En France, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on s’interroge
sur l’adéquation entre politiques d’urbanisme et réalité du terrain. Penser
la ville, le quartier et la maison implique de penser à l’humain. Des initiatives
émergent alors pour mieux comprendre l’environnement, le vécu des
habitants et améliorer leurs conditions de vie. En 1983, Marc Netter,
commissaire d’expositions et fondateur d’une agence de communication,
invite six photographes à porter leur regard sur une ville nouvelle, Carros-le-Neuf dans les Alpes-Maritimes. Sabine Weiss, Jean Dieuzaide, Bernard
Gille, Guy le Querrec, Emil Schulthess, et Jacques Windenberger dressent,
au-delà de la représentation du site et de l’architecture, une typologie
des grands moments de l’existence humaine, de l’enfance à la vieillesse,
de la rue à l’intimité de la maison, du contexte politique aux relations
familiales. Tous s’intéressent à la possibilité d’une photographie sociale
et suivent le quotidien d’un balayeur de rues, d’une mère de famille, d’une
animatrice de vente à domicile, d’un curé, d’un écolier ou d’un jeune.
L’exposition présentera ce projet pionnier de la sociophotographie à travers 86 œuvres sélectionnées parmi les plus de 500 tirages, planches contact et documents entrés en 2023 dans les collections du musée des Arts décoratifs. Elle sera un retour sur
l’histoire et l’utopie d’une maison pour tous, du point de vue de l’espace
public et de la sphère privée.