Parmi les différents aménagements représentés dans les archives du créateur conservées au Musée des Arts Décoratifs, on découvre à la fois des grandes commandes à l’image de celle de l’aménagement du Grand Hôtel de Tours commandé à Chareau par Paul Bernheim en 1927 mais aussi un grand nombre de réalisations pour des particuliers telles que celles réalisées pour ses amis et son réseau de relations : le dramaturge Edmond Fleg (1920), Hélène Bernheim (1925) et de nombreux autres.

On perçoit à travers ces ensembles, témoignant d’une grande partie de la carrière du décorateur, l’évolution stylistique du créateur et les caractéristiques fortes de ses réalisations.

On découvre ainsi l’influence majeure des arts plastiques sur les lignes de ses créations mais aussi l’importance particulière qu’il accorde à la mobilité à travers la mise en place de systèmes permettant la transformation des meubles comme des espaces pour répondre à une multiplicité de besoins.

Les salons annuels et les expositions d’art décoratifs
Le Grand Hôtel de Tours (1926-1927)

Aménagement intérieur et mobilier par Pierre Chareau.
Commandé par Paul Bernheim.

Les particuliers
Le mobilier

Différents fonds conservés au musée nous permettent d’appréhender la création de mobilier, de luminaires et d’accessoires de Pierre Chareau. On perçoit à ses débuts l’influence formelle des créateurs Viennois, du mobilier anglais ou allemand du début du XXe siècle avec par exemple l’usage du rotin, et des recherches formelles empruntées au mouvement cubiste.

C’est avec l’apparition dans son œuvre de l’emploi de la lames de fer forgé que le créateur prend des orientations formelles inédites toujours plus poussées. Car si l’emploi du métal se développe largement chez tous les créateurs appartenant à l’avant-garde européenne, Pierre Chareau en propose une version singulière puisqu’il développe dans un premier temps non pas l’emploi du tube d’acier qu’il n’utilise que très rarement mais celui du fer forgé qu’il développe grâce à la collaboration étroite qu’il a établi avec le ferronnier Louis Dalbet (1879-1950). Avec le choix d’un matériau traditionnel utilisé pour concevoir des formes inédites, le créateur réalise une fusion de la tradition et de la modernité.

En outre, amateur de peinture d’avant-garde, le créateur, témoigne à travers ses nouvelles pièces de mobilier d’ une certaine réappropriation des principes formels développés par les acteurs du mouvement hollandais De Stijl qu’il transpose et adapte dans ses créations comme en témoigne les bureaux en bois et métal pourvus de structure aériennes faites de lames de métal associées à des plateaux en bois .

Les cheminées

Le Fonds photographique Pierre Chareau comprend différents exemples de cheminée conçues par le créateur. Chacune témoigne des évolutions stylistiques abordées par le créateur au fil de sa carrière, celui-ci passant d’une élégante rigueur évoquant les recherches des créateurs Viennois du début du vingtième siècle tels que Josef Hoffmann à des expérimentations plus avant-gardistes avec le pare feu composé de lames de métal de 1924 mais aussi au modèle de cheminée d’angle en briques.

Les luminaires

Si les premières créations de luminaires élaborées par Pierre Chareau sont majoritairement exécutées en bois à ses débuts, la rencontre avec le ferronnier Louis Dalbet à partir de 1922 va durablement transformer les possibilités offertes au créateur.

Dalbet grâce à son savoir-faire d’exception permet au créateur d’expérimenter de nouveaux types de luminaires en utilisant notamment le métal pour la confection des structures de ses luminaires qu’il associe avec des plaques ou blocs d’albâtre en guise de réflecteurs.

Ses créations de luminaires se distinguent par le caractère essentiellement sculptural de leurs lignes et l’emploi quasi systématique de l’éclairage indirect pour permettre la diffusion d’une lumière plus douce et chaleureuse.

Accessoires et serrurerie

Les recherches du créateur, concepteur d’ensembles complet à l’esthétique cohérente, l’amène à se pencher sur tous les éléments d’un aménagement comprenant à la fois : les porte plantes, des étagères murales, des miroirs mais aussi des pièces de serrureries. Une nouvelle fois sa collaboration avec le ferronnier Louis Dalbet lui permet la mise au point de différents modèles où l’emploi du métal est dominant.

On retrouve là encore le développement d’une recherche plastique poussée associée à la fonctionnalité.

La boutique de Pierre Chareau : collaborations et éditions

Pierre Chareau ouvre en 1924, un lieu de vente appelé La Boutique installé 3 rue du Cherche-Midi à Paris.

Il y exposait ses créations mais aussi celles de ses amis créateurs qu’il éditait et distribuait comme Jean Burkhalter (mobilier, objets et tapis), Hélène Henry (Textile d’ameublement) ou Jean Lurçat (papier peint).

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