Si la céramique, la peinture, les bronzes chinois ont donné lieu à de nombreuses expositions et publications, il n’en est pas de même des émaux cloisonnés chinois. Grâce à la générosité de grands collectionneurs tel David David-Weill qui, en 1923, fit don de près de 150 œuvres au Musée des Arts Décoratifs, ce dernier conserve l’une des plus importantes collections internationales d’émaux cloisonnés chinois. Cette collection, d’une qualité exceptionnelle, est dévoilée pour la première fois au public à l’occasion de cette exposition.

Restaurées et, pour certaines, analysées par le Laboratoire de recherche des musées de France (LRMF), ces œuvres présentées de façon thématique permettent d’illustrer l’évolution de cet art, de la dynastie des Ming (1368-1644) à la fin de la dynastie des Qing (1644-1911).

Cette technique des émaux cloisonnés, importée de Byzance via le Moyen-Orient se distingue de celle des émaux champlevés occidentaux du Moyen Âge ; en effet, les alvéoles destinées à recevoir l’émail sont limitées par des cloisons et non creusées dans le métal.

Les artistes, le plus souvent anonymes, réaliseront au cours des siècles ces objets précieux principalement destinés aux temples et à la cour de l’empereur. Par leur variété, les couleurs tendent à retrouver les nuances des pierres fines, telles le bleu profond du lapis-lazulis, le bleu lumineux de la turquoise, les verts du jade et du jaspe, le rouge soutenu du corail. La diversité des formes s’inspire des bronzes archaïques, des laques ou de la céramique.

La profusion des décors reflète l’univers symbolique du bouddhisme, du taoïsme, du confucianisme et s’associe au règne végétal, animal ou encore à la peinture chinoise.

L’adaptation du décor à la forme de la pièce est l’une des caractéristiques de cet art où l’élégance des objets dépasse leur caractère utilitaire.

Au cours des siècles, les artistes améliorent leur technique, multipliant les couleurs sonores et élaborant des pièces de plus en plus magistrales ; c’est alors que et art décoratif perd en force ce qu’il gagne en élégance.

L’art des émaux cloisonnés chinois, importé des pays barbares, devient au fil du temps l’un des joyaux des arts décoratifs chinois. L’exposition de l’ensemble de la collection du Musée des Arts Décoratifs permet de réhabiliter cet art encore trop méconnu en France.

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