Chantier école sur le fonds d’arts graphiques Jean-Luce avec les étudiants de la Mention complémentaire « Entretien des collections du patrimoine » du lycée Corvisart-Tolbiac

Le fonds Jean Luce

En préparation de la réorganisation du Département des arts graphiques, un grand chantier des collections est en cours, notamment sur le fonds Jean-Luce sous la responsabilité de Bénédicte Gady (conservatrice du département dessins, photographies et papiers peints) et Sonia Aubès (chargée d’activité au sein du département dessins, photographies et papiers peints). Le chantier s’est déroulé sur 4 jours, entre le 3 et le 7 avril 2023 avec 11 étudiants pilotés par leurs enseignantes, Nathalie Silvie et Yveline Huguet, accompagnés par l’équipe de l’atelier de restauration Arts graphiques du musée : Julie Gresser, technicienne de préservation des collections, Cécile Huguet Broquet et Valentine Dubard, conservatrice-restauratrice.

  • Fig1 : Dessins 2014.30.80.27 et 28
  • Fig2 : Portefeuille 2014.30.80.558 à 639

22 portefeuilles comportant 3411 dessins font l’objet de ce chantier. Ils contiennent des dessins de décors, majoritairement sur papier calque, et ont été réalisés entre 1920 et 1965. L’objectif du chantier est le dépoussiérage des pièces, leur conditionnement et le signalement de leur état dans un tableur, tout en respectant l’ordre défini. L’ensemble du fonds sera ensuite numérisé. Le fonds a été donné au musée par la famille de l’artiste en 2014.

Jean Luce

Jean Luce est né à Paris le 25 mai 1895. Il n’a étudié dans aucune école d’art, mais a eu sous les yeux, dès sa jeunesse, les objets en céramique que vendait son père. Bien décidé à rénover les « services de table », Jean Luce dessine modèles et formes et s’installe en 1923, rue la Boétie. Il expose pour la première fois en 1911, au musée Galliera, puis au Salon d’Automne en 1913 et participe à toutes les expositions de la Société des Artistes Décorateurs ainsi qu’aux expositions d’art décoratif organisées en France et à l’Étranger. Il est aussi professeur au Collège des Arts Appliqués de la rue du Petit Thouars. Bien qu’il n’ait jamais été fabricant il s’est initié à tous les secrets du métier et s’efforce toujours à concevoir dessins et formes (dont il modèle lui-même les éléments essentiels) répondant avec aisance aux exigences techniques. Il s’est simultanément attaqué aux problèmes de la forme et du décor harmonisant les unes et les autres avec un constant souci de pureté, de raffinement et aussi d’aimable rationalisme. Ainsi il a, peu à peu élaboré un style définitivement marqué par sa personnalité et ses goûts, style dont la primauté est, en ce domaine de la table, unanimement reconnue. Les assiettes ont été doucement évasées en galbe incurvé, soupières et légumiers dépouillés de toutes complications ornementales ont trouvé dans une logique soumission fonctionnelle une élégance de volumes et de rythmes.

Méthodologie

Les étudiants ont été répartis en deux groupes, chacun travaillant sur des portefeuilles différents afin de ne pas mélanger les dessins. Une chaîne opératoire a été mise en place :

• La saisie informatique : permet d’assurer un récolement de toutes les pièces, vérifier leur marquage, renseigner leur état de conservation et noter des données complémentaires comme la présence de blancs de plomb potentiellement toxiques.

  • Fig. 4 : Saisie informatique
  • Fig. 5 : Observation-analyse

• Le dépoussiérage : recto-verso des feuilles au pinceau en poils de chèvre, à l’éponge en caoutchouc naturel et à la PU-sponge en polyuréthane (pour les calques).

  • Fig.6 : Dépoussiérage
  • Fig. 7 : Gommage à l’éponge polyuréthane

• Le conditionnement : en boite fabriquées sur mesure en respectant l’ordre et le classement des dessins. Les portefeuilles d’origine ont été conservés et conditionnés avec les dessins. Des conditionnements intermédiaires de type intercalaires ou pochettes en papier permanent ont aussi été utilisés.

  • Fig. 9 : Conditionnement
  • Fig. 9 : Conditionnement

Bilan du chantier

13 portefeuilles sur 22 ont été traités lors du chantier, ce qui représente un total de 1317 dessins et une moyenne de 130 dessins par personne.

L’analyse des données recueillies a mis en évidence que 17% du fonds traité est en bon état de conservation tandis que 60% nécessitent une intervention minime de stabilisation.

Près de 150 dessins comportent des gouaches blanches contenant du carbonate de plomb aussi appelées blanc de plomb. Ce type de pigment s’oxyde et noircit avec le temps, et il peut devenir pulvérulent. Cette altération physico-chimique peut également se transférer sur d’autres dessins et présenter une certaine toxicité. Ces dessins ont été isolés dans des pochettes en papier permanent et polyester de type Mylar® ou Melinex®, réalisées sur mesure par les étudiants.

Fig. 10 : Blanc de plomb dans la gouache blanche

Les éléments détachés ont été conservés dans des sachets Mini-grip ou de petites pochettes en Mylar® et placés dans les boites correspondantes. Lorsque des pièces étaient assemblées à l’aide de trombone, celui-ci a été retiré et les dessins ont été rassemblés dans une pochette afin de conserver le classement d’origine.

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