Roman Cieslewicz, la fabrique des images

du 3 mai au 23 septembre 2018

Le Musée des Arts Décoratifs rend hommage à Roman Cieslewicz (1930–1996). Artiste majeur de la scène graphique de la seconde moitié du XXe siècle, il est un acteur incontournable de l’École de l’Affiche polonaise avant de conquérir le monde du graphisme à son arrivée en France.

Son œuvre, éclectique, couvre une diversité des expressions graphiques depuis l’affiche jusqu’à la publicité en passant par le photomontage, l’édition et l’illustration. Ses images scrutent le monde, comme elles en sont un reflet, un témoignage, révélant ainsi toute la singularité de l’artiste, celle d’une personnalité engagée ; Roman Cieslewicz envisageait son rôle de graphiste en prise directe avec l’actualité.

Au total, plus de 700 pièces illustrent de manière chronologique et thématique l’œuvre prolifique et exceptionnelle, par l’ampleur de son contenu et par sa forme, d’un des plus grands graphistes dont les images continuent d’exercer une puissante influence sur le monde du graphisme actuel.

Hashtag : #Cieslewicz_MAD

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Commissaire
• Amélie GASTAUT, conservatrice des collections Publicité et Design graphique

Exposition réalisée avec le soutien du Club des Partenaires du MAD et avec le concours de l’IMEC

L’exposition a été organisée en collaboration avec l’Institut Adam Mickiewicz dans le cadre de POLSKA 100, le programme culturel international qui accompagne le centenaire du retour à l’indépendance de la Pologne, financé par le ministère de la Culture et du Patrimoine national de la République de Pologne dans le cadre du programme pluriannuel NIEPODLEGŁA 2017-2021.


Présentation
Roman Cieslewicz, Moda Polska, 1959
Affiche, Zurich, Museum für Gestaltung
Photograph courtesy of the Museum für Gestaltung Zürich, Poster Collection, ZHdK © Adagp, Paris 2018 Photo : DR

D’origine polonaise, Roman Cieslewicz suit l’enseignement de l’école des Beaux-Arts de Cracovie, dont il sort diplômé en 1955. Il devient un acteur important de l’École de l’Affiche polonaise qui, dans les années cinquante, en renouvela le genre et le rôle, et dont l’influence et la notoriété dépassèrent les frontières. Mais le contexte politique compliqué et la volonté de confronter son œuvre aux « néons de l’Occident » sont quelques-unes des raisons qui poussent Roman Cieslewicz à s’exiler.

Il s’installe à Paris en 1963 et, engagé par Peter Knapp comme maquettiste, il collabore avec le magazine Elle et devient son directeur artistique. En 1967, il accompagne la naissance d’un nouveau magazine d’art, Opus International, dont il définit alors la formule graphique. Il travaille également pour Vogue, les éditions 10/18 ou encore Jacques-Louis Delpal. Il est le premier directeur artistique de l’agence de design et de communication MAFIA.

Roman Cieslewicz, Illustration pour « Elle », 21 avril 1975, no 1528
Photomontage, collection privée
© Adagp, Paris 2018 Photo : DR

Si très vite il abandonne l’esthétique et les techniques picturales qui étaient les siennes en Pologne, pour l’utilisation du photomontage, il conserve l’idée que l’affiche et le graphisme avaient pour mission d’instruire la population autant d’un point de vue intellectuel qu’esthétique. Il voulait être un aiguilleur de rétine dont le travail cherchait à « dépolluer l’œil ».

Ses travaux de commandes se doublent d’une production qu’il menait en « atelier », composé et rythmé par des séries de collages ou de photomontages, créant des « collages répétitifs », « collages centrés », et dont il résulte d’autres séries remarquables à l’exemple de Changement de climat, et Pas de Nouvelles Bonnes Nouvelles. Membre du groupe Panique, fondé en 1960 entre autres par Arrabal, Topor et Jodorowski, Olivier O. Olivier, Cieslewicz crée en 1976, Kamikaze, la revue d’information inspirée par le mouvement Panique.

Roman Cieslewicz, Il est exactement 1989 Non stop, série Kamikaze 2, revue d’information Panique, 1991
Maquette de double page
© Adagp, Paris 2018 Photo : Paris, MAD Jean Tholance

En France, c’est en 1972 que Roman Cieslewicz fait sa première grande exposition au Musée des Arts Décoratifs. En 1993, le Centre Georges Pompidou lui consacre une importante rétrospective, ainsi que le Musée de Grenoble en 2001. Si de grands musées ont déjà célébré l’œuvre de cet artiste, l’exposition du Musée des Arts Décoratifs analyse le processus de création de Roman Cieslewicz en montrant pour la première fois au public ses documents d’archives et aborde d’une manière innovante son œuvre. Elle propose à travers un parcours rétrospectif évoquant les thématiques chères à Cieslewicz à l’exemple de l’œil, la main, le cercle, le Che, la Joconde. Ses œuvres dialoguent avec les archives iconographiques, conservées à l’IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine), dont certaines, inédites, seront dévoilées pour la première fois au public.

Roman Cieslewicz, Amis ! Protégez !, 1993
Affiche, sérigraphie
© Adagp, Paris 2018 Photo : Paris, MAD Jean Tholance

De salle en salle, le visiteur est plongé dans l’univers riche d’une création graphique, évoquée par des affiches, publicités, couvertures de magazines mais aussi vidéos et reconstitution de son atelier, offrant un regard intime et passionnant sur le processus de construction des images propre à l’artiste. C’est en effet par l’utilisation et la fabrication des images que les travaux de Roman Cieslewicz méritent d’être interrogés.

Chaque jour, il consultait la presse, la dépouillait, puis la classait dans plus de 350 boîtes couvrant une grande variété de thèmes. Si les archives de Roman Cieslewicz constituent la matière première dans laquelle l’artiste puise pour créer, elles sont également le miroir de l’homme qu’il était. Elles parlent de ses préoccupations essentielles, de ses références artistiques – dada, Avant-garde Russe, Bruno Schultz – sans oublier ses amitiés – Topor, Arrabal, Depardon, etc. Elles sont également le regard d’un homme sur son époque : il commente l’actualité et offre à travers des images de communication un regard critique sur le monde et en livre une autre vérité. Il s’inspire des célébrités de son époque et n’hésite pas à détourner les icônes de l’art.

  • Roman Cieslewicz, Amnesty International, 1975
    Affiche
    © Adagp, Paris 2018. Photo : Paris, MAD / Jean Tholance
  • Roman Cieslewicz, L’Autre Journal. Quoi de neuf ?, 1992
    Affiche
    © Adagp, Paris 2018 Photo : Paris, MAD Jean Tholance

Cette exposition s’accompagne d’un ouvrage de référence qui invite à plonger dans la démarche même de l’artiste lorsqu’il fabriquait des images. Organisé sous forme d’un abécédaire, il réunit des textes des contemporains de Roman Cieslewicz qui l’ont côtoyé et est richement illustré à partir du fonds d’archives constitué par l’artiste lui-même.

Le Musée des Arts décoratifs, qui renferme l’une des plus riches et plus anciennes collections de graphisme en France, en lui rendant un nouvel hommage, est heureux de présenter au public cette rétrospective, l’une des plus importantes jamais réalisées.

« Roman des origines, origines de Roman »
Préface d’Olivier Gabet

Roman Cieslewicz au Musée des Arts décoratifs, comme une évidence, un retour aux sources. Et si l’on se permet ici de reprendre et de décaler le titre du livre de Marthe Robert, Roman des origines et origines du roman, publié en 1972, c’est qu’il y a un parallèle entre la théorie littéraire qu’elle développe et la conception du graphisme selon Cieslewicz : s’interroger sur l’élan mystérieux qui pousse encore et encore à raconter des histoires, certes, mais aussi à remettre en cause un certain ordre des choses.

Roman Cieslewicz, Une laine nouvelle, Woolmark, Agence O.F.F.R.E.P., 1967
Annonce presse
© Adagp, Paris 2018 Photo : Paris, MAD Jean Tholance

L’histoire qui unit notre musée et Cieslewicz est ancienne – et profondément humaine, sous le prisme de son amitié avec François Mathey qui dirigea notre maison de 1953 à 1985 : c’est ce dernier qui invite Cieslewicz à exposer dans nos salles ses Graphismes, titre sans fioritures, qui appelle immédiatement l’image, son pouvoir, son effet et ses multiples sens. [...]

Il y aurait tant d’autres moments à raconter, que ce livre feuillette comme des moments cruciaux et des souvenirs précieux, jusqu’au don généreux fait en 2012 par Chantal Petit Cieslewicz, seize ans après la mort de son mari, au Musée des Arts décoratifs, à l’instigation d’Amélie Gastaut, conservatrice en chef au musée et éminente spécialiste de l’œuvre de Cieslewicz, en somme la continuité amicale, affectueuse même, de cette histoire.

Lui rendre hommage aujourd’hui, en 2018, est plus que naturel, à travers cette donation historique et son dialogue intimement tissé avec d’autres trésors donnés en leur temps à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine et au musée de Grenoble. Pour les nouvelles générations qui connaissent moins le travail de Cieslewicz il fallait un point de vue inédit, non pas une panthéonisation rétrospective, mais une plongée dans l’univers de Cieslewicz, dans sa méthode, cette véritable fabrique des images. [...]

Cieslewicz en 10 thématiques
Textes d’Amélie Gastaut

« Che Guevara »

Roman Cieslewicz, « Che » Si, Éditions Georges Fall, 1967
Affiche, sérigraphie
© Adagp, Paris 2018 Photo : Paris, MAD Jean Tholance

À l’instar de Mona Lisa, Che Guevara est devenu une figure emblématique du panthéon de la mythologie populaire. Comme la Joconde, son portrait – par le photographe cubain Alberto Korda, pris lors d’un meeting à La Havane en 1960 – a été décliné sur toutes sortes de produits dérivés jusqu’à parfois ne devenir plus qu’une image désincarnée.

À la mort du Che, en 1967, l’éditeur italien Feltrinelli reprend la photographie de Korda et lui applique un traitement photographique au trait pour en tirer un poster best-seller.

La figure du révolutionnaire assassiné par l’armée bolivienne devient alors une image quasiment christique.

La même année, Roman Cieslewicz entame une collaboration avec une nouvelle revue d’art, Opus international. Pour la couverture du numéro 3, consacré aux arts visuels de la révolution cubaine, il reprend le portrait photographique de Korda, le traite au trait et ajoute des couleurs franches : rose et rouge. Au milieu du visage, une phrase qui sonne comme un slogan révolutionnaire : « Che si. »

Le sémiologue Pierre Fresnault-Deruelle écrivit au sujet de l’image de Cieslewicz : « Étonnante opération sémiotique par laquelle le regard absent de l’homme vient commuter avec le nom du révolutionnaire. En cet échange symbolique, la cécité du personnage (les lettres forment un bandeau) est comme transcendée par une voyance supérieure, qui ferait paradoxalement de Guevara un Vigile. » [...]

« Hygiène de la vision »

[...] À partir de 1991, Cieslewicz tient un journal de bord graphique où il réagit à l’actualité. Ces images sont des coups de gueule contre l’apartheid, la montée de l’extrême droite en France ou la reprise des essais nucléaires. Certaines sont uniquement typographiques, d’autres utilisent des images puisées dans ses archives.

Roman Cieslewicz, Droits de l’homme et du citoyen. The rights of man and the citizen, 1989
Affiche, offset
© Adagp, Paris 2018 Photo : Paris, MAD Jean Tholance

Plusieurs d’entre elles seront réemployées dans les numéros 2 et 3 de Kamikaze. Quelques-unes sont à l’origine de commandes. 14-94 Bon anniversaire et bonne année est un projet non présenté pour un concours d’affiche sur le thème de Sarajevo Urgence, organisé par le Syndicat national des graphistes à l’initiative du comité « Sarajevo, capitale culturelle de l’Europe ».

Ça va pas et 1er Mais ont été publiées dans le magazine Révolution, mensuel culturel et politique du Parti communiste français. La volonté de Cieslewicz de réagir quotidiennement à l’actualité le conduit à travailler davantage avec la presse. La rapidité de conception qu’exige la presse correspond parfaitement à sa recherche d’une écriture de plus en plus directe.

« Mona Lisa »

Icône de la peinture classique, « la » Mona Lisa peinte par Léonard de Vinci s’est transformée, au cours du XXe siècle, en une figure emblématique de la mythologie moderne, déclinée à outrance, aux côtés de Che Guevara, de Superman ou d’une bouteille de Pepsi-Cola, en même temps qu’elle est devenue un objet de masse. On est allé jusqu’à inventer plusieurs termes pour décrire ce phénomène : jocondophilie, jocondomanie, jocondolâtrie ou encore jocondoplastie… Roman Cieslewicz avait réuni dans deux boîtes toute la polysémie de ces termes.

Roman Cieslewicz, Mona Lisa, Opus, Éditions Georges Fall 1968
Affiche, sérigraphie
© Adagp, Paris 2018 Photo : Paris, MAD Cyrille Bernard

Reproduite à l’infini sur des objets dérivés, détournée et parodiée par des artistes – dont le premier est Marcel Duchamp, en 1919, avec sa célèbre L.H.O.O.Q. –, elle passe sous les mains de Salvador Dalí, Fernand Léger, Andy Warhol et enfin sous les ciseaux de Cieslewicz qui ne cesse de lui faire subir des transformations physiques répondant aux différentes séries qui ponctuent son travail : elle est pop art sur la couverture du numéro 5 d’Opus international en 1968, son visage s’allonge en séquences successives en diagonale et à l’horizontale à l’époque de la série des collages répétitifs, elle est travestie avant de devenir cyclope en 1973, pour enfin devenir Mona Tsé Tung en 1977.

À propos de cette dernière, Henryk Tomaszewski écrivait à Cieslewicz dans une lettre datée du 10 mai 1980 : « Belle n’est pas l’adjectif pour définir ta Mona Lisa. Pour moi elle est plutôt attirante et véritablement pertinente. Elle a su caractériser le ton géopolitique de notre époque, démasquer cette atmosphère hypocrite. »

« Zoom »

En 1971, à la demande du magazine Zoom qui a confié à l’agence Mafia le soin de concevoir l’annonce presse pour son lancement, Roman Cieslewicz crée deux versions différentes d’un cyclope moderne accompagné de la phrase « Zoom contre la pollution de l’œil ». Tel un chirurgien de l’image, il découpe dans le sens de la longueur des portraits photographiques en noir et blanc, qu’il rassemble ensuite en cherchant à déranger l’ordonnance par une symétrie, créant ainsi des êtres hybrides.

Avec cette image de cyclope, Cieslewicz cherche à interloquer. Il obéit ainsi à ce qu’il considère comme l’une des premières missions des graphistes : « Ils doivent intriguer […] parce qu’ils ont à faire à des passants, à des yeux qui passent, à des esprits saturés d’informations, blasés, […] à des pensées indisponibles, déjà occupées, préoccupées, notamment à communiquer, et vite. »

Pologne

Roman Cieslewicz est né le 13 janvier 1930 à Lwów, en Pologne. Après la guerre et suite aux accords de Yalta, qui voient l’obtention par Staline de l’annexion des trois provinces polonaises qui délimitent la frontière avec la Russie, la famille Cieslewicz s’exile à Opole, et Roman travaille comme dessinateur industriel dans une usine de ciment à Groszowice. [...]

Roman Cieslewicz, A.Czechow, Płatonow, Varsovie, théâtre dramatique, 1962
© Adagp, Paris 2018 Photo : Paris, MAD Jean Tholance

En 1955, Cieslewicz obtient le diplôme d’artiste graphiste et part s’installer avec sa femme, la sculptrice Alina Szapocznikow, à Varsovie. Il est engagé comme graphiste dans l’agence d’État WAG (Wyadawnitwo Artystyczno Graficzne) qui éditait des affiches de propagande à thématique sociale et culturelle, politique et publicitaire. [...]

La période de liberté, d’ouverture et de déstalinisation commencée en 1955 ne dure que huit ans. En 1963, le premier secrétaire du parti, Władysław Gomułka, proclame : « Le parti accorde sa préférence à la production du “réalisme socialiste”, création idéologique représentant le plus haut niveau artistique compris par les masses et servant ces masses. »

Cette même année, Roman Cieslewicz et sa femme quittent définitivement la Pologne pour la France, afin de voir « comment [ses] affiches résisteraient à la lumière des néons en Occident. Je rêvais de Paris ».

Collage

C’est davantage l’art du collage – que celui de la peinture pourtant prédominant dans l’école de l’affiche polonaise des années 1950 – que Cieslewicz utilise dans les travaux de sa première période, entre 1955 et 1964.

Le choix de cette technique trouve son origine dans sa fascination pour les images populaires du quotidien – notamment les gravures du XIXe siècle qu’il affectionne tout particulièrement – et dans son désir de se les approprier pour leur insuffler une des choses les plus importantes à ses yeux, à savoir le « caractère spécifique de notre imagination ». […]

Le caractère surréaliste des collages de cette période fait référence directement aux maîtres de cet art et plus spécifiquement à Max Ernst, dont il avait recopié la citation « c’est la plume qui fait le plumage mais ce n’est pas la colle qui fait le collage ».

En 1964, peu après son arrivée en France, il poursuit ce travail de collage notamment dans des illustrations pour Elle, avant de l’abandonner dès l’année suivante pour un travail au trait sur les images et une esthétique proche du pop art.

Roman Cieslewicz, Ty i ja, 1967, no 8
Couverture de magazine
© Adagp, Paris 2018 Photo : Paris, IMEC / Fonds Roman Cieslewicz

Pop Art

La première période parisienne de Cieslewicz s’inscrit dans le sillage du Pop art. C’est au milieu des années 1960 que celui-ci commence à rencontrer de l’intérêt en Europe : en 1964 à la Biennale de Venise, puis en 1965 avec l’ouverture de la galerie Ileana Sonnabend à Paris qui organise la première exposition française d’Andy Warhol, « Flowers ».

Roman Cieslewicz, CCCP & USA, magazine Opus International 4, 1967
© Adagp, Paris 2018 Photo : Paris, MAD Jean Tholance

Cieslewicz raconte que l’une des premières choses qui l’impressionna, à son arrivée en France, fut la quantité de journaux édités chaque semaine et le foisonnement d’images qu’ils recelaient. C’est désormais dans les mass-media et non plus dans l’imagerie du XIXe siècle qu’il puise ses sources iconographiques, utilisant ainsi directement le vocabulaire populaire de l’époque : il récolte dans les médias les images de « la mythologie quotidienne », interrogeant ainsi l’actualité et la société de manière globale. [...]

Jusqu’en 1969, Cieslewicz travaille très largement pour la presse féminine, essentiellement pour Elle (1964-1969) et pour Vogue (1966) qui lui donneront une visibilité importante et rapide, notamment dans les milieux de la presse et de l’édition. C’est ainsi qu’en 1967, Georges Fall lui propose la conception graphique de la revue Opus International et qu’en 1968, Christian Bourgois lui confie les couvertures de la collection des livres de poche 10/18.

En 1969, Cieslewicz abandonne la direction artistique de Elle pour devenir jusqu’en 1972 l’un des membres de l’agence M.A.F.I.A.

Collages centrés

La série des Collages centrés (1971-1974) suit celle des Collages répétitifs. C’est face au bombardement quotidien d’images imposées à l’œil, à une surabondance visuelle que Cieslewicz se place et définit son rôle de graphiste : celui d’un « aiguilleur de rétine » luttant contre la tendance de plus en plus forte de la publicité à tout neutraliser par la saturation. Il affirme cette position en 1971 avec la création, pour le magazine de photographie Zoom, du visuel Zoom contre la pollution de l’œil : un cyclope dont l’œil unique qui ne cille jamais lui permet de garder un œil grand ouvert sur le monde. [...]

Photomontage

Cieslewicz débute à partir de 1975 une nouvelle période avec la réalisation d’illustrations pour le livre Les Mystères d’Udolpho, de l’écrivaine Ann Radcliffe. Elle se caractérise par l’importance accordée aux photomontages et par l’abandon du noir et blanc au profit de la couleur.

Roman Cieslewicz, Suspendu malgré lui, 1977
Photomontage, série Changement de climat. Collection Irène et Jacques Elbaz
© Adagp, Paris 2018. Photo : Piotr Travinski

La série des photomontages Changement de climat intervient au moment où il commence à ressentir un phénomène de répétition s’installer avec les collages centrés. […]

De nombreux photomontages mêlent à des images d’actualité des détails des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art. Tirées le plus souvent de l’époque médiévale et de la Renaissance, ces peintures étaient choisies « pour leur hyperréalisme qui remplace les photos d’aujourd’hui. Les personnages peints par Carpaccio et les grands maîtres flamands étaient tous des célébrités de l’époque ». […]

Kamikaze

L’année 1976 est non seulement celle de Changement de climat, et, paradoxalement, celle de Kamikaze, revue d’information panique, au discours moins emphatique et au graphisme plus sobre. […]

De grand format, Kamikaze présente des photographies de presse tirées de ses boîtes d’archives. Pour la première fois, Cieslewicz n’intervient pas sur les photographies, qualifiant ce travail de photographisme. [...]

Le catalogue
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