La maison pour tous. Une photographie sociale dans les années 80

du 8 novembre 2023 au 28 janvier 2024

À l’occasion de Paris Photo et de Photo Days, le musée des Arts décoratifs présente du 7 novembre 2023 au 28 janvier 2024 « La maison pour tous. Une photographie sociale dans les années 80 ». Plus de 100 photographies accompagnées d’affiches, films publicitaires, livres ou magazines issus des collections du musée mettent en lumière pour la première fois le fonds photographique donné par Marc Netter en 2023. Ce fonds illustre l’utopie sociale de la ville nouvelle à travers une enquête photographique menée en 1983 dans la ville de Carros (Alpes-Maritimes).

Sabine Weiss, Jean Dieuzaide, Bernard Gille, ou encore Guy le Querrec et Jacques Windenberger, mettent en images l’utopie de la maison pour tous et questionnent le quotidien des habitants et les espaces de vie privés et publics.

#Expo_Maisonpourtous

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Du 8 novembre 2023 au 28 janvier 2024, profitez d’un tarif réduit de 9 € au lieu de 12 € au Jeu de Paume sur présentation du billet d’entrée au musée des Arts décoratifs.

Commissaire
• Sébastien QUÉQUET, attaché de conservation, collections photographiques
Assisté de Joana BRAVO


Cette exposition est proposée dans le cadre des Photo Days et de Paris Photo. Votre billet vous permet d’accéder également à l’exposition « Le Japon en couleurs. Photographies du XIXe siècle » présentée jusqu’au 28 janvier 2024 à la bibliothèque, ainsi qu’à tous les espaces du musée (collections et expositions).

Présentation
Jean Dieuzaide (1921-2003), Entrée de la Maison pour tous, rue des Oliviers, près de la mairie, Carros, avril 1983
Tirage gélatino-argentique
© Les Arts Décoratifs © Jean Dieuzaide

Penser l’habitation

En France, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les pouvoirs publics s’interrogent sur l’adéquation entre les politiques d’urbanisme et le vécu des habitants. De nouveaux projets sont lancés par l’État, les municipalités ou encore les partis politiques, qui nourrissent un débat sur la ville, le quartier et l’habitat. Le monde de la culture s’empare également de la question, dès la fin des années 1940 avec plusieurs grandes expositions qui introduisent le sujet à l’instar de l’Exposition internationale de l’habitation et de l’urbanisme. Le sujet devient même muséal en 1972, lorsque le musée des Arts décoratifs organise l’exposition « Paysages urbains ». Le projet « socio-photographie » engagé en 1983 par la société Maisons Phenix et Marc Netter s’inscrit pleinement dans ces perspectives de réflexion.

Une enquête socio photographique dans les années 1980

En avril 1983, Marc Netter, commissaire d’exposition et fondateur d’une agence de communication, invite six photographes à porter leurs regards sur la ville nouvelle de Carros. Sabine Weiss, Jean Dieuzaide, Bernard Gille, Guy le Querrec, Emil Schulthess et Jacques Winderberger dressent, au-delà d’une représentation de la ville et de son architecture, une typologie des grands moments de l’existence humaine : de l’enfance à la vieillesse, de la rue à l’intimité de la maison, du contexte politique aux relations familiales. Chacun d’entre eux s’intéresse à la fonction sociale de la photographie en suivant le quotidien des habitants. Infrastructures urbaines et architecturales sont la toile de fond de ce photoreportage qui parvient à capter le contexte social de l’époque, où affiches et tags transcrivent les inquiétudes nationales et internationales comme l’avancée du nucléaire ou les questions de laïcité. Au cœur de ces moments de vie, la Maison pour tous, association similaire aux maisons des jeunes et de la culture, est le lieu des échanges et de dialogue sur la collectivité dans la ville.

Bernard Gille (né en 1952), Garçons jouant aux pistolets, sur le terrain proche de la rue des Arbousiers, Carros, avril 1983
Tirage gélatino-argentique
© Les Arts Décoratifs © Bernard Gille

Les habitants dans l’œil des photographes

La journaliste Colette Etcheverry se rend sur place pour écouter et documenter le quotidien, les rêves, les espoirs, mais aussi les craintes et les désillusions des Carossois. Aucun des photographes présents à Carros n’étant sociologue, il est intéressant d’observer ce qui focalise leur attention et la manière dont ils choisissent leurs compositions, établissent des séries photographiques, construisent une narration, sélectionnent les moments et les sujets. Les photographes appliquent leur vision personnelle de la photographie ; Jean Dieuzaide se passionne pour l’architecture et Sabine Weiss tend à capter la vie quotidienne des foyers.

Sabine Weiss (1924-2021), Madame C., 56 ans, femme au foyer résidant dans un HLM rue du Bosquet, Carros, 21 avril 1983
Tirage gélatino-argentique
© Sabine Weiss, collections Photo Elysée

Une ambition pour la photographie

Le photoreportage fait, la même année, l’objet d’un colloque lors des Rencontres d’Arles regroupant photographes, sociologues, philosophes, architectes et personnalités politiques. Ils s’interrogent sur la nature même de la photographie et le rôle du photographe comme pourvoyeur d’images. La notion de photographie documentaire est alors au centre des débats, posant alors l’interrogation suivante : la photographie peut-elle servir d’instrument pour la sociologie, la société, le citoyen ? L’exposition replace cette enquête visuelle dans l’histoire de la photographie, donnant une importance nouvelle à ces images.

L’exposition « La maison pour tous. Une photographie sociale des années 80 » vue par Sacha Teboul

Réalisation : Sacha Teboul • Voix : Nazeha H., Sébastien D. et Michel M., habitants de Carros⁠

Biographies

Jean Dieuzaide [1921-2003]

Photographe d’architecture, de natures mortes et du quotidien, Jean Dieuzaide sillonne le sud de la France, l’Espagne et le Portugal. Il dresse un inventaire photographique des richesses médiévales dans une exposition itinérante, « L’art roman du soleil », qui fait étape au musée des Arts décoratifs en 1962. Jean Dieuzaide est membre fondateur des Rencontres internationales de la photographie à Arles en 1970. Il œuvre pour la reconnaissance artistique de la photographie, notamment à travers la galerie du Château d’eau à Toulouse, qu’il initie en 1974.

Bernard Gille [Né en 1952]

Bernard Gille est le plus jeune des photographes présents à Carros. Né au Luxembourg, il s’installe à Arles en 1982 pour perfectionner son apprentissage de la photographie d’art et devient l’assistant et le coordinateur de Lucien Clergue pour l’organisation des Rencontres d’Arles en 1983 et 1984. Arrivé plus tardivement que les autres à Carros, il a laissé moins d’épreuves dans le fonds photographique.

Guy Le Querrec [Né en 1941]

D’abord reporter photographe en Afrique, Guy Le Querrec fonde avec huit autres photographes l’agence Viva en 1972. La structure vise à produire des reportages collectifs et de fond sur la société française, en rupture avec le caractère immédiat et spectaculaire de l’actualité. Le reportage « La Famille en France » se penche ainsi sur les relations familiales dans différents milieux sociaux. Guy Le Querrec entre chez Magnum en 1976. Aux Rencontres d’Arles de 1983, parallèlement à la « sociophotographie », il présente un spectacle alliant photographies et jazz joué en live. Cette musique est un sujet qu’il a exploré durant toute sa carrière.

Sabine Weiss [1924-2021]

Sabine Weiss travaille d’abord dans la mode en tant qu’assistante de Willy Maywald puis ouvre son propre studio en 1950. Elle réalise des photographies pour Vogue, Life ou Paris Match. Dans l’Europe d’après-guerre, elle saisit les différents modes de vie des pays qu’elle visite dans le cadre de commandes pour des revues. Représentante de la photographie humaniste qui fait des gens de la rue ses sujets favoris, Sabine Weiss s’inscrit aussi dans la photographie publicitaire et le portrait, utilise des techniques photographiques variées, et réalise des épreuves en noir et blanc ou en couleurs.

Jacques Windenberger [Né en 1935]

Jacques Windenberger est d’abord rédacteur pour la presse écrite puis intègre l’agence de presse photographique Keystone. Il devient rapidement indépendant. Ses sujets de prédilection sont la vie quotidienne, l’urbanisme et le travail, qu’il documente de manière rigoureuse à travers des séries réalisées dans la durée. La photographie a un rôle social selon lui : il présente sa démarche dans le livre La photographie. Moyen d’expression et instrument de démocratie (1965). Il y énonce le concept d’« information-participation photographique » qui est une invitation à la responsabilité civique et politique par la photographie.

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