Projet de reconstitution d’un écran japonais

Un long processus de conservation-restauration (2014-2019)

Écran de type tsuitate
Japon (Kyoto), ère Meiji (1868-1912), avant 1878
Bois de kaki noir, de cyprès du Japon (hinoki), alliages cuivreux, argent, or, émaux
Ht. 100 cm
Achat à la section japonaise de l’Exposition universelle de 1878
Inv. A 14
© MAD, Paris

Lors de l’année 2018, l’atelier de restauration objet a réalisé un projet de reconstitution d’un écran japonais en vue de sa présentation dans l’exposition Japon Japonismes. Objets inspirés, 1867-2018 présentée du 15 novembre 2018 au 3 mars 2019.

En 2014, un projet d’exposition sur les 150 ans de l’institution devait présenter des œuvres faisant partie des collections dont un meuble japonais acquis en 1878 lors de l’Exposition universelle à Paris.

Seule une gravure datant de 1882-83 a permis de faire le lien entre 16 plaques en métal conservées dans les réserves du musée et des fragments de bois retrouvés au Musée des Arts Décoratifs.

Éléments retrouvés lacunaires et cassés

Cet écran tsuitate inventorié sous le numéro A14, a fait l’objet d’un projet collaboratif entre la France et le Japon. Deux artisans japonais ont apporté leur aide précieuse à la compréhension d’un tel objet et à trouver une solution alliant la tradition de la construction des assemblages japonais et la réintégration des fragments subsistants, certains cassés et certains éléments de bois manquants.

Durant l’année 2016, le 2d colloque international WoodSciCraft a eu lieu à Kyoto. Ce fut l’occasion de présenter le projet de reconstitution des éléments manquants et de rencontrer d’éventuels futurs acteurs de ce projet.

Une maquette a été réalisée afin d’illustrer les différentes parties du meuble en 3D durant la présentation.

L’achat du bois a été possible grâce à la générosité des Amis du MAD car ce bois de kaki veiné est très rare et son prix était à la hauteur de sa beauté. Il fait partie de la famille des ébènes (Diospyros kaki) et il est utilisé au Japon pour réaliser des objets les plus précieux.

Monsieur Taisuke Murao, marchand de bois précieux à Kyoto rencontré en 2016, a permis l’achat de deux de ces planches, 2% de ces arbres présentent ce veinage noir si recherché.

Afin de mener ce travail de reconstitution, la Fondation franco-japonaise Sasakawa a soutenu financièrement la venue de Hiroaki Usui et Choi Ryensu en France. Ensemble durant 10 jours, ils ont permis de comprendre comment ce meuble fut construit.

Ils ont aussi expliqué comment ce si précieux bois de kaki devait être travaillé pour qu’il nous offre ses plus beaux atouts dans ce projet.

Durant le workshop au MAD, la transmission des savoirs a opéré pour appréhender les assemblages avant de les réaliser avec le bois de kaki.

Discussion avec Mme Mechtild Mertz autour de la reconstruction de l’écran

Des épreuves techniques ont jalonné les journées de réflexion avec le soutien de Mme Mechtild Mertz qui a apporté son savoir sur les bois au Japon. Mme Mertz est auteure de plusieurs ouvrages sur le travail du bois au Japon.

  • Réalisation d’un assemblage parfaitement ajusté pour venir s’adapter à une traverse originale de l’écran. Tout le travail de réintégration a été pensé pour conserver tous les éléments anciens.
  • Réalisation d’une double mortaise dans le montant gauche neuf à l’image de l’original.

Grâce aux informations collectées, la réalisation des éléments de bois manquants a pu être menée à bien pour offrir au public de cette exposition une œuvre complète, lisible et permettant la réintégration de ces 16 plaques de métal représentant des techniques d’orfèvrerie japonaise dans leur cadre d’origine.

  • Avant
  • Après
  • Avec les plaques de métal

Cette étude et cette restauration fera l’objet d’une présentation au cours du Festival d’Histoire de l’Art de Fontainebleau à plusieurs voix programmé en juin 2021.

Benoît Jenn

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