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